lundi 5 novembre 2012

Premiers émois vidéoludiques

L'autre nuit, je me suis prise à rêver d'une partie... d'Hotel Giant. Hotel Giant. De très passable en 2002, ce jeu est devenu mauvais avec son clone de 2008 audacieusement baptisé "2". En matière de jeux de gestion, on est ici face à une babiole parfaitement anecdotique. Mais que voulez-vous, on ne refait pas ses souvenirs.

Pourquoi la mémoire de ce jeu est-elle subitement revenue à la surface vous demanderez-vous (mais si si, vous vous le demandez, ça me permet de faire une introduction, s'il vous plaît) ? Outre le fait que mon ambition secrète (comprendre rêve de petite fille lvl 5) est d'ouvrir un hôtel à Las Vegas, il faut savoir qu'Hotel Giant a participé à mes premiers émois vidéoludiques.

Back in the days when I was 11. Le jour de Noël, j'obtiens de la part de ma grand-mère un étrange paquet, qui me laisse sceptique à l'issue de l'épreuve de la palpation. Je l'ouvre donc et découvre trois jaquettes de jeux vidéo, ce qui éveille en moi une profonde tristesse, que j'éprouve encore en y repensant : je n'ai pas d'ordinateur, ma grand-mère s'est trompée, elle a pris ça pour autre chose, je me sens atrocement mal. C'est comme ça que l'on m'a annoncé qu'on allait acheter un PC "familial" (comprendre que je prêterai occasionnellement à ma mère en surveillant de très près et avec exaspération sa vitesse de frappe), ce qui a certainement dû me réjouir mais qui restera toujours enseveli sous la douleur encore vive de ma première pensée. Non mais vraiment, quelle cruauté, on n'a pas idée !
Bref, quittons ce sujet encore sensible, et venons-en au fait. Ces trois jaquettes, qui m'avaient inspiré tant de désespoir puis tant d'enthousiasme, je m'en souviendrai toute ma vie. Il y avait celle des Chevaliers de Baphomet III : Le Manuscrit de Voynich, de Age of Empire II et, vous l'aurez sans doute deviné, d'Hotel Giant. Je vous annonce donc hautement que le tout premier jeu auquel j'ai joué à titre personnel était le troisième épisode des Chevaliers de Baphomet, dont je garde encore les souvenirs les plus délicieux. Comme cette salle, au début du jeu, dans laquelle je suis restée coincée pas moins de deux heures, avec comme fond sonore un bruit ATROCE de machine qui grésillait, bruit qui qui plus est buggait atrocement si bien que même en quittant le jeu mon ordinateur continuait à ksrksrkser et que j'étais obligée de l'éteindre pour offrir quelque répit à ma conscience endolorie. C'était une époque où je n'avais pas encore internet et où l'Alt-Tab sur jeuxvideo.com ne me libérait pas si facilement d'un concours d'auto-tamponneuses entre mes neurones. Quelquefois je regrette ce temps-là où je me cassais vraiment la tête sur les énigmes sans abandonner d'un haussement d'épaules au bout de 5 minutes de com[cu]binages d'objets infructueux. Mais putain qu'est-ce que j'en ai bavé.
Finalement, au bout d'interminables heures de ksrksrksrtage dans le plus parfait des désespoirs, j'ai poussé une caisse au hasard dans la pièce, j'ai inséré un objet lambda de forme phallique dans une cavité, et c'est comme ça que j'ai compris le principe des jeux d'aventure. Aujourd'hui encore, quand j'entends Brian Basco me dire dans Runaway 2 : The Dream of the Turtle "Je suis toujours étonné de voir ce que j'arrive à accomplir sans savoir ce que je fais", je ne peux m'empêcher d'acquiescer du plus profond de mon cœur.
Mais le pire restait encore les "scènes d'action", et en particulier une dont je garderai toujours le souvenir : Georges Stobbart, notre héros à l'accent bien trop éminemment anglais, devant fuir dans un souterrain le pistolet de Petra, une russe à l'accent non moins douteux. Une scène qui m'aurait fait m'arracher les cheveux si je n'avais pas dû enfoncer la touche "courir". En soi, rien de bien extraordinaire me direz-vous, et c'est aussi ce que j'en ai pensé, jusqu'à ce que le tunnel fasse un PUTAIN DE COUDE DE SA MERE LA GOLDEN RETRIEVER. Car ce qu'il faut savoir, c'est que les Chevaliers de Baphomet, dans leur épisode III, avaient décidé d'abandonner le point & clic classique de leurs débuts au profit d'un déplacement au clavier dans un univers en trois dimensions. Tout benef' et diantrement plus dynamique me direz-vous (oui oui, vous dites beaucoup de choses sans y consentir), et c'est aussi ce que j'en ai pensé, jusqu'à ce que le tunnel fasse un PUTAIN DE COUDE DE SA MERE LA GOLDEN RETRIEVER. Car qui dit coude dit changement de caméra, et qui dit changement de caméra dit que la droite de votre écran devient le bas de votre écran, alors que malheureusement la touche droite de votre clavier reste toujours, inévitablement, la touche droite de votre clavier (j'ai essayé, rien n'y fait). C'est comme ça que j'ai découvert comment activer les touches rémanentes sous XP. Du coup, cet abruti de Georges se prenait systématiquement la paroi en pleine gueule au tournant, avant de se prendre systématiquement la balle de Petra en pleine poitrine en se retournant. Et bien sûr, sans nous épargner le succin mais haut en couleurs accents échange de formalités pré-règlement de compte.
Ceci dit, cela ne vaut pas de jouer aux Chevaliers de Baphomet sur un ordi buggé.

En effet, j'avais voulu à l'époque faire partager ma découverte à mes meilleurs amis, qui semblaient intéressés par le jeu. Le problème, c'est que leur carte graphique semblait, elle, plus que passablement enthousiaste. Ce n'était pas un gros problème en-dehors des cinématiques, mais cela eu la faculté de rendre la scène sus-citée officiellement mythique. Représentez-vous à présent le meurtre auquel j'ai tant de fois assisté : une blondasse menaçant un anglais imberbe d'un flingue, lui lançant un tragique "adieu, Georges" ou quelque chose du genre juste avant que la balle ne parte et ne projette notre héros en arrière sous le coup de l'impact. Bien, bien, ce n'est pas tout à fait ça, mais je ne vais pas ergoter sur votre visualisation. Maintenant, je vais vous demander un petit effort supplémentaire : vous me faites la même, mais avec le son en décalé. Le coup qui part et, cinq bonnes secondes plus tard, Georges qui part en arrière.

C'est la balle la plus lente de toute l'histoire de l'Humanité.

Ou plutôt, c'est à une balle ce que le badminton est au tennis. Mais avec la même force de frappe.
Nous avons beaucoup rit, donc, sur ces images qui allaient défiler devant nous encore et encore jusqu'à ce que finalement, au bout d'interminables souffrances et relais de course touches, notre calvaire (qui fut tout de même nettement moins long que celui que je dus affronter la première fois, en individuel) prenne fin. Nous avons finalement sorti Georges de ce tunnel vivant, et tout cela pour qu'il aille se refoutre le cou dans des emmerdes pas possibles, à base de temples souterrains au milieu de la jungle où faire un pas de travers vous projetait le plafond sur la figure.
Passage d'autant plus crispant que j'ai retapé un quart d'heure de jeu (ça va, je me plains pas, hier j'ai paumé ma sauvegarde de Runaway 2, j'avais rien enregistré en 3h30) juste parce que j'avais sauté un bout de dialogue qui avait l'air important. Je veux dire... Il était là quoi, avec Nico, la jolie brune (il faut bien de la meuf) qui l'accompagnait dans ses aventures, et avec qui tu sentais cette sorte de tension, cette attirance... Il est là, sur le point de risquer sa vie, et il lui dit "Nico, je voulais que tu saches, si jamais il m'arrive quoi que ce soit..."

Un quart d'heure plus tard j'ai découvert ce qu'il avait de si important à lui dire.
Un quart d'heure plus tard j'ai admiré toute l'étendue de ses sentiments.
Un quart d'heure plus tard j'ai voulu tordre son petit cou vidéoludique.

"... je te lègue ma collection de Tintin".
Sale bâtard.
Jamais je n'ai autant détesté un personnage de jeu vidéo.

(Et oui, je sais Georges, ça te laisse sur le cul de te faire traiter de la sorte, mais c'est bien mérité !)


Dans mon souvenir, le reste du jeu s'est passé sans grande encombre, et hormis quelques énigmes résolues plus qu'aléatoirement, c'est resté l'une de mes références favorites.

Pour ce qui est de Age of Empire II, je n'aurai pas grand-chose à raconter, à part peut-être ma grande passion pour les éléphants de guerre perses et, bien entendu, le chant inoubliable des moines.


Sinon, ma grande passion consistait à construire des murs de pierre tout autour des villes ennemies, installer mes trébuchets derrière, détruire tout ce qui passait à portée, puis reconstruire des murs plus près, avancer mes trébuchets et ainsi de suite. Technique de siège très réaliste, vous en conviendrez (oupah).

Quant à Hotel Giant, il faut bien y revenir, il était sans doute très moyen mais il m'a beaucoup amusée. Je passais des heures dans la section "études de marché" qui attisaient en moi un intérêt incompréhensible étant donné l'utilité concrètement limitée de cette section. Je suivais mes clients à longueur de journée et m'acharnait à créer spas et salles de réunion parfaitement symétriques, une manie qui d'ailleurs ne m'a jamais quittée dans aucun jeu de gestion. Je vis comme un échec personnel le fait que mes sims n'aient pas deux chambres aux dimensions identiques et je refuse d'offrir à mes 37 gazelles de Zoo Tycoon plus de place qu'à mes 2 koalas.

Puis, petit à petit, mes aventures vidéoludiques se sont diversifiées, et je ne saurais avoir de souvenirs précis dans la profusion qui suivit. Hormis, peut-être, quand j'ai remis le couvert avec les Chevaliers de Baphomet IV : Les Gardiens du Temple de Salomon. Et non, malgré les excellentes émotions que m'ont procurées les pérégrinations de Georges et Nico dans le précédent opus, je n'ai pas fini ce jeu, et ce pour une raison simple : faute d'ordinateur pour le faire tourner.
C'est drôle deux minutes de voir des mâchoires et des yeux s'agiter dans le vide pendant les cinématiques, mais ça l'est nettement moins quand il s'agit de traverser des scènes en temps limité alors qu'on a un décalage de plusieurs secondes entre les commandes au clavier et l'image à l'écran. Alors quoi ? J'ai fini par me lancer dans les Runaway. Beaucoup plus légers pour ma lopette d'ordi, très agréables, beaucoup d'humour et de références bien trouvées. Chaque personnage est un stéréotype ravissant, notre héros n'est pas toujours très malin, et l'auto-dérision fait loi. Mais quoi..!
Pour moi il leur manquera toujours d'être les Chevaliers de Baphomet.

Les souvenirs ont ce pouvoir-là d'écraser même la raison.
J'aimerai toujours Hotel Giant.

jeudi 1 novembre 2012

Le 31 octobre est un jour comme un autre

[WARNING : peut contenir des traces de lassitude ou de condescendance]

Il y a quelque chose de triste à Halloween quand on n'y participe pas. Un sentiment de vide et d'étrangeté qui s'oriente principalement autour de trois axes (et oui, je viens de khâgne, on ne se refait pas) :

I - Non à l'immigration des potirons !
Le français moyen semble avoir pressenti, sans véritablement l'avoir intégré, qu'Halloween est une tradition celtique qui n'a pas vraiment sa place parmi nous, fiers français, fervents défenseurs de la choucroute garnie et de la blanquette de veau (William Saurin sinon rien !) Personnellement, je ne comprends pas ce manque d'enthousiasme vis-à-vis d'un prétexte quelconque pour s'habiller de manière absurde, mais admettons. Le français n'est pas près à laisser ses petites habitudes bousculées par une horde de zombies, vampires et autres sorcières slutifiées. Ce serait sans doute, se dit Monsieur Durant, reconnaître aux anglais une forme de colonialisme culturel qui ne serait pas pour déplaire à la Couronne autrefois si avide de nouvelles terres où cultiver la Rose (sacré Monsieur Durant, je parie qu'il vote FN !) Et il n'aurait pas tort, on se rappelle bien sûr que les anglais on laissé un million d'irlandais crever de faim à leurs portes pendant l'épidémie de mildiou qui a frappé les cultures de pommes de terre entre 1845 et 1849, et cela alors même qu'ils avaient les plus grandes réserves alimentaires d'Europe (n'est-ce pas KGB, salopard ?) ! C'est sûr, je ne voudrais pas dépendre des potirons anglais pour mon repas de midi.
Résultat, l'attitude du français vis-à-vis d'Halloween est un peu mi-figue mi-citrouille. Il manifeste un vague enthousiasme à la vue de l'infirmière zombie et se mate Vendredi 13 pour la cinquième année consécutive. Dans les boutiques, l'échec commercial est total : on a sorti les décorations de Noël il y a deux semaines, comme un ultime pied de nez aux toiles d'araignées et jack'o lanternes qui à ornaient les vitrines de mon enfance à cette période de l'année (oui, j'ai eu la chance de grandir durant ces quelques années ou une bande de hipsters a voulu lancer la mode dans l'Hexagone, preuve que les hipsters peuvent se planter en beauté). Et je vous l'annonce en avant-première : les décorations de Noël sont (encore) moches cette année.
Bref, à Halloween, en France, la rue et les costumes n'appartiennent plus qu'à deux catégories de personnes. D'abord, les poignées de mères-de-familles-tarte-aux-pommes-représentantes-de-parents-d'élèves qui de ci, de là accompagnent des groupes d'enfants faire la tournée de Chuck Norris sait quelles maisons pour récupérer des bonbons (non mais sérieusement, quand t'habites en centre-ville, tu sonnes à quoi, aux interphones ?). L'avantage, c'est que comme la plupart des gamins sont moches (ci-contre un parfait exemple de mon grand amour passionné éperdu overwhelming enflammé des enfants), ils n'ont pas besoin de réussir leur costume pour faire peur (mais je reviendrai sur ce point un peu plus tard dans mon argumentation, un peu de patience tout de même !). Et puis bien sûr, la deuxième catégorie de gens déguisés : les jeunes, autour d'une vingtaine d'années, qui voient là une occasion idéale d'aller s'acheter deux bouteilles de rosé bon marché à Monoprix juste avant la fermeture avant de payer 15 euros pour entrer dans une boîte surchauffée.

Ce qui m'amène à mon deuxième point (wesh wesh tavu la transition de leufo !).

II -  Je crois que tu t'es tachée avec ton ketchup
Quand tu vis dans une ville étudiante telle que, au hasard, Montpellier, Halloween appartient donc majoritairement aux post-adolescents qui ont pour ambition suprême de faire exactement la même chose qu'à chaque soirée, mais en refaisant leur maquillage tous les quarts d'heure (ce qui, pour les filles, n'entraîne absolument aucun changement). Et pour quel résultat ! En vérité, le jeune lambda ne pense pas "costume" d'Halloween, mais plutôt "dress code" d'Halloween, histoire d'avoir un tarif réduit dans la boîte qui va de toute façon sucer sa CB jusqu'à la puce (allez avoue, le mot "sucer" t'a sauté aux yeux, petit pervers !). Ou alors, phénomène qui n'apparaît qu'au sein de la gente féminine, elle s'est éprise d'une véritable bonne volonté (je sais que ça veut rien dire, et je vous encrottine, moi maintenant je suis fatiguée à 1h) et, portée par une vague d'inspiration tout droit venue des Etats-Unis, elle a caressé l'espoir miroitant mais inaccessible d'être bonne dans un costume. Pardon, ma fourche a langué comme dirait la Cigale : l'espoir miroitant mais inaccessible d'être slutty dans un costume. Entendons-nous bien, je ne dis pas qu'il est impossible d'être slutty dans un costume d'Halloween, bien au contraire ; simplement, cela n'est pas donné à tout le monde. Particulièrement pas à la meuf déguisée en Black Swan dont les mollets faisaient la taille de mes cuisses (ce qui n'est pas peu dire).

 
Et puis il y a la deuxième, et plus répandue, catégorie de costume chez les jeunes, celle que j'ai mentionnée un peu plus haut, le "dress-code" Halloween, histoire de montrer que tu participes, un peu comme quand tu te ramènes à la Saint-Patrick avec une écharpe verte. Cette catégorie s'étend du zombie d'un vert douteux qui a oublié d'appliquer son maquillage dans le cou (à moins qu'il ne s'agisse d'un costume de pub pour produit de beauté ratée, j'aurais dû demander !) à la fille qui, habillée parfaitement normalement, s'est contentée de dessiner un filet de sang au coin de ses lèvres. Un peu dans le genre des nanas qui se ramènent au Zombie Day du faux sang plein la bouche, mais avec mascara et fard à paupière s'il vous plaît, parce que faut pas déconner quand même. Être morte d'accord, mais morte bien maquillée !


Toujours est-il que ça donne plus l'effet "j'étais à la bourre pour aller en cours et je me suis cassé la gueule dans l'escalier" qu'autre chose. Ca sent à plein nez la fille qui avait pas de costume et qui s'est laissée convaincre au dernier moment parce que "allez, c'est cool, tu verras, tu t'en fous d'avoir l'air con c'est Halloween quoi !" Phrase qui justifie de s'habiller avec des accessoires hétéroclites en essayant de faire passer ça pour un costume. Phrase qui justifie de faire peur aux passants avant d'éclater d'un rire tonitruant cochonesque. Phrase qui justifie, enfin, de pouvoir porter une perruque orange vif et des cornes de diable clignotantes sans sentir poindre en soi le plus vif des ridicules.
Oui mais t'as quand même l'air con.

Ce qui m'amène à mon troisième point.

III - Eh, mam'zelle, t'as fait tomber quelque chose... ton prénom ta dignité
Vous l'avez deviné, ce titre est inspiré d'une vrai pick-up line de merde à laquelle j'ai eu droit dans mes jours encore bien innocents de lycéenne, mais quand même pas innocents au point de ne pas avoir mal pour ce mec. Mais nous nous éloignons du sujet.
Halloween, comme je l'ai dit, est le domaine des étudiants en quête de rosé pamplemousse et d'invasions zombies, ce qui est certainement très cool quand t'as deux grammes dans le sang et deux grammes de sang sur le visage, mais qui devient rapidement pathétique dans tout autre contexte.
Parce que moi, mon 31 octobre, c'est un jour comme les autres.

Je ne dis pas que je n'aime pas Halloween, encore moins que je ne l'ai jamais fêté. J'ai, comme tout le monde, eu une enfance, et j'ai même eu des amis de lycée, la grande classe quoi ! En prépa, encore, on se déguisait le jour d'Halloween, histoire de faire honneur à notre caractère sectaire et à nos traditions plus ou moins grivoises (de mon cul c'est du poulet). Le matin, à 8 heures, les sorcières, vampires et autres joyeusetés venaient tranquillement sortir leurs affaires et attendre le professeur de latin. Je me souviens que j'avais un oral de français ce jour-là.
Seulement, aujourd'hui, les choses ont changé. D'une part, je suis à la fac, et d'autre part, surtout, je ne suis plus d'humeur à faire la fête avec n'importe qui et sous n'importe quel prétexte. Je sais pourtant que c'est cool, je garde les meilleurs souvenirs des soirées les plus improbables et les plus improvisées, comme cette fois où en sortant d'une conférence d'arachnologie (ce qui est déjà assez improbable et improvisé en soi, vous en conviendrez) j'ai suivi des politech's dans la rue et me suis retrouvée à 5 heures du matin en train de rentrer à pieds de la Villa Rouge veille matin de DS d'anglais spé (j'ai retrouvé mon lit à 5h et demi et j'ai eu 5 et demi, je ne cesse de me dire que j'aurais dû rentrer plus tard). Mais je suis fatiguée de tout cela. Je retrouve ce recul qu'on les gens qui n'aiment pas abuser de l'alcool, et qui regardent avec une sorte de condescendance la jeunesse se vautrer autour d'eux dans la fange son propre vomis.

Alors, maintenant, imaginez.

Imaginez que vous rentrez paisiblement chez vous, un jour normal, mettons une soirée de décembre, et que vous voyez dans la rue une fille avec une perruque verte et une fourche en plastique rouge, rire comme une truie et pousser de petits cris aigus.
Surprise.
Consternation.
Pitié.
Voilà à peu près la succession d'émotions qui s'emparait de moi à chaque coin de rue.
Je souris, bien sûr, en voyant un pingouin interpeler les gens, mais ça s'arrête là. Le reste du temps, je me sens incroyablement mal à l'aise alors que la condescendance bat son plein dans mon petit cœur narcissique. D'un autre côté, je dois confesser que j'aimerais pouvoir interagir avec ces individus suspects, entrer dans le jeu, mais sans déguisement, c'est peine perdue ; on ne se souviendra jamais de toi comme du "pirate avec le faux perroquet" ou de la "sorcière à la perruque blanche", mais tu resteras pour toujours un passant parmi tant d'autres sur qui on a crié.
Quelqu'un qui était là, qui faisait sa vie, et qui l'a reprise aussitôt après.
Alors voilà, moi, ce soir, je suis sortie de cours à 19h45, j'ai mangé un kebab [notez que le kebab est sur cette Terre l'incarnation même du regret : tu te jettes dessus comme si c'était ton dernier repas, jusqu'à l'ultime morceau de viande douteuse tombé par terre et, une heure plus tard, tu as l'impression d'avoir l'œsophage intégralement repeint à l'huile de friture], je suis allée au cinéma avec la Cigale, voir Paperboy (en VOSTFR parce qu'on est trop des déesses), et c'était très bien. La Cigale m'a broyé la main pendant toute la scène finale et Zac Efron a beaucoup mieux réussi sa reconversion post-navet-prépubère que Robert Pattinson. Tu veux un film (pseudo-)intello trash avec du sexe glauque et de la méchante-violence-vilaine-pas-belle-qui-répond-à-sa-maman ? Plutôt que d'aller voir Robert se faire examiner la prostate en discutant sexe avec une femme en sueur dans Cosmopolis, va voir Zac tomber amoureux de Nicole Kidman qui fait une fellation à distance au milieu d'un parloir. Et puis en plus, la longueur des faux-cils de Nicole Kidman vaut de loin tout le scénario de Cosmopolis. Et c'est sans parler de la garde-robe !

(Ci-dessus un jaune poussin magique et une chemise qui n'a rien à envier à Carlos... et un boxer)

Tout ça pour dire que quand tu sors de là, les déguisements les plus affolants ne peuvent que te paraitre ternes.

Alors quoi ? Je deviendrais vieille et encroûtée ? Pantouflarde, casanière ? Non, non, je suis bien rassurée de voir que personne dans mon entourage proche n'a fêté Halloween cette année... PEUT-ÊTRE PARCE QU'ILS PARTENT EN VACANCES, CES ENFLURES DE PREMIER ORDRE ! Aheum, bref. J'ai tout de même été définitivement rassérénée par Eween-la-Blonde-aux-Mains-Blanches qui m'a lancé avant la fin des cours "moi, je vais faire une lan à trois ce soir", ce qui a achevé de me convaincre que le 31 octobre est vraiment un jour comme un autre.

lundi 10 septembre 2012

How I met KGB (S01E01)

Aujourd'hui est un grand jour ! Aujourd'hui, j'emménage ! J'emménage, mais pas seulement. Ou plutôt, pas seule: oui oui, j'ai un colocataire. Un colocataire, mais pas seulement... Je ne suis pas seule: aujourd'hui, officiellement, j'emménage avec KGB. Je dis bien officiellement, hein, parce qu'officieusement ça fait déjà dans les six mois qu'on vit ensemble. On partageait déjà des draps, des étagères, une vaisselle sale... La différence, c'est que ce ne sera plus dans mon lit, mon placard, mon évier, mais dans notre lit et bref vous avez saisit. Donc, on emménage, et à cette occasion il me semble adéquat de vous raconter comment-qu'on-s'est-rencontré-et-qu'on-ne-s'est-plus-quitté-ensuite (et-comment-que-ça-fait-bizarre-d'accorder-on-au-singulier-quand-on-parle-de-plusieurs-personnes-qui-elles-mêmes-sont-plusieurs-dans-leur-tête).
Enfin bon, là je fais un petit raccourci, parce que pour être exacte le jour où on s'est rencontré, je ne l'ai absolument, mais absolument pas calculé. Bon d'accord, il y a un absolument de trop, je lui ai quand même filé mon numéro quoi. Mais c'était que parce qu'il devait me rappeler pour un jeu de rôle, il a touché mon côté geek, vous comprenez ? Voilà, c'était bien innocent, ça n'allait pas plus loin. Bon, OK, j'ai mis un cœur à mon nom dans son répertoire. Mais je vous assure, c'était sans arrière-pensée consciente, juste mon côté attention whore qui se jetait sur une cible au hasard en s'en contrebalançant royalement par derrière. Enfin, à ce moment-là de l'histoire quoi. On va venir à la suite.
Cependant, avant toute chose, et afin de garantir l'anonymat des candidats, il fallait lui attribuer un nom de code ! Je ne le connaissais alors pas assez pour pouvoir le saluer du surnom de KGB. Je le baptisai donc K, ce qui laisse beaucoup de place à l'imagination concernant son prénom, vous en conviendrez. Le mystérieux K donc, ne m'a pas laissé une grande impression lors de notre première rencontre. A vrai dire, il vaut mieux pour lui, étant donné ce qu'il m'en a été rappelé par la suite - son gage de séduction était pour le moins déroutant, je n'arrive même pas à croire que je sois le genre de fille à trouver ça drôle (et pourtant, hein... enfin bref, voilà quoi... non n'insistez pas !) Anyway, K, en un mot, était transparent, ce qui est plutôt drôle si on considère que la première fois que je l'ai vu, c'était masqué - c'est une longue histoire, dans laquelle j'avais entraîné beaucoup de personnages qui plus est. A ce point de la narration, il n'était donc qu'un Guy Fawkes comme un autre à mes yeux, avec la moustache et le sourire narquois que je portais moi-même à merveille.
En revanche - c'est le moment où j'introduis un peu de piment dans l'histoire - il y avait un autre Guy qui m'intéressait un peu plus autour de la table où nous sirotions des bières - entre Guy, donc, essayez de contextualiser. Autour des mousses crémeuses et des masques délaissés, parmi les rires et les inquiétudes qui se manifestaient quant aux enjeux du monde moderne, ouais, en gros, j'ai pas calculé K parce que j'étais focus sur R. J'étais focus sur R mais genre verrouillée, et ce pour absolument no raison, mais que voulez-vous, ça ne s'explique pas.
En fait, c'était un peu plus compliqué que ça (c'est là où vous pouvez commencer à prendre des notes). Parce qu'en fait, moi, j'étais pas tellement-tellement dispo. Parce qu'en fait, je l'étais carrément pas. Parce qu'en fait, j'étais avec V depuis super longtemps, et super longtemps c'est relatif, mais je peux vous dire que pour moi ça faisait super longtemps. Seulement, depuis pas très longtemps, ça se passait mal, et ce pour absolument no raison, mais que voulez-vous, ça ne s'explique pas. En fait si, ça s'expliquait un peu quand même, et ça, c'était à cause de/grâce à (rayez la mention la moins hypocrite) G. G, il était juste là pour rester planté devant moi et me dire "ça, ça va pas dans ta relation; ça, ça va pas non plus avec V; eh, au fait, je suis là !". Bon, ça a l'air un peu méchant dit comme ça, mais je me débattais bien toutefois. J'avais franchi la ligne que je m'étais tracée - et qui, avouons-le, dessinait déjà de beaux contours là où ça m'arrangeait - m'en étais voulue, avais décidé de retirer G de l'équation. Résolution que j'ai dû tenir une semaine.
Du coup, ça devient encore plus compliqué parce qu'après l'histoire des bières qui moussaient un peu trop - surtout la Duvel, K(GB) peut en dire quelque chose - nous nous sommes réunis en comité réduit et nous avons pris la résolution d'aller acheter d'autres bières & Cie pour se bourrer la gueule chez G avec K, R, et des amis à moi. Donc, si vous comptez bien, K, R et G, ça fait trois fois un bordel pas possible, et aussi trois consonnes du mot Kronenbourg - et après vérification Cronenberg s'écrit bien avec un C, ce qui m'évite d'avoir à expliquer pourquoi mes instincts de poivrote passent avant mes réflexes de cinéphile.
Et maintenant que je me suis affranchie de cette remarque parfaitement inutile, je peux ajouter un autre élément à l'histoire sans risque de ruiner ce splendide jeu de lettres qui mérite vos applaudissements les plus enthousiastes et/ou les plus chaleureux (je n'arrivais pas à me décider). Parce qu'il y avait aussi un J dans l'histoire, mais je ne l'ai pas mentionné parce que il ne rentrait pas dans Kronenbourg. En fait, c'était sur lui que j'avais décidé de jeter mon dévolu, juste avant ça, parce que J, lui, il me plaisait depuis notre toute première rencontre, chose à laquelle je m'étais toujours interdit de penser du fait de ma relation avec V mais qui à ce moment-là me revenait en pleine figure avec la force d'un coup droit de Nadal. Et en fait, à part ça, il n'intervient pas dans l'histoire. C'est la véritable raison pour laquelle je ne l'avais pas mentionné plus tôt: je le fais juste apparaître pour vous mélanger encore plus en délayant mon discours. Muhahahahahaha ! SHBAM. Pardon pitié pitié non je suis désolée.

Hum, revenons à la soirée de tout à l'heure - celle chez G, avec K et R, la soirée Kronenbourg quoi. On a donc bu de la bière (même pas de la Kronenbourg, en même temps c'est dégueulasse) et d'autres trucs de la compagnie qui n'ont pas laissé une grande marque dans mon esprit, mais une plus nette dans mon estomac: égale à moi-même, je m'étais baignée dans une fontaine en plein mois de janvier, j'avais chopé froid, je m'étais pas soignée, mon corps avait fait grève et je devais avaler sept médicaments différents pour éviter la combustion spontanée. Chose dont j'ai plus ou moins oublié de tenir compte on va dire.
Mais tout ça, de toute façon, c'est la faute à R ! Parce que môsieur buvait du whisky pur, et du coup, bien naturellement, je ne voulais pas passer pour une petite joueuse. Je ne pouvais pas laisser aux mâles la prétention absurde d'être les seigneurs de la boisson. Je devais apprendre plus tard que R buvait lui-même ce whisky pur pour ne pas passer pour un petit joueur devant moi. Fucking égo de hipster.
Bref, il y a eu un moment peu alléchant où G m'a léché le cou, et avant ça un moment où, terrassée par la faim alléchée, j'ai vidé l'intégralité comestible de son frigo et de son placard - comestible, ce qui exclu les œufs réfugiés là depuis un mois mais pas le paquet de knakies que j'ai mangé froid, et oh mon Dieu j'en ai encore des frissons (oui, je sais, je suis une chochotte). Entre les deux, pas grand-chose. Seulement un vague qui a dû contribuer à abreuver le lac de lave Minecraftien qu'était devenu mon ventre le lendemain, ainsi qu'à peaufiner ma réputation faussement sulfureuse.
Et voilà. Ca s'arrête là. K nous quitte en fin de soirée - comprendre début de matinée - en m'ayant laissé Charlie the Unicorn pour seul souvenir, et le lendemain - comprendre fin de matinée - R s'en va à son tour, me laissant seule chez G. D'ailleurs, je reste toute la journée clouée sur son canapé par des brasiers d'estomac en maudissant pour une fois ma formidable faculté à ne pas vomir l'alcool que j'ingurgite.
Derrière ça, bien sûr, je reçois un message de K - avec un jour de retard, sinon ça serait pas drôle. Un message groupé qui s'était perdu en chemin, donc, auquel je réponds, en personne civilisée que je suis. Du coup, en personne civilisée qu'il est, K me répond à son tour, et tente une blague. Je souris, honnêtement amusée, mais en me moquant silencieusement de lui. "Il essaie de faire de l'humour", que je me dis. Bref, je devine un intérêt pour moi, et je m'en flatte en bonne fille modeste que je suis. Là-dessus, je donne une suite de politesse, verrouille mon téléphone, et conclut "il n'a aucune chance avec moi". (Je suis une grande voyante voyez-vous, j'envisage d'ouvrir un cabinet prochainement, "Madame Shania et sa boule de verre fumé cristal", ça sonne bien.)

La suite au prochain épisode.


PS : Au fait, juste pour info, bien que je publie cet article début septembre, j'ai achevé de le rédiger le 28 juin à 4h30 du matin. Niark niark niark chronologie tu ne peux rien contre ça !
PPS : Eh, en fait, KGB mélangé, ça fait aussi trois lettres de Kronenbourg !
PPPS : (Aucun rapport avec les individus sus-cités mais) vous aviez remarqué que si on retournait le "M" de Howard, ça faisait Homard ?

[Note de l'éditeur : il est intéressant de noter que cette publication intervient six mois jour pour jour après ce qui deviendra l'épisode 2 de cette saga et qui marquera le véritable début de l'aventure KGBienne.]
[Note du rééditeur : il est aussi intéressant de noter que grâce à ma formidable faculté à oublier d'appuyer sur le bouton "publier" avant de partir emménager dans un appartement où il n'y a pas encore de connexion, je publie en fait cet article encore un jour plus tard. Mais bon, on a qu'à dire que c'est pour célébrer les six mois de mon premier baiser avec KGB, puisque bon, c'était déjà assez tard pour être le lendemain. De toute façon nous y reviendrons une autre fois - ou pas.]

dimanche 26 août 2012

De l'art de poutrer son horloge biologique

Hier soir, j'ai testé pour vous (ça fait très vendeur hein ?) le challenge de 10 000 Words a Night. Ce forum, moyennant rien du tout, vous offre, une fois par semaine, un défi d'écriture hautement stimulant. L'objectif : écrire jusqu'à 10 000 mots du texte de votre choix, entre 21h et 4h du matin. Et, croyez-le ou non, même pour quelqu'un d'aussi logorrhéique que moi, 10 000 mots, c'est énorme (entre le triple et le quintuple d'un article de ce blog, alors je vous défends de vous plaindre en molettant mes billets, espèces de femmelettes !)


En somme, c'est une très bonne expérience, mais qui a un prix. L'ennui en effet, c'est qu'il faut tout de même trouver un week-end à sacrifier, parce que bon, déjà votre samedi soir vous le passez chez vous à faire le gros asocial et à répondre sèchement aux gens qui ont le malheur de venir vous suggérer une vidéo de chat ou de pingouin qu'on chatouille, mais surtout, toute une nuit à écrire, c'est éprouvant, et quand à quatre heures du matin vous finissez par aller vous coucher, la tête comme un melon, à n'en plus savoir parler français, vous savez que votre dimanche va être lui aussi sérieusement entamé. Genre si aujourd'hui KGB n'avait pas sorti la carte chance "pâtes à la carbonara", je serais encore en train d'agoniser sur la case "ta gueule et laisse-moi dormir".

 
Par chance, j'ai eu l'opportunité d'affronter ma première Nuit de l'Ecriture dans un environnement hautement propice au dépassent de soi chronométré, puisque je passe ce week-end coincée entre KGB, Wilbefast et Flower Power (un pauvre garçon qui n'a pas su contester son pseudo à temps) qui font leur Ludum Dare. Ludum Dare, c'est un peu l'équivalent geek des Nuits de l'Ecriture, sauf qu'au lieu d'être quatre fois par mois, c'est tous les quatre mois, et qu'au lieu de durer 7 heures, ça en dure 48. 48 heures pour programmer un jeu sur un thème donné, et vu ce que le thème de cette session a inspiré à l'un de mes compatriotes, je suspecte l'exposition prolongée à Ludum Dare de provoquer de graves lésions cérébrales et/ou des séquelles psychologiques irréversible et/ou une sociopathie avancée (rayez la mention inutile). Mais nous y viendrons plus tard, car les informaticiens ont aussi de belles leçons à nous donner en matière de poutrage d'horloge biologique.

En ce qui me concerne, j'ai choisi pour 10 000 Words a Night de reprendre mon roman Dust and Fire, mélange de fantastique et de post-apocalyptique qui ne m'inspirait plus rien depuis un bon moment. Et pourtant, cette lande stérile a révélé hier des ressources insoupçonnées. Effectivement, obsédée par le compteur de mots qui fait l'objet d'un checkpoint toutes les demi-heures, je n'étais pas tellement en position de réfléchir. Ca donnait plutôt du : "Des moooots ! DES MOTS PUTAIN IL ME FAUT TROUVER DES MOTS, viiiiiite ! N'importe quoi, n'importe quoi, mais que ça écrive, merde !" C'est comme ça que j'ai pu profiter de ma panne scénaristique pour rajouter deux nouveaux personnages à la louche complète, improviser de tout nouveaux concepts et sortir un flashback de ma manche l'air de rien... Tout ça pour 4211 mots. 10 pages, et même pas la moitié de l'objectif final, y'a de quoi être déprimé. Bon, j'avoue que côté concentration, c'était moyen-moyen, et la chatbox du forum n'y était pas pour rien. Il est donc légèrement difficile de se concentrer sur la genèse de la fin du monde tout en discutant yaoi et yuri à coups d'émotes-fouets. Ceci dit, je pense que je n'aurais pas pu, dans le meilleur des cas, compter sur plus de 1000 mots de l'heure, rapport au fait que le moindre article de ce blog me prend au moins trois heures (vous voyez maintenant combien je donne de ma personne pour que vous puissiez critiquer le pavétisme aigu de mes articles !)
Et autant écrire des pavés j'aime ça (j'appelle à la barre n'importe laquelle de mes présentations sur n'importe quel forum à n'importe quelle époque de ma vie), autant 7 heures plus tard je suis officiellement vidée de toute vigueur intellectuelle. Je n'en veux pour preuve que Kim, qui, les "oreilles plaquées sur les mains", avance dans une forêt "dense, beaucoup moins ne l'avait suspecté". Et comme si mon incapacité à parler ma langue maternelle ne suffisait pas, il fallait que derrière moi KGB et Wilbefast commentent leurs avancées en programmation dans la leur. Et s'il y a une chose pire que deux personnes qui communiquent dans une langue que l'on ne comprend pas, ce sont deux personnes qui communiquent dans une langue que l'on comprend alors qu'on essaye désespérément de se concentrer sur un texte d'une autre langue, damned anglophones !

Mais le pire était à venir [musique dramatique, trompettes, tambours et tout le toutim, mais pas trop quand même parce que j'ai pas trop de budget].
Le pire, ç'a été quand j'ai compris quel était le trait de génie de Wilbefast. Car, mesdames messieurs, le thème de cette 24ième édition de Ludum Dare est "Evolution", et dans un élan de darwinisme inspiré, Wilbefast nous a conçu une fable eugéniste dans laquelle il faut massacrer des bébés chats pour ne sélectionner que les spécimens les plus génétiquement viables et obtenir une super-mutation résistante à tout. Parce qu'attention, on ne peut pas découper les chatons à la tronçonneuse, non non, ce serait trop simple. On a le choix entre leur mettre le feu, les congeler à l'azote liquide ou les asphyxier avec du gaz. Au-secours-venez-m'aider, je crois que je ne quitterai jamais cette maison vivante.
Cependant, ça ne s'arrête pas là, non non. Les chats au début du jeu, n'ayant aucune résistance particulière, sont blancs. Toutefois, en fonction des résistances qu'ils développent, ils deviennent plus ou moins rouges (feu), bleus (azote liquide) ou verts (gaz), l'objectif étant donc d'obtenir un chat noir à toute épreuve. C'est à ce moment-là que KGB souligne que l'addition de toutes les couleurs donne du blanc, et non du noir, et qu'en conséquence il faudrait inverser la chromaticité des chats, ce qui reviendrait à devoir exterminer les noirs jusqu'à obtenir un chat blanc. Merci KGB, ou comment rendre un jeu néo-nazi en trois secondes.
N'empêche, du plus profond de mon cœur j'espère que c'est le manque de sommeil qui fait naître de telles idées dans le crâne de Wilbefast. Immoler des chatons, quelle horrible personne !
Flower Power, de son côté, n'a pas été transcendé de la même manière par la thématique de l'évolution. Il a en revanche longuement médité devant Box Car 2D, apparemment vivement absorbé par l'idéal de mutation génétique des voitures. Il demeurait ainsi, devant son écran, le regard vide impénétrable, et Nvidia seul sait ce qu'il se passait dans les remous de ce crâne vide tourmenté.

Quant à moi (ahahaha, je procède à l'alternance des héros dans cette histoire, tavu²), je me recueillais sur le Mémorial de Blaise Pascal, dans un incompréhensible élan théologique dont font déjà preuve les références de mon précédent article. Puis, tout naturellement, portée par mes récits de dévastation de la Terre, exaltée par les ravages que je déchaînais sur mon humanité, j'ai senti mon crâne résonner d'un pompeux "Now, I am become Death, the destroyer of worlds" qui faisait bouillir mon cœur sous l'ivresse du sadisme et de la toute-puissance, muhahahahahahha ! Ou alors, c'est parce que je me suis remise à jouer à Braid (les initiés comprendrons).

[Nous interrompons la rédaction de ce programme, chose dont vous ne vous seriez immanquablement pas aperçus, pour prendre une douche et jouer à League of Legends. Nous reviendrons après cette courte page de publicité.]

 

Rebonjour, rebonsoir. Merci de nous retrouver après ces quelques heures instants de suspension du programme. Durant la première partie de notre émission, vous avez donc été introduits à deux nouveaux personnages, Wilbefast-le-gros-sadique-violeur-de-bébés-phoques-qui-taffe-avec-le-diable-et-massacre-des-petits-chatons-mignons-tout-plein-ronron-miaou et Flower Power, le type au regard d'autoroute qui n'a pas trouvé la force de se débattre contre le pseudo tout mignon tout plein cœur cœur smiley cœur que lui a attribué KGB. Et pendant que les mâles sont allés chercher de la pizza, on m'a laissée là à jouer à League of Legends, en alternant Defensive Ball Curl et Lunar Rush dans la plus parfaite féminité. Et bien sûr, entre les parties, je ricanais encore en me prenant pour Oppenheimer.
Pourtant, je ne suis pas revenue sur mon texte de destruction du monde. Pour tout avouer, j'ai peur. Peur de ce que j'ai pu mindlessly débiter pendant mon rush de mots. Peur de me sentir comme les scénaristes de Fringe dans la saison 3, dont j'ai toujours eu l'impression qu'ils ont écrit un flingue sur la tempe, genre il leur fallait absolument trouver quelque chose vite vite dis un truc n'importe quoi sinon ta sœur va y passer. [ATTENTION SPOILER DE LA MORT QUI TUE LES CHATONS COMME WILBEFAST] euuuh ouais... alors euuuh... ils vont aller dans la tête d'Olivia et là euuuuh... bah eeeuh... tout sera en dessin animé et NON NON PITIE ME TUE PAS ils vont se faire attaquer par des zombies, sisi c'est cool les zombies pitié et puis après euh... euh.. ouais ben ils vont s'enfuir en zeppelin... ben parce que, y'avait un zeppelin sur le toit, je sais pas moi, merde ! [FIN DU SPOILER DE LA MORT QUI TUE LES CHATONS COMME WILBEFAST] En fin de compte, mon texte ne peut pas être aussi terrible que ça... mais ce n'est pas une raison pour prendre des risques inconsidérés en ouvrant le fichier, j'voudrais pas qu'il m'explose à la gueule moi !

Je me retourne donc pour voir comment mes amis programmeurs se débrouillent de leur côté. Et c'est là que je me rends compte que programmeur, c'est un bien grand mot. Flower Power joue à League of Legends, KGB, dans le souci de tester la base rythmique de son jeu, enfonce une touche toutes les secondes comme un attardé mental et Wilbefast, en dépit de sa cruauté sans limites, est le seul à avoir l'air un tant soit peu sérieux, entre ses séances de massacre de chats. Et bien sûr, le temps que j'écrive ces lignes, KGB s'est levé, s'est jeté sur moi, m'a écrasée de tout son poids, s'est exclamé "il faut que je fasse des bulles ! des bulles !" et est retourné s'asseoir. Tout est parfaitement normal.
A part ça, de temps en temps, ils prononcent un mot que je comprends, du style "fps" ou "polygone", et je me sens intelligente. Et puis de temps en temps aussi, pour châtier comme il se doit le manque de sérieux déplorable de Flower Power, je m'amuse à seeder comme une malade exercer une quelconque activité légale bandepassantophage, juste histoire de planter son fps à League of Legends. Muhahahahaha ! Now I am become Death, the destroyer of ratios ! Hélas, il a trouvé un autre jeu vers lequel se tourner. Je suis désespérée, j'ai tout essayé, je n'arrive pas à faire rentrer ce gosse dans le droit chemin ; et puisque maintenant Super Nanny est morte j'ai perdu tout espoir.
Il faut dire que le jeu qu'il a développé ces dernières 43 heures est un petit bijou, où l'on incarne une boule noire, et puis y'a des bandes jaunes qui descendent, des rectangles de couleur qui tombent, et il faut sûrement faire un truc avec ça. Lors de l'interview que Flower Power a eu la gentillesse de nous accorder (attention mesdames-messieurs, ceci est une exclusivité !), il a confié à notre rédactrice-trop-belle-trop-drôle-et-trop-intelligente (et surtout trop modeste) : "Il est bien ce jeu, je crois que je vais le vendre. Ou acheter des gens pour qu'ils y jouent."

Oh mon Dieu. Je viens d'entendre "surprise cat sex". Oh mon Dieu, oh mon Dieu, oh mon Dieu.

Bon, je pense qu'il va falloir que je vous laisse ici, chez lecteurs, je vais essayer de ramper à l'étage en-dessous sans me faire remarquer afin de rassembler mes affaires et prendre la fuite, avant que je ne finisse dépecée sur la table de la cuisine au cours d'un rituel dédicacé au Dieu-Mangeur-De-Chats. Ou dépecée pour une autre raison, puisque Flower Power ayant appris que je le mentionnais dans cet article m'a demandé si j'avais écrit des trucs gentils.
Je lui ai répondu que j'avais écrit des trucs honnêtes.

Adieu monde cruel.


PS: KGB vient de se mettre à chanter et Wilbefast miaule dans son micro. Je pense que le rite vient de commencer.

Pitié je ne suis pas une jeune vierge.

jeudi 23 août 2012

"Cette vie sans internet" ou "Arrkkkrrkrkofarkouic, que quelqu'un appelle un médecin, vite !"

Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie, que n'ai-je donc vécu que pour cette infamie ? Il est deux heures et demi du matin, et internet vient de me lâcher.

Quand ce genre de situation se présente, je suis contrainte et forcée de revenir à cette réflexion que j'ai tellement horreur d'entendre dans la bouche d'un adulte [non, non, je ne suis pas une adulte : j'ai 17 ans ter, moi, môsieur] : "on faisait quoi, avant d'avoir internet ?". Très bonne question : je faisais quoi avant d'avoir internet ? Je noyais, asphyxiais, menais à s'entre-tuer ou exposais à un mélange de vinaigre et de bicarbonate de soude de pauvres fourmis sans défenses. Mais non, je n'étais pas du genre cruelle, à arracher les ailes des insectes ou à les écraser sans pitié ! Je ne m'amusais pas à les brûler avec une loupe ou à les vaporiser d'insecticide, je laisse ça aux sociopathes en puissance qui assassineront des prostituées dans des coins de rue sordides en laissant des messages codés aux types d'Esprits Criminels. Non, non, j'étais parfaitement équilibrée moi ! Je faisais simplement des expériences, des expérimentations très ordonnées qui se montraient toujours très enrichissantes, bien que mes collaboratrices n'en récoltent que rarement les bienfaits. Je ne souhaitais ni les tuer, ni les mutiler, mais c'était quand même vachement drôle quand le bicarbonate de soude se muait en mousse effervescente et semait la panique dans la fourmilière. Pour le reste, je décline toute responsabilité : est-ce mon problème, à moi, si une fourmi ne se rend pas compte qu'elle n'arrive plus à respirer et continue sa descente sous-marine le long d'un bâton partiellement émergé ? Les fourmis sont cons, je suis désolée, j'y peux rien. Tout ce dont on peut m'accuser, c'est de non-assistance à fourmi en danger. Et de séquestration. Et d'attentat terroriste.
Et après on dit que les jeux vidéo portent à la violence ? L'absence de connexion et un demi-hectare de jardin portent à la violence, oui. Après avoir rejoué 147 fois le Seigneur des Anneaux, avoir tour à tour changé le gazon en lave, en marais nauséabond et en piques acérées, être devenue l'esclave de termites géantes et un vampire en embuscade dans les branchages, que me restait-il à faire à part méditer sur la mort avec mes amis les insectes ? Comme toute autodidacte qui se respecte, j'ai fait de grandes découvertes, qui méritent d'être reconnues aujourd'hui. Par exemple, une de mes épiphanies d'Halloween : vous saviez qu'une limace face à une bougie allait se rapprocher irrésistiblement de la flamme jusqu'à blanchir et finalement griller ? Genre c'est pas accidentel, c'est même pas de la connerie comme les mites, à ce stade, vu la vitesse fa-ra-mi-neuse à laquelle elle rampe vers sa mort, c'est carrément du suicide, sans doute un rite sacrificiel consacré à une divinité supérieure du panthéon limaçaire dans le sanctuaire de la citrouille ! Mais non, je ne suis pas sadique, je ne sais pas de quoi vous voulez parler ! D'ailleurs je n'ai jamais cherché à vérifier l'affirmation selon laquelle une fourmi serait capable de survivre plusieurs jours la tête tranchée. Ah bah tiens, en voilà une expérience qui manque à mon panel !.. Mais heureusement pour les fourmis, il est trois heures du matin, je suis en petite culotte, ce n'est pas le moment d'aller faire la chasse aux hyménoptères - bien que, j'en suis sûre, ça ne déplairait pas à mes voisins.

Bref, peu après ma période entomologiste, mais encore avant d'avoir internet, j'ai découvert les joies du jeu vidéo hors connexion. Je me souviendrai toujours de mon premier jeu : "Les Chevaliers de Baphomet : le Manuscrit de Voynich". Je me souviendrai toujours que j'ai passé près de trois heures coincée dans la salle au tout début du jeu juste parce que j'avais oublié d'essayer une combinaison d'objets. Je me souviendrai toujours de l'accent anglais douteux du héros qui passait son temps à me répéter "ça ne marchera pas" ou "je ne vois pas de raison d'essayer ça" alors que PUTAIN FAIS CE QUE JE TE DIS ESPECE DE BIFTECK A DEUX BALLES, tu vas pas me dire que ça a un sens de faire fondre du maquillage dans un gobelet à la chaleur d'un projecteur pour huiler une barre et faire s'effondrer le plafond pour que le coffre de l'étage au-dessus se casse en tombant quand même !? Je me souviendrai toujours de ce PUTAIN DE CHANGEMENT DE CAMERA dans la course-poursuite dans les souterrains qui faisait que je me mangeais systématiquement le mur au changement d'écran et me faisais coller une balle dans la poitrine par une russe à l'accent non moins douteux (c'est aussi ce jour-là que j'ai découvert comment activer les touches rémanentes). Et je me souviendrai toujours d'avoir retapé un quart d'heure de jeu juste pour entendre la fin d'un dialogue que j'avais interrompu sans faire exprès. "Je te lèguerai ma collection de Tintin." Putain.

Malheureusement, aujourd'hui, la grande majorité de mes jeux sont sur Steam. Steam, ce gros connard qui te dit que même pour jouer à Beyond Good and Evil, il te faut internet, alors que putain y'a cinq ans t'y jouais tranquille sur ta PS2 en rushant au maximum parce qu'au fait, c'est ballot, t'as pas de carte mémoire. Mais putain, au moins quand je jouais toute seule tranquille pendant les cours et que je rentrais le soir voir la promo du week-end sur Steam, y'avait pas ce PUTAIN DE STEAMCLOUD pour m'effacer mes sauvegardes à Bit Trip Runner et Super Meat Boy. Je crois qu'il n'y a rien de pire que de finalement réussir à passer un niveau après des heures et des centaines d'échec pour relancer le jeu et t'apercevoir que t'es revenu au tout début du monde. Bref, Steam est une pute, et si tu payes pas d'avance en connexion internet, t'es baisé (ou plutôt pas baisé si on veut suivre la métaphore, mais bon, ça devient légèrement douteux...). Alors je checke les icônes sur mon bureau, et je m'aperçois que les seuls jeux que je n'ai pas sur Steam sont Rift, Aion, The Secret World et League of Legends. Youhou, j'ai même l'icône Wakfu ! Est-ce que bordel il est encore possible de faire quoi que ce soit sur un PC sans internet aujourd'hui ? Ah, oui, je peux toujours squatter le compte Minecraft de KGB pour faire une partie solo. Mais mais mais c'est qu'il faut se connecter au serveur Minecraft pour vérifier les identifiants, FORMIDABLE.

Bon, je rage un peu vite ceci dit, j'ai une quantité non-négligeable de jeux sous disques, autre symptôme de ma stockonite aigüe. J'ai donc une quantité non-négligeable de jeux sous disques, dans mon autre maison. Seigneur Nvidia, ça y est, c'est sûr, je ne hais plus simplement les déménagements, non : les déménagements sont la quatorzième plaie d’Égypte, les déménagements sont le treizième travail inachevé d'Hercule. Les déménagements provoquent le lupus, bouffent ta bande passante, tuent les bébés phoques. Les déménagements sont l'incarnation du Mal sur cette terre, l'alpha et l'oméga de l'inhumanité. Les déménagements... oh putain j'ai sauvé Oblivion !

Bon, maintenant, j'aimerais que quelqu'un m'explique pourquoi je suis allée caser mes sauvegardes d'Oblivion dans un sous-fichier d'un sous-fichier d'un sous-fichier dont j'avais oublié jusqu'à l'existence ? Pourquoi est-ce que mes fichiers de jeux sont mieux cachés que du pr0n ? Est-ce qu'à un moment je me suis dit que "Antichambre du sanctuaire", "Logement des serviteurs" et "Hôtel du Comté" ça faisait des noms de lieux vachement appropriés pour une levrette ? On est dans Oblivion bordel, pas dans Game of Thrones !
Et puis merde encore, ma dernière sauvegarde est dans un souterrain, et j'ai HORREUR des souterrains dans Oblivion - comme dans n'importe quel jeu d'ailleurs. Surtout quand ils ont plusieurs étages. Surtout quand t'as un bruit de fond trop creepy qui vient se substituer à la musique du jeu. Surtout quand tu sais plus si t'es entrée par la droite ou OH PUTAIN, OH PUTAIN Y'A UN TRUC LA c'est juste une caisse éventrée. Bref, je laisse tomber Oblivion.
Sinon, maintenant que j'y pense, j'ai piraté acheté en bonne adepte du néo-libéralisme en pleine crise financière Les Sims 3 et chacun de ses disques additionnels à 40 euros et de ses kits parfaitement useless à 20 euros, parce que c'est vrai que je n'ai que ça à faire de mon argent, j'en ai tellement que je préfère le donner à des entreprises en difficulté comme EA Games ! Bref, je pourrais jouer à ça, mais comme je l'évoquais ici, ma blondasse en mini-jupe adepte du cuir va certainement mourir vierge, et j'ai fini par me rendre à l'évidence que ce jeu me dépasse.

Il est 4 heures moins le quart et internet n'est toujours pas revenu. Listons les choses utiles que je pourrais faire en profitant de l'absence d'internet :
- Dormir > C'est surfait, comme dirait un polytech me traînant en boîte veille de DS.
- Ecrire > J'ai le choix entre revenir sur la pièce de théâtre que j'ai fini depuis un an mais sur laquelle je reviens à chaque fois que je sais pas quoi faire ou être en panne d'idée sur n'importe quel autre projet.
- Lire > Mon bouquin du moment est dans la voiture dehors, il est maintenant 4 heures moins dix et je suis toujours en petite culotte.
- Regarder un film > Excellente idée si je l'avais eue il y a deux heures. Vraiment, quelle faculté à trouver la réponse appropriée au bon moment, je m'impressionne.
- Cliquer au hasard sur des dossiers et faire le concours du plus grand nombre de sous-dossiers > Bah voilà, en voici une idée productive !
Sinon, à propos de démonstratifs je peux toujours feuilleter le numéro de "Voici" que ma mère m'a balancé sur la gueule ce matin dans une naïve mais pleine d'espoir tentative pour me sortir du lit.

Ou bien, en féministe qui se respecte, je peux faire une analyse de mon dossier spécial Bonjour Madame & Cie et regarder quelle proportion j'ai de brunes, de blondes et de rousses et combien il y a de photos en noir et blanc.

Oui, je m'ennuie vraiment à ce point-là.

J'ai donc 78 brunes, 28 blondes, 15 rousses, 1 fille aux cheveux bleus et 13 dont la couleur de cheveux est impossible à déterminer ou... plus que... secondaire... *tousse*. Dont 68 clichés en noir et blanc, soit un peu moins de la moitié des fichiers.
Ah et oui, quelque part, qui traînent, j'ai aussi une blondasse accroupie sur une échelle de piscine, parce qu'elle peut, et deux brunettes qui font le grand écart sur le rebord d'une piscine, parce qu'elles peuvent. La logique des shooters de photos pornographiques érotiques est indiscutable.

Il est bientôt 4 heures et demi, ce qui veut dire que je me lève dans quatre heures pour mon rendez-vous chez le coiffeur, et comme internet n'est toujours pas revenu, je ne peux pas publier. Putain.

13h37, l'heure du geek par excellence. Mais 4 heures de sommeil et une séance de coiffure plus tard, internet n'est toujours pas revenu. Je commence à m'inquiéter sérieusement : et s'il ne sortait jamais de ce coma ? Si les traumatismes étaient trop graves, les séquelles irréversibles qu'il ne puisse jamais totalement recouvrir ses capacités intellectuelles ? Oh, non, mon pieu, je ne sais pas si je serais capable de prendre la décision de le débrancher... De mon côté, je suis épuisée. Les longues heures de veille auprès du malade m'ont comme vidée de ma substance. Je sens bien, par exemple, l'affaissement de ma vivacité intellectuelle. Que de tourments m'habitent !
Ah ben tiens, j'avais pas pensé à un truc : j'ai l'application LeMonde.fr sur mon mobile, je vais tout de même pouvoir me tenir au courant de l'actualité internationale afin de préparer comme il se doit les concours en journalisme ! Parce que oui, j'entends guetter les grands évènements qui vont ponctuer cette année afin de me donner les moyens d'accéder aux meilleurs études possibles dans ma filière. D'ailleurs, j'avais déjà un article du Monde ouvert sur mon portable :

"Que de bordels en Europe !"

Oui, comme à chaque fois que je lis les journaux, je me dis que je vais essayer de comprendre la guerre en Syrie, de voir l'évolution des révoltes dans les mines d'Afrique du Sud, de suivre le cas Assange ou de découvrir quels sont les derniers condamnés du régime chinois et je finis par lire des articles sur des termites kamikazes ou des études sur la pratique de la levrette en France. Vous saviez que chez un certain type de termites qui semblent stocker des cristaux bleus à l'intérieur de..?

1h15: Ô rage, ô désespoir, ô Macintosh ennemi ! Ma connexion est toujours muette. J'en viens à me demander si mon fournisseur d'accès internet ne se foutrait-pas-un-peu-de-ma-gueule-quand-même. Je me dis que peut-être il serait temps de try turning it off and on again, mais je me dis aussi que ma mère dort dans la même pièce que la box, et que j'ai envie de voir le jour se lever demain.


Alors, au bord du précipice, il ne me reste plus qu'une seule solution, puisse Eru Ilúvatar sauver mon âme : je vais faire la même chose qu'avec mon dossier Bonjour Madame & Cie, mais avec mon dossier de nekos.
Et j'ai donc 39 brunes, 23 blondes, 10 rousses, 15 avec les cheveux blancs ou gris, 1 avec les cheveux bleus, 6 avec les cheveux roses ou violets, et 3 avec les cheveux verts (merci aux japonais d'introduire un peu plus de diversité, comment avez-vous deviné que j'adorais le calcul mental ?). Et à partir de là, je vous préviens, la prochaine étape, c'est avec les personnages de League of Legends. Oui, je sais, c'est beaucoup moins aguichant. Mais bon, au pire, vous pouvez toujours tenter de vous imaginer Rammus en bikini et... et... oooh... et... aaah... et... Oh, excusez-moi, j'ai été un instant troublée par une telle explosion de sex-appeal (surtout ne le répétez pas, mais quand j'étais petite, je pensais que c'était sexe à piles).

12h59 : Joie ! Joie ! Joie ! Pleurs de joie ! comme dirait l'ami Pascal. Je m'en suis séparée. Dereliquerunt me fontem aquae vivae. "Internet me quitteras-tu ?" Que je n'en sois pas séparée éternellement.
Oui, en résumé, internet est revenu. Je vais donc pouvoir reprendre le cours de ma vie, lire LeMonde.fr, checker les réponses que j'ai eu sur les forums politiques et... joueeeeer à des mini-jeeeeux sur facebooook cœur cœur smiley cœur !

14h21 : Ô rage, ô désespoir, ô putain de merde ! Alors que j'étais tranquillement en train de rédiger une réponse sur un forum, ma connexion vient à nouveau de se faire la malle. Ô détestable petite chose.

15h06 : Et la voilà, de retour, l'air de rien, genre "Ah bon, t'avais besoin de moi ?" Je la suspecte vivement d'être de mèche avec Erwan [ndlr: mon téléphone portable] qui a mis en place trois stratégies diaboliquement mesquines pour me faire chier :
1) Il reçoit certains messages avec trois heures/jours/semaines/mois de retard. Mais attention, pas n'importe quels messages, et pas dans n'importe quels délais. "Hey, salut, je suis devant chez toi, je peux passer ?" Trois heures de retard. "Si tu veux passer récupérer ton chapeau, je suis sur Montpel aujourd'hui." Trois jours de retard. "Au fait, mardi prochain on a pas géo." Trois semaines de retard. "Tu me manques. Vivement demain qu'on se voit !" Trois mois et une rupture de retard.
2) Mais attention, quand il reçoit les messages, tout n'est pas gagné pour autant. Car ce petit daeva a mis au point un sortilège hautement sophistiqué : il mélange les messages que je reçois à de vieux messages, faisant survenir au beau milieu d'une phrase des vestiges d'une ancienne discussion. J'ai ainsi eu droit un jour à un magnifique "je t'aime mes fesses :o" qui restera dans les an(n)ales. Et là encore, mon portable semble spécifiquement cibler les moments-clefs de ma vie, genre un message revenant sur une rupture encore toute fraîche à l'époque et qui est toujours demeuré incompréhensible à mes yeux, rapport au fait que voilà, je me voyais moyen-moyen demander "Ouais, dis-moi, le discours que t'as fait sur de toute façon on reste amis/je compte encore pour toi/t'as grave les boules/ou n'importe quoi d'autre parce qu'en fait j'ai pas une seule phrase en entier, c'était quoi du coup ? T'es deg' ou pas au final ?"
3) Sinon, tout simplement, mon portable fait de temps à autres une crise existentielle et déclare que "le réseau, c'est has-been". Il décide donc tout simplement, sans préavis, de ne plus capter, alors qu'il n'a pas bougé d'un iota depuis le dernier appel qu'il a reçu avec toutes ses barres, ne me laissant d'autre choix que de le turner off and on again. Et bien sûr, là encore, c'est toujours quand mon agent immobilier doit me rappeler ou que j'attends le signal de quelqu'un pour commencer à me préparer. Genre je kiffe qu'on sonne à ma porte alors que je suis en culotte, pas douchée, pas maquillée et que j'ai encore les sacs de courses au milieu du couloir. "Le réseau, c'est tabou, on en viendra tous à bout !".

Mais bon, comme cette petite fouine de connexion semble avoir quelque peu stabilisé son comportement, avant qu'elle ne se décide à nouveau à changer d'avis :

FEU. (mais pas depuis environ dix heures et demie du soir jusques environ minuit et demi, n'en déplaise à Pascal, j'ai envie de profiter un peu plus longtemps de l'ADSL) [Les littéraires me comprendrons, ndlr].

dimanche 29 juillet 2012

Shaka Ponk ça shake à donf !

Avant toute chose, il est essentiel de dire une chose : PUTAIN DE CONCERT DE TARE DE SA RACE DE SA MERE LA BERGERE ALLEMANDE DE PUTAIN DE WAAAH DE HOOKER BORDEL !
Sur ce, je peux reprendre.

J'étais donc dimanche dernier au festival de Carcassonne pour assister au concert de Shaka Ponk, raison pour laquelle j'ai précipité mon retour d'Espagne - et autant le dire tout de suite au cas où vous ne l'auriez pas compris, c'est-à-dire au cas où vous auriez le QI d'un dessous-de-verre, je ne le regrette pas du tout. Ils envoient tout simplement un max sur scène, et je ne suis pas prête d'oublier ce que je me suis pris dans la gueule.
Et puis, j'étais avec KGB et la Cigale, qui sont quand même les deux personnes les plus cools sur terre.

Le truc à savoir, c'est que ce concert, on peut dire que je l'ai voulu.
L'année 2011 a été marquée pour moi par les deux albums les plus géniaux que j'ai eu la jouissance d'entendre : The Unforgiving par Within Temptation et The Geeks and the Jerking Sock par Shaka Ponk (des fois que vous me pensiez encore cohérente). Je me suis ruée sur la tournée de Within Temptation, alors il fallait aussi que je vois les Ponks. Quand ils ont annoncé le tour, j'étais comme un yorkshire sous amphétamines. J'ai de suite jeté mon dévolu sur le premier concert dans un rayon acceptable et ai patiemment attendu que la date approche. Ce que j'ignorais, c'est qu'allait démarrer là une longue série de déceptions qui ne prendrait fin qu'à Carcassonne.
- Marseille, mon premier objectif, souffrit d'une regrettable coïncidence, j'ai nommé le DS de géographie. Pour mettre ça au clair, il faut d'abord rappeler que j'ai assisté à l'autre concert formidable de cette année, qui était celui de Within Temptation à Barcelone. Problème : c'était un vendredi soir, à 3 heures et demi de chez moi, alors que le vendredi j'ai DS jusqu'à 19 heures. Et comme vous pouvez vous en douter, entre un DS sur un sujet totalement obscur et un PUTAIN DE CONCERT DE TARE DE etc, le choix est relativement vite fait. J'ai donc choisi l'excuse fumeuse et la fuite à l'anglaise, et je passais tranquillement la frontière hispanique pendant que mes camarades dissertaient sur l'Amérique du Sud. Au moins, j'étais linguistiquement dans le thème (oui, oui, je sais, ma mauvaise foi est sans limite). L'ennui, c'est que quand j'ai voulu réitérer mes exploits pour le concert de Shaka Ponk, je me suis aperçue que ça tombait sur le même DS. Avec la même prof. Pour la seconde fois consécutive. Et faut pas déconner quand même, j'étais en prépa *manque s'étouffer avec sa salive*.
- Un bled quelque part pas loin de Montpellier, pas très grand mais vraiment pas loin, devait rattraper le coup. Le souci, c'est que quand je dis pas très grand, je veux dire pas de gare. Et, putain, personne pour m'amener ou me loger. J'ai beau connaître au moins une personne par grande ville française, ma célébrité s'étend pas dans des coins aussi paumés quand même, j'ai pas fait Secret Story quoi !
- Avignon, heureusement, était depuis le début ma roue de secours. J'avais d'ailleurs longuement hésité avec Marseille pour mon choix initial, mais mon impatience m'avait fait lorgner en priorité sur le concert le plus précoce. L'ennui, c'est qu'avec les hésitations et divers retournements de situation, le temps que je m'aperçoive que mon premier plan était tombé à l'eau, avait pu place pour Avignon...
J'étais donc au comble du désespoir quand le programme du festival de Carcassonne a commencé à tomber. A ce moment-là, résignée, je cherchais les dates de tournée de Marilyn Manson et oh putain deux jours après y'a les Ponks qui passent avec une vraie date à eux tout seul ! Parce que bon, de les voir dans un festival où ils chantent trois chansons avant de passer le flambeau, je me serais sentie grave arnaquée quoi, parce qu'en général j'en ai un peu rien à foutre du gars avant et du paumé après. J'ai donc pris mes places avec un immense soulagement, et me suis promis que rien ni personne ne m'empêcherait de m'y rendre cette fois. Pas même l'Espagne.

22 Juillet, 20h30, Théâtre Jean Deschamps, Carcassonne.
Sur scène, les Cats On Trees entament la première partie pendant que l'amphithéâtre se remplit doucement. Leur musique accompagne les grappes de personnes qui arriveront de manière quasiment ininterrompue pendant l'heure à venir, au terme de laquelle les Ponks viendront mettre le feu à la scène. Entre-temps :
- Jules, qui nous accompagne (oui je dis ça parce que j'ai grave la flemme d'expliquer le rapport qu'il entretient avec KGB, alors on va juste dire qu'il était là, parce que voilà, il était là) aborde la vendeuse d'eau. Puis la vendeuse de coca. Puis la vendeuse de glaces.
- On applaudit tous en se tenant par les coudes.
- La Cigale se lève de sa chaise pour se jeter sur KGB et moi, veut se rasseoir, ne s'aperçoit pas que son siège s'est relevé, se vautre comme une daube dans les gradins.
- KGB charrie Jules parce qu'il a abordé la vendeuse d'eau. Puis la vendeuse de coca. Puis la vendeuse de glaces.
- La femme derrière nous trouve qu'elle est trop loin et projette de rouler sur les gens pour se rapprocher de la scène. On lui suggère de sauter par-dessus nous afin d'éviter de nous écraser. La rangée d'après amortira bien assez.
- La Cigale demande pourquoi les gradins sont entourés de rochers sous cloche. Ce sont des lampes.
- On applaudit contre les mains les uns des autres.
- La Cigale note qu'il n'y a que des vendeuses d'eau, de coca et de glaces.
- On fait chacun la remarque, tour à tour, qu'il manque un truc aux Cats on Trees et que c'est une guitare.
- KGB décoiffe Jules.
- Je décoiffe KGB.
- On fait chacun la remarque, tour à tour, excepté l'inculte Cigale, que les projecteurs ressemblent à des tourelles de Portal.
- La femme derrière nous manifeste son intention de se dandiner grave quand les Ponks arriveront, projet que nous plussoyons vivement.

Et puis, ils arrivent.

A partir de là, ça a été deux heures de kiff intégral. Pas une seule chanson qui ne donne pas une folle envie de faire des roulades au milieu de la foule en hurlant à la lune. Surtout quand ils ont interprété How We Kill Stars, le morceau qui m'a rendue fan d'eux quand j'étais en Première (bam, uppercut de vieux dans ma gueule), et que j'ai eu droit à ma séquence nostalgie intérieure. Et, wasabi sur le sushi, profitant du temps de latence des spectateurs, on a pu se glisser au tout devant de la scène pendant les premières chansons, dans un spot de taré avec une super visibilité et vachement de place pour se jeter dans tous les sens comme des malades, ce dont nous ne nous sommes pas privés.
Et les Ponks non plus d'ailleurs.
Tout au long du concert ça a sauté, roulé, imité le singe, slalomé entre les caméras, craché, glissé entre les jambes du guitariste, et secoué la tête dans tous les sens.

(navrée pour la qualité photo plus que misérable de mon téléphone portable, qui jadis faisait des photos tout à fait acceptables)


Et puis Sam est trop bonne.
Samaha Sam (chanteuse), avec sa délicieuse peau sombre et sa coupe afro est putain de sa mère de bien foutue, en plus d'être salement charismatique. Conséquence logique de cet état de fait : tout le long du concert j'ai eu droit à me faire hurler dans les oreilles par la Cigale "je veux épouser cette fille", en particulier pendant la partie du concert où, s'étant fraîchement délestée de son haut, Sam avait un téton qui dépassait de sa brassière. Je pense que ça a focalisé l'attention de tout le premier rang pendant cinq ou dix minutes, le temps qu'elle s'aperçoive à quel point elle était merveilleusement indécente.
Sinon, à part ça, KGB m'a gueulé dans l'oreille à deux reprises. Je crois que ça vient se hisser en troisième position dans la liste des sensations les plus désagréables en concert, derrière le projecteur au concert de Nightwish qui a décidé de me désintégrer la pupille et mon âme avec et la fangirl obèse blonde à mèches roses, habillée tout en rose, couverte de sueur et de larmes qui me harcelait de coups de coude dans le dos pour se rapprocher d'un demi-centimètre de Jared Leto au concert de 30 Seconds to Mars. Quoi qu'en y repensant, j'ai mis trois jours à récupérer mon oreille droite en sortant du concert de Within Temptation, alors KGB était peut-être pas si terrible.

C'est le lendemain qui a été plus douloureux.

Ce moment où, la peau encore couverte de sommeil, ton corps vient te rappeler que tu as pogoté comme un échappé de l'asile pendant deux heures non-stop. Ce moment où tu te rappelles soudain avoir secoué la Cigale comme un prunier dans les meilleurs passages et t'être retrouvée coincée contre la scène pendant le rappel. En bref, ce moment où chacun de tes muscles décide de faire défection et où chacune de tes articulations décide que non, ça suffit pour aujourd'hui, tu restes couchée ou je me barre sans te demander ton avis. Cela doit partiellement expliquer pourquoi la plus grande partie de la journée a été consacrée à boire des bières et à s'en remettre aux soins du fauteuil massant qui trônait fièrement chez KGB.
Et en plus, il était chauffant.

Bref, un concert du tonnerre de Volibear qui nous a transformés en larves pour la totalité du lendemain. Et pas que physiquement, vraisemblablement, puisque, de retour à Montpellier, la Cigale a aperçu un gamin qui faisait le poirier et s'est exclamée : "hey, regardez, il fait le pommier !". Voilà, je devais faire ce témoignage avant que le souvenir ne se fonde dans les méandres inextricables de ma mémoire. La Cigale nous aura vraiment fait rêver jusqu'au bout.

Et à part ça, j'ai eu Reset After All coincé dans la tête pendant trois jours. Et merde, c'est reparti.

samedi 21 juillet 2012

Au pays dagad'Aragon il y avait tugud'une fille qui aimait les glaces au citron et vanille

J'ai définitivement passé trop de temps avec KGB et la Cigale cette année. Je dis ça rapport au fait que sur une soirée passée à Barcelone, j'ai passé plus d'une heure assise Plaça Catalunya avec KGB à mater le cul de toutes les passantes et en les notant sur une échelle que je n'oserai pas citer ici.

[A part ça, j'écris actuellement dans une position dans laquelle je n'aurais pas cru possible d'écrire, Shawn à peine ouvert, à la verticale, sur mes genoux, de sorte à ce que je passe à peine mes mains et ne peux pas voir l'écran, coincée par le fauteuil baissé de mon voisin de devant dans le bus qui me ramène en France.]

De retour en France et à l'horizontalité, je suis enfin capable d'entrouvrir mes yeux tout plein de sommeil afin de faire le point sur mon séjour en Espagne. Globalement, sur 10 jours passés chez nos voisins hispaniques, j'ai dû en passer 6 à dormir, 3 à regarder des séries, et 1 à faire des choses effectivement utiles comme manger des chocalates con churros ou admirer le paysage. Ah oui, j'ai aussi joué aux Sims, un peu. Je vous demande pardon de ruiner ainsi l'estime que vous pouviez avoir de moi, mais je reste perpétuellement fascinée par le manque de réalisme de ce jeu. Je n'ai aucun problème avec le fait qu'un sim reste enfermé pendant des heures dans la salle de bain parce que le chat s'est endormi devant la porte, passe encore que la DDASS ne vienne pas chercher mon bébé qui dort sur le gazon à côté de la poubelle parce que j'ai la flemme de trouver un emplacement pour le berceau, mais il y a un moment où le jeu dépasse tout simplement les bornes. Ma blondasse en mini-jupe adepte du cuir va certainement mourir vierge. Ca me dépasse totalement. Mais passons.
Ce séjour en Espagne a donc été l'opportunité pour moi de célébrer le disque dur de mon ordinateur en découvrant ou retrouvant Generation Kill, Game of Thrones, The Big-Bang Theory, How I Met Your Mother et Futurama. En résumé, j'ai passé mes journées dans un lit à contempler des balles, des désastres sociaux et des levrettes en HD. Franchement, j'ai connu pire que deux semaines de freeleech sur mon tracker. Mon disque dur, en revanche, a un peu de mal à s'en remettre. Heureusement que le disque dur externe de KGB est là pour lui porter assistance dans les moments difficiles. (Oh fuck ça veut dire qu'en cas de rupture, va falloir s'entendre sur le partage des fichiers. Bon ben je resterai avec KGB rien que pour pas risquer de perdre la garde de Game of Thrones, et puis aussi parce que la Cigale a dit que ça lui briserait le cœur si on se séparait. Pfff, obligée de sacrifier ma propre vie pour préserver le bonheur des autres !)
En bref, ce séjour a été l'occasion pour moi de faire exactement la même chose que d'habitude, mais à plus haute fréquence, ce que je ne croyais pas humainement possible vu ma bande passante et l'argent que je claque à chaque promo sur les DVDs. Amazon.fr est un peu le steam du cinéma pour moi.

A ce sujet, j'ai explosé de rire quand j'ai vu cette image sur 9gag:


Navrée pour cet aparté, mais j'avais besoin de partager les yeux brillants de Patrick, je le trouve tellement émouvant dans cette performance...

Du coup, pour en revenir à nos moutons, ou plutôt à nos pingouins vu que je fréquente un linuxien, j'ai passé ces deux dernières années à stocker un nombre de films et de séries qui me dépasse totalement et dont je ne suis pas sûre de venir à bout un jour. Je suis comme ça, je souffre de stockonite aigüe. Mais c'est quand même moins flippant que de jeter un œil à ma bibliothèque. Ainsi, bien que j'ai pratiquement arrêté d'acheter des livres depuis un an passé, je dénombre au minimum 300 ouvrages restés vierges, qui essayent désespérément de me faire les yeux doux depuis leurs étagères respectives. Je pense que le rayon le plus dramatiquement délaissé est celui des livres de philosophie, depuis que j'ai compris que mon anthologie de textes de terminale constitue un bien meilleur rapport temps investi/note au DS que la liste de lecture distribuée en début d'année. Je manque chaque fois de m'étouffer quand mes profs s'extasient sur mon "incroyable culture philosophique", clamant que c'est "impressionnant d'avoir lu autant à [mon] âge". Microsoft me garde si l'un d'entre eux découvre un jour la supercherie et s'aperçoit que je ne connais en réalité que quinze lignes de chaque auteur. Mais nous nous éloignons du sujet, et nous devrions laisser là ma bibliothèque bodybuildée dont je me demande chaque jour comment elle peut supporter un tel poids. Ils se foutent pas de votre gueule, chez Ikea, ils vous filent des meubles sous stéroïdes.
Et là je réalise subitement qu'il va me falloir sacrifier une étagère pour mes bouquins de politique et de journalisme. Mais à la réflexion je crois que je n'aurai pas besoin de 10 dictionnaires d'anglais cette année, alors c'est un faux problème. J'hésite entre les transformer en armes de jet ou les ficeler à un balai et en faire des massues. Dans les deux cas va me falloir un permis de port de littérature.

Mais nous nous éloignons de l'Espagne et de mes preuves de bonne volonté: j'ai quand même pris 5 livres avec moi pour le séjour ! Ce qui se traduit par : j'ai lu un chapitre de Do Androids Dream of Electric Sheep par Mr. K. Dick, et j'ai alourdi mon sac inutilement. Ce qui est relativement secondaire tant qu'il reste vautré sur un lit à Villel, mais est pas top top du pot de miel quand je dois me le trimballer sur les ramblas à Barcelone. Heureusement que KGB est un homme fort *tousse* et serviable. Et puis l'avantage, c'est que rester une heure assis sur un banc Plaça Catalunya à mesurer la platitude des barcelonaises, ça m'épargne de devoir soulever ce maelström de vêtements, de bouquins, de vêtements, de DVDs et de vêtements.
On aurait tort toutefois de penser que mon séjour en Espagne s'est limité à des blagues douteuses et des gémissements en VOSTFR. C'était aussi être accueillie à la sortie de la gare routière par un "La lucha es el unico camino" qui ne peut que me faire sourire. Un jour j'espère que je vous parlerai de la rue et de ce qu'elle représente pour moi, familière et surprenante à la fois, espace de liberté et d'abolition de la propriété. Bref, je la kiffe grave, et ce tag est un de ces signaux qui m'indiquent qu'un de mes semblables est passé par là. La rue est à tous les humains, mais surtout à ceux qui savent regarder (en même temps vous me direz, y'a pas besoin de grands talents d'observation pour capter une phrase salement torchée à a peinture noire sur toute la longueur d'un mur, mais passons.)
C'était aussi, aussi (oui, aussi), le soleil. Le PUTAIN DE FILS DE SA MERE DE BORDEL DE HOOKER DE SOLEIL. A part ça, j'aime l'été, hein. J'aime transpirer comme une otarie au Sénégal, rendre mes vêtements adhésifs et avoir l'impression de soulever une altère en portant à mes lèvres un verre de coca. Parce que la chaleur a une fâcheuse tendance à multiplier mon coefficient de chochottitude par dix. Je couine dès qu'il me faut mettre un pied devant l'autre, surtout si c'est en pente. Et putain, là où j'étais, c'est partout en pente. En plus, pas de piscine, parce que KGB - comme absolument tous les mecs que je connais si bien que je me demande bien où ils dégottent leurs clients dans les piscines municipales - se refuse catégoriquement à porter l'uniforme règlementaire du slip de bain. Je vois là un signe de déni de la société moderne et de rejet des normes sociales qui ne peut que le mener, inévitablement, inéluctablement, sans alternative et d'une façon certaine à l'incendie de voitures. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il est trop vieux pour être délinquant (d'ailleurs je devrais peut-être me mettre aux graffitis avant de passer l'âge moi aussi, histoire d'avoir une jeunesse, merde !).
Mais point positif : la maison où je logeais était un microclimat à elle toute seule. Genre la température baissait de dix degrés à peine je faisais un pas dedans. De quoi se choper un choc thermique en allant chercher le pain. Bref, le bonheur quand je m'imagine à agoniser devant ma baie vitrée montpellieraine. Vous saviez que le record de température au mois de Juillet à Montpellier était de 37,5 degrés ? Bon, il a été enregistré en 1990, mais il a de quoi soulever les angoisses les plus profondes et porter mes fantasmes aux confins de l'horreur. Et me porter à lire l'article Wikipédia concernant Montpellier, putain, j'ai rien de mieux à faire de mon samedi soir. Ouais, en fait, c'est kinda rassurant. J'ai eu tellement de samedis soirs qui se sont terminés des dimanches midi cette année, de réveils moites dans des lits bancals (non non, rien de sexuel, je vous assure), de fringues imprégnés d'alcools divers et de tâches suspectes (là encore, rien de sexuel... enfin je l'espère du plus profond de mon cœur) sur mes pavés que j'ai eu une subite vocation pour l'habit de nonne une fois ma prépa bouclée. Seigneur Nvidia tout-puissant, comment pouvais-je émerger de 4h de sommeil la bouche pâteuse et les yeux irrités, alors que je dors jusqu'à 16 heures par jour depuis un mois ? Je m'attendais à un contre-coup, pas à me faire incruster la face dans le PVC par mon horloge biologique.
Il y a quand même un avantage non-négligeable à être narcoleptique amateur, qui est celui de pouvoir se désactiver dans certaines situations particulièrement pénibles intellectuellement. Genre être en panne d'inspiration pour un oral de philo à préparer pour le lendemain. Ou, en l'occurrence, endurer 11 heures de bus avec la populace locale pour pouvoir retrouver son pays. Et encore, 11 heures, c'est théorique, parce qu'on sous-estime trop souvent la faculté des chauffeurs de bus à être des débiles mentaux. Mais nous y viendrons en temps voulu.
La première partie du trajet, jusqu'à Barcelone, était plutôt inspirante. Elle se faisait en journée, ce qui laissait mon esprit suffisamment vif pour méditer sur la philosophie kantienne. Ainsi, j'ai entrepris une réflexion sur son fameux principe d'universalité, incitant à régler sa conduite de la façon suivante: "Agis toujours de façon que tu puisses vouloir que la maxime de ton action devienne une loi universelle". Règle qui, par exemple, exclue le meurtre, à moins de vouloir enclencher une 3ième guerre mondiale et réveiller les gosses d'Oppenheimer en plein milieu d'une nuit agitée. Toutefois, je ne me suis jamais posé la question concernant une cible précise. On est d'accord, le meurtre gratuit et aveugle ne peut pas être désiré comme loi universelle. Mais qu'en est-il d'un individu précis, correspondant à des critères précis, que tout le monde devrait vouloir abattre ? Genre le gosse devant moi et sa formidable tête à claques ? Est-ce que vous comprendriez si je vous disais qu'il avait une tête aimantée, qui attirait irrésistiblement les coups de poings dans la gueule ? Il articulait l'espagnol plus vulgairement qu'une prostituée texane et sentait la sueur à plein nez (à moins que se ne soit sa grand-mère, dont l'accent n'était pas moins vulgaire et qui portait un blondasse digne d'une serpillère décharnée, mais bon, celle-là, c'était KGB qui se la carrait). Et puis, je suis désolée de le dire, mais il était gros, et chez un gamin de son âge et de son attitude le tour de taille et la densité des joues sont des multiplicateurs du coefficient de tête-à-claquitude. Pendant tout le trajet j'ai eu des flashes de moi en train de lui garrotter le cou par-derrière, et même aujourd'hui, en y repensant, j'ai des envies de meurtres sanguinaires avec des morceaux de chair et de cerveau qui volent dans tous les sens et un affreux splash comme dans les dessins animés.
La deuxième partie du trajet fut heureusement plus calme. Après six heures d'attente à Barcelone qui m'ont permis de constater que chez Burger King grand voulait dire GRAND et la séance de ass-hunting à la tombée de la nuit, le bus a bien entendu commencé par une demi-heure de retard à la gare-routière-de-Barcelona-Norte-qui-est-étrangement-au-sud-de-la-ville-pour-être-Norte. Et comme il était blindé, j'ai fini tout au fond avec une espagnole qui-dépassait-presque-de-son-siège-mais-pas-tout-à-fait et son mari, originaire d'une nation arabe non déterminée et qui avait des yeux remarquables. Ils avaient l'air gentil, et tout aurait pu bien se passer s'ils n'avaient pas été situés de part et d'autre de moi et n'avait donc décidé de poursuivre leur discussion par-dessus moi (même si concrètement c'était plus au travers). Et d'ailleurs, le mari invectivait une troisième personne en arabe derrière moi, ce qui donnait une cacophonie des plus stimulantes si vous projetez de vous jeter par la fenêtre du bus. Certes la discussion s'est vite arrêtée, mais en plus, j'étais totalement écrasé par le fauteuil de mon voisin de devant qui n'avait vraisemblablement aucun mal à dormir de son côté. Tandis que moi, j'avais les yeux ouverts comme un hibou et je regardais l'heure s'avancer dans la nuit, en ayant pour seule réflexion, toutes les trente secondes quand le bus affichait la température, que 27° C dans cette police d'écriture et en inversant l'axe vertical ressemblait étrangement à "Slot". Bref, j'étais désespérée. Mais peu avant la frontière, il y eu un arrêt, au cours duquel je pus éponger mon agoraphobie dans une crise de boulimie-minute.

Puis, il y eu la reprise (lire avec une voix de narrateur de reconstitution historique télévisée).

Et je ne sais pas pourquoi, mais la conversation arabo-hispanique qui m'entourait a repris du poil de la bête à ce moment-là pour, approximativement... tout le reste du trajet. Reste du trajet qui devait durer une heure et demi. Reste du trajet qui en a duré deux et demi. Rapport au fait que le type du bus a dû changer une ampoule. Rapport au fait qu'il a mis 25 minutes à changer une ampoule. Rapport au fait qu'il s'est blessé et qu'il a fallu lui mettre un pansement. Rapport au fait qu'il a fallu 10 minutes pour lui mettre un pansement. Rapport au fait que 500 mètres plus loin la Guardia Civil a effectué un contrôle d'identité sur les passagers. Rapport au fait que la Guardia Civil a une propension à demander aux gens de vider l'intégralité de leur sac assez plaisante à 3 heures et demi du matin. 3 heures et demi du matin. Putain, j'étais déjà censée être à Béziers depuis un quart d'heure, et on avait même pas encore passé la frontière.

Bref, je suis arrivée à Béziers à 5h10 du matin, et j'aime autant vous dire tout de suite que même Toutankhamon est moins mort que Béziers passé 19h30 - alors imaginez à 5h10 du matin. Là encore, je bénis la force *tousse* et la serviabilité de KGB qui m'a aidée à porter mon sac, alors que je me répétais en boucle que la bouteille d'eau que j'avais dans un sac plastique ferait une bonne fronde en cas d'agression et oh mon dieu j'aperçois une silhouette là-bas à cette heure-ci ça ne peut qu'être un trafiquant de drogue qui veut me violer oh putain oh putain il se rapproche il est presque là putain il est là aaah aaah il est passé à côté c'est bon il s'éloigne est-ce que j'ai toujours mon portable dans ma poche putain. En fin de compte, à 6 heures moins vingt j'ai basculé dans le lit dans l'attente angoissée du sommeil qui ne venait pas, me répétant sans cesse cette phrase trouvée dans Kushiel de Jacqueline Carey : "Il y a un stade dans l'épuisement où le sommeil ne vient plus que difficilement". Ouais enfin, comme à chaque fois que je me répète ça, je me suis quand même endormie comme une daube en moins de cinq minutes.

Tout ça pour dire que j'ai été en Espagne, que j'ai vu des trucs cools, que j'ai bouffé des trucs encore plus cools, mais que je suis incapable de faire un compte-rendu sans me noyer dans d'anecdotiques détails totalement secondaires et qui ne révèlent rien de ces dix jours passés en Aragon. Mais que voulez-vous, je ne sais que râler et garder les bons moments pour moi - rien à foutre, c'est à moi, rien qu'à moi, vous avez qu'à profiter de la vie au lieu de rester là devant votre PC à oh mais non oubliez putain je veux pas perdre le peu de lecteurs que j'ai.
En résumé-de-pas-du-tout-résumé-puisque-finalement-j'en-suis-pas-vraiment-venue-là-dans-cet-article-et-oui-j'aime-faire-des-mots-à-rallonge, j'ai passé de chouettes journées à me dorer vautrer la pilule en Espagne, à baver sur Emilia Clarke (aka Daenerys Targaryen pour les infidèles du générique) et à manger des chocolates con churros, du saucisson, du fromage et des tortillas à profusion !

Et puis j'ai fait de la balançoire de nuit, putain.
Trop hardcore.