dimanche 26 août 2012

De l'art de poutrer son horloge biologique

Hier soir, j'ai testé pour vous (ça fait très vendeur hein ?) le challenge de 10 000 Words a Night. Ce forum, moyennant rien du tout, vous offre, une fois par semaine, un défi d'écriture hautement stimulant. L'objectif : écrire jusqu'à 10 000 mots du texte de votre choix, entre 21h et 4h du matin. Et, croyez-le ou non, même pour quelqu'un d'aussi logorrhéique que moi, 10 000 mots, c'est énorme (entre le triple et le quintuple d'un article de ce blog, alors je vous défends de vous plaindre en molettant mes billets, espèces de femmelettes !)


En somme, c'est une très bonne expérience, mais qui a un prix. L'ennui en effet, c'est qu'il faut tout de même trouver un week-end à sacrifier, parce que bon, déjà votre samedi soir vous le passez chez vous à faire le gros asocial et à répondre sèchement aux gens qui ont le malheur de venir vous suggérer une vidéo de chat ou de pingouin qu'on chatouille, mais surtout, toute une nuit à écrire, c'est éprouvant, et quand à quatre heures du matin vous finissez par aller vous coucher, la tête comme un melon, à n'en plus savoir parler français, vous savez que votre dimanche va être lui aussi sérieusement entamé. Genre si aujourd'hui KGB n'avait pas sorti la carte chance "pâtes à la carbonara", je serais encore en train d'agoniser sur la case "ta gueule et laisse-moi dormir".

 
Par chance, j'ai eu l'opportunité d'affronter ma première Nuit de l'Ecriture dans un environnement hautement propice au dépassent de soi chronométré, puisque je passe ce week-end coincée entre KGB, Wilbefast et Flower Power (un pauvre garçon qui n'a pas su contester son pseudo à temps) qui font leur Ludum Dare. Ludum Dare, c'est un peu l'équivalent geek des Nuits de l'Ecriture, sauf qu'au lieu d'être quatre fois par mois, c'est tous les quatre mois, et qu'au lieu de durer 7 heures, ça en dure 48. 48 heures pour programmer un jeu sur un thème donné, et vu ce que le thème de cette session a inspiré à l'un de mes compatriotes, je suspecte l'exposition prolongée à Ludum Dare de provoquer de graves lésions cérébrales et/ou des séquelles psychologiques irréversible et/ou une sociopathie avancée (rayez la mention inutile). Mais nous y viendrons plus tard, car les informaticiens ont aussi de belles leçons à nous donner en matière de poutrage d'horloge biologique.

En ce qui me concerne, j'ai choisi pour 10 000 Words a Night de reprendre mon roman Dust and Fire, mélange de fantastique et de post-apocalyptique qui ne m'inspirait plus rien depuis un bon moment. Et pourtant, cette lande stérile a révélé hier des ressources insoupçonnées. Effectivement, obsédée par le compteur de mots qui fait l'objet d'un checkpoint toutes les demi-heures, je n'étais pas tellement en position de réfléchir. Ca donnait plutôt du : "Des moooots ! DES MOTS PUTAIN IL ME FAUT TROUVER DES MOTS, viiiiiite ! N'importe quoi, n'importe quoi, mais que ça écrive, merde !" C'est comme ça que j'ai pu profiter de ma panne scénaristique pour rajouter deux nouveaux personnages à la louche complète, improviser de tout nouveaux concepts et sortir un flashback de ma manche l'air de rien... Tout ça pour 4211 mots. 10 pages, et même pas la moitié de l'objectif final, y'a de quoi être déprimé. Bon, j'avoue que côté concentration, c'était moyen-moyen, et la chatbox du forum n'y était pas pour rien. Il est donc légèrement difficile de se concentrer sur la genèse de la fin du monde tout en discutant yaoi et yuri à coups d'émotes-fouets. Ceci dit, je pense que je n'aurais pas pu, dans le meilleur des cas, compter sur plus de 1000 mots de l'heure, rapport au fait que le moindre article de ce blog me prend au moins trois heures (vous voyez maintenant combien je donne de ma personne pour que vous puissiez critiquer le pavétisme aigu de mes articles !)
Et autant écrire des pavés j'aime ça (j'appelle à la barre n'importe laquelle de mes présentations sur n'importe quel forum à n'importe quelle époque de ma vie), autant 7 heures plus tard je suis officiellement vidée de toute vigueur intellectuelle. Je n'en veux pour preuve que Kim, qui, les "oreilles plaquées sur les mains", avance dans une forêt "dense, beaucoup moins ne l'avait suspecté". Et comme si mon incapacité à parler ma langue maternelle ne suffisait pas, il fallait que derrière moi KGB et Wilbefast commentent leurs avancées en programmation dans la leur. Et s'il y a une chose pire que deux personnes qui communiquent dans une langue que l'on ne comprend pas, ce sont deux personnes qui communiquent dans une langue que l'on comprend alors qu'on essaye désespérément de se concentrer sur un texte d'une autre langue, damned anglophones !

Mais le pire était à venir [musique dramatique, trompettes, tambours et tout le toutim, mais pas trop quand même parce que j'ai pas trop de budget].
Le pire, ç'a été quand j'ai compris quel était le trait de génie de Wilbefast. Car, mesdames messieurs, le thème de cette 24ième édition de Ludum Dare est "Evolution", et dans un élan de darwinisme inspiré, Wilbefast nous a conçu une fable eugéniste dans laquelle il faut massacrer des bébés chats pour ne sélectionner que les spécimens les plus génétiquement viables et obtenir une super-mutation résistante à tout. Parce qu'attention, on ne peut pas découper les chatons à la tronçonneuse, non non, ce serait trop simple. On a le choix entre leur mettre le feu, les congeler à l'azote liquide ou les asphyxier avec du gaz. Au-secours-venez-m'aider, je crois que je ne quitterai jamais cette maison vivante.
Cependant, ça ne s'arrête pas là, non non. Les chats au début du jeu, n'ayant aucune résistance particulière, sont blancs. Toutefois, en fonction des résistances qu'ils développent, ils deviennent plus ou moins rouges (feu), bleus (azote liquide) ou verts (gaz), l'objectif étant donc d'obtenir un chat noir à toute épreuve. C'est à ce moment-là que KGB souligne que l'addition de toutes les couleurs donne du blanc, et non du noir, et qu'en conséquence il faudrait inverser la chromaticité des chats, ce qui reviendrait à devoir exterminer les noirs jusqu'à obtenir un chat blanc. Merci KGB, ou comment rendre un jeu néo-nazi en trois secondes.
N'empêche, du plus profond de mon cœur j'espère que c'est le manque de sommeil qui fait naître de telles idées dans le crâne de Wilbefast. Immoler des chatons, quelle horrible personne !
Flower Power, de son côté, n'a pas été transcendé de la même manière par la thématique de l'évolution. Il a en revanche longuement médité devant Box Car 2D, apparemment vivement absorbé par l'idéal de mutation génétique des voitures. Il demeurait ainsi, devant son écran, le regard vide impénétrable, et Nvidia seul sait ce qu'il se passait dans les remous de ce crâne vide tourmenté.

Quant à moi (ahahaha, je procède à l'alternance des héros dans cette histoire, tavu²), je me recueillais sur le Mémorial de Blaise Pascal, dans un incompréhensible élan théologique dont font déjà preuve les références de mon précédent article. Puis, tout naturellement, portée par mes récits de dévastation de la Terre, exaltée par les ravages que je déchaînais sur mon humanité, j'ai senti mon crâne résonner d'un pompeux "Now, I am become Death, the destroyer of worlds" qui faisait bouillir mon cœur sous l'ivresse du sadisme et de la toute-puissance, muhahahahahahha ! Ou alors, c'est parce que je me suis remise à jouer à Braid (les initiés comprendrons).

[Nous interrompons la rédaction de ce programme, chose dont vous ne vous seriez immanquablement pas aperçus, pour prendre une douche et jouer à League of Legends. Nous reviendrons après cette courte page de publicité.]

 

Rebonjour, rebonsoir. Merci de nous retrouver après ces quelques heures instants de suspension du programme. Durant la première partie de notre émission, vous avez donc été introduits à deux nouveaux personnages, Wilbefast-le-gros-sadique-violeur-de-bébés-phoques-qui-taffe-avec-le-diable-et-massacre-des-petits-chatons-mignons-tout-plein-ronron-miaou et Flower Power, le type au regard d'autoroute qui n'a pas trouvé la force de se débattre contre le pseudo tout mignon tout plein cœur cœur smiley cœur que lui a attribué KGB. Et pendant que les mâles sont allés chercher de la pizza, on m'a laissée là à jouer à League of Legends, en alternant Defensive Ball Curl et Lunar Rush dans la plus parfaite féminité. Et bien sûr, entre les parties, je ricanais encore en me prenant pour Oppenheimer.
Pourtant, je ne suis pas revenue sur mon texte de destruction du monde. Pour tout avouer, j'ai peur. Peur de ce que j'ai pu mindlessly débiter pendant mon rush de mots. Peur de me sentir comme les scénaristes de Fringe dans la saison 3, dont j'ai toujours eu l'impression qu'ils ont écrit un flingue sur la tempe, genre il leur fallait absolument trouver quelque chose vite vite dis un truc n'importe quoi sinon ta sœur va y passer. [ATTENTION SPOILER DE LA MORT QUI TUE LES CHATONS COMME WILBEFAST] euuuh ouais... alors euuuh... ils vont aller dans la tête d'Olivia et là euuuuh... bah eeeuh... tout sera en dessin animé et NON NON PITIE ME TUE PAS ils vont se faire attaquer par des zombies, sisi c'est cool les zombies pitié et puis après euh... euh.. ouais ben ils vont s'enfuir en zeppelin... ben parce que, y'avait un zeppelin sur le toit, je sais pas moi, merde ! [FIN DU SPOILER DE LA MORT QUI TUE LES CHATONS COMME WILBEFAST] En fin de compte, mon texte ne peut pas être aussi terrible que ça... mais ce n'est pas une raison pour prendre des risques inconsidérés en ouvrant le fichier, j'voudrais pas qu'il m'explose à la gueule moi !

Je me retourne donc pour voir comment mes amis programmeurs se débrouillent de leur côté. Et c'est là que je me rends compte que programmeur, c'est un bien grand mot. Flower Power joue à League of Legends, KGB, dans le souci de tester la base rythmique de son jeu, enfonce une touche toutes les secondes comme un attardé mental et Wilbefast, en dépit de sa cruauté sans limites, est le seul à avoir l'air un tant soit peu sérieux, entre ses séances de massacre de chats. Et bien sûr, le temps que j'écrive ces lignes, KGB s'est levé, s'est jeté sur moi, m'a écrasée de tout son poids, s'est exclamé "il faut que je fasse des bulles ! des bulles !" et est retourné s'asseoir. Tout est parfaitement normal.
A part ça, de temps en temps, ils prononcent un mot que je comprends, du style "fps" ou "polygone", et je me sens intelligente. Et puis de temps en temps aussi, pour châtier comme il se doit le manque de sérieux déplorable de Flower Power, je m'amuse à seeder comme une malade exercer une quelconque activité légale bandepassantophage, juste histoire de planter son fps à League of Legends. Muhahahahaha ! Now I am become Death, the destroyer of ratios ! Hélas, il a trouvé un autre jeu vers lequel se tourner. Je suis désespérée, j'ai tout essayé, je n'arrive pas à faire rentrer ce gosse dans le droit chemin ; et puisque maintenant Super Nanny est morte j'ai perdu tout espoir.
Il faut dire que le jeu qu'il a développé ces dernières 43 heures est un petit bijou, où l'on incarne une boule noire, et puis y'a des bandes jaunes qui descendent, des rectangles de couleur qui tombent, et il faut sûrement faire un truc avec ça. Lors de l'interview que Flower Power a eu la gentillesse de nous accorder (attention mesdames-messieurs, ceci est une exclusivité !), il a confié à notre rédactrice-trop-belle-trop-drôle-et-trop-intelligente (et surtout trop modeste) : "Il est bien ce jeu, je crois que je vais le vendre. Ou acheter des gens pour qu'ils y jouent."

Oh mon Dieu. Je viens d'entendre "surprise cat sex". Oh mon Dieu, oh mon Dieu, oh mon Dieu.

Bon, je pense qu'il va falloir que je vous laisse ici, chez lecteurs, je vais essayer de ramper à l'étage en-dessous sans me faire remarquer afin de rassembler mes affaires et prendre la fuite, avant que je ne finisse dépecée sur la table de la cuisine au cours d'un rituel dédicacé au Dieu-Mangeur-De-Chats. Ou dépecée pour une autre raison, puisque Flower Power ayant appris que je le mentionnais dans cet article m'a demandé si j'avais écrit des trucs gentils.
Je lui ai répondu que j'avais écrit des trucs honnêtes.

Adieu monde cruel.


PS: KGB vient de se mettre à chanter et Wilbefast miaule dans son micro. Je pense que le rite vient de commencer.

Pitié je ne suis pas une jeune vierge.

jeudi 23 août 2012

"Cette vie sans internet" ou "Arrkkkrrkrkofarkouic, que quelqu'un appelle un médecin, vite !"

Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie, que n'ai-je donc vécu que pour cette infamie ? Il est deux heures et demi du matin, et internet vient de me lâcher.

Quand ce genre de situation se présente, je suis contrainte et forcée de revenir à cette réflexion que j'ai tellement horreur d'entendre dans la bouche d'un adulte [non, non, je ne suis pas une adulte : j'ai 17 ans ter, moi, môsieur] : "on faisait quoi, avant d'avoir internet ?". Très bonne question : je faisais quoi avant d'avoir internet ? Je noyais, asphyxiais, menais à s'entre-tuer ou exposais à un mélange de vinaigre et de bicarbonate de soude de pauvres fourmis sans défenses. Mais non, je n'étais pas du genre cruelle, à arracher les ailes des insectes ou à les écraser sans pitié ! Je ne m'amusais pas à les brûler avec une loupe ou à les vaporiser d'insecticide, je laisse ça aux sociopathes en puissance qui assassineront des prostituées dans des coins de rue sordides en laissant des messages codés aux types d'Esprits Criminels. Non, non, j'étais parfaitement équilibrée moi ! Je faisais simplement des expériences, des expérimentations très ordonnées qui se montraient toujours très enrichissantes, bien que mes collaboratrices n'en récoltent que rarement les bienfaits. Je ne souhaitais ni les tuer, ni les mutiler, mais c'était quand même vachement drôle quand le bicarbonate de soude se muait en mousse effervescente et semait la panique dans la fourmilière. Pour le reste, je décline toute responsabilité : est-ce mon problème, à moi, si une fourmi ne se rend pas compte qu'elle n'arrive plus à respirer et continue sa descente sous-marine le long d'un bâton partiellement émergé ? Les fourmis sont cons, je suis désolée, j'y peux rien. Tout ce dont on peut m'accuser, c'est de non-assistance à fourmi en danger. Et de séquestration. Et d'attentat terroriste.
Et après on dit que les jeux vidéo portent à la violence ? L'absence de connexion et un demi-hectare de jardin portent à la violence, oui. Après avoir rejoué 147 fois le Seigneur des Anneaux, avoir tour à tour changé le gazon en lave, en marais nauséabond et en piques acérées, être devenue l'esclave de termites géantes et un vampire en embuscade dans les branchages, que me restait-il à faire à part méditer sur la mort avec mes amis les insectes ? Comme toute autodidacte qui se respecte, j'ai fait de grandes découvertes, qui méritent d'être reconnues aujourd'hui. Par exemple, une de mes épiphanies d'Halloween : vous saviez qu'une limace face à une bougie allait se rapprocher irrésistiblement de la flamme jusqu'à blanchir et finalement griller ? Genre c'est pas accidentel, c'est même pas de la connerie comme les mites, à ce stade, vu la vitesse fa-ra-mi-neuse à laquelle elle rampe vers sa mort, c'est carrément du suicide, sans doute un rite sacrificiel consacré à une divinité supérieure du panthéon limaçaire dans le sanctuaire de la citrouille ! Mais non, je ne suis pas sadique, je ne sais pas de quoi vous voulez parler ! D'ailleurs je n'ai jamais cherché à vérifier l'affirmation selon laquelle une fourmi serait capable de survivre plusieurs jours la tête tranchée. Ah bah tiens, en voilà une expérience qui manque à mon panel !.. Mais heureusement pour les fourmis, il est trois heures du matin, je suis en petite culotte, ce n'est pas le moment d'aller faire la chasse aux hyménoptères - bien que, j'en suis sûre, ça ne déplairait pas à mes voisins.

Bref, peu après ma période entomologiste, mais encore avant d'avoir internet, j'ai découvert les joies du jeu vidéo hors connexion. Je me souviendrai toujours de mon premier jeu : "Les Chevaliers de Baphomet : le Manuscrit de Voynich". Je me souviendrai toujours que j'ai passé près de trois heures coincée dans la salle au tout début du jeu juste parce que j'avais oublié d'essayer une combinaison d'objets. Je me souviendrai toujours de l'accent anglais douteux du héros qui passait son temps à me répéter "ça ne marchera pas" ou "je ne vois pas de raison d'essayer ça" alors que PUTAIN FAIS CE QUE JE TE DIS ESPECE DE BIFTECK A DEUX BALLES, tu vas pas me dire que ça a un sens de faire fondre du maquillage dans un gobelet à la chaleur d'un projecteur pour huiler une barre et faire s'effondrer le plafond pour que le coffre de l'étage au-dessus se casse en tombant quand même !? Je me souviendrai toujours de ce PUTAIN DE CHANGEMENT DE CAMERA dans la course-poursuite dans les souterrains qui faisait que je me mangeais systématiquement le mur au changement d'écran et me faisais coller une balle dans la poitrine par une russe à l'accent non moins douteux (c'est aussi ce jour-là que j'ai découvert comment activer les touches rémanentes). Et je me souviendrai toujours d'avoir retapé un quart d'heure de jeu juste pour entendre la fin d'un dialogue que j'avais interrompu sans faire exprès. "Je te lèguerai ma collection de Tintin." Putain.

Malheureusement, aujourd'hui, la grande majorité de mes jeux sont sur Steam. Steam, ce gros connard qui te dit que même pour jouer à Beyond Good and Evil, il te faut internet, alors que putain y'a cinq ans t'y jouais tranquille sur ta PS2 en rushant au maximum parce qu'au fait, c'est ballot, t'as pas de carte mémoire. Mais putain, au moins quand je jouais toute seule tranquille pendant les cours et que je rentrais le soir voir la promo du week-end sur Steam, y'avait pas ce PUTAIN DE STEAMCLOUD pour m'effacer mes sauvegardes à Bit Trip Runner et Super Meat Boy. Je crois qu'il n'y a rien de pire que de finalement réussir à passer un niveau après des heures et des centaines d'échec pour relancer le jeu et t'apercevoir que t'es revenu au tout début du monde. Bref, Steam est une pute, et si tu payes pas d'avance en connexion internet, t'es baisé (ou plutôt pas baisé si on veut suivre la métaphore, mais bon, ça devient légèrement douteux...). Alors je checke les icônes sur mon bureau, et je m'aperçois que les seuls jeux que je n'ai pas sur Steam sont Rift, Aion, The Secret World et League of Legends. Youhou, j'ai même l'icône Wakfu ! Est-ce que bordel il est encore possible de faire quoi que ce soit sur un PC sans internet aujourd'hui ? Ah, oui, je peux toujours squatter le compte Minecraft de KGB pour faire une partie solo. Mais mais mais c'est qu'il faut se connecter au serveur Minecraft pour vérifier les identifiants, FORMIDABLE.

Bon, je rage un peu vite ceci dit, j'ai une quantité non-négligeable de jeux sous disques, autre symptôme de ma stockonite aigüe. J'ai donc une quantité non-négligeable de jeux sous disques, dans mon autre maison. Seigneur Nvidia, ça y est, c'est sûr, je ne hais plus simplement les déménagements, non : les déménagements sont la quatorzième plaie d’Égypte, les déménagements sont le treizième travail inachevé d'Hercule. Les déménagements provoquent le lupus, bouffent ta bande passante, tuent les bébés phoques. Les déménagements sont l'incarnation du Mal sur cette terre, l'alpha et l'oméga de l'inhumanité. Les déménagements... oh putain j'ai sauvé Oblivion !

Bon, maintenant, j'aimerais que quelqu'un m'explique pourquoi je suis allée caser mes sauvegardes d'Oblivion dans un sous-fichier d'un sous-fichier d'un sous-fichier dont j'avais oublié jusqu'à l'existence ? Pourquoi est-ce que mes fichiers de jeux sont mieux cachés que du pr0n ? Est-ce qu'à un moment je me suis dit que "Antichambre du sanctuaire", "Logement des serviteurs" et "Hôtel du Comté" ça faisait des noms de lieux vachement appropriés pour une levrette ? On est dans Oblivion bordel, pas dans Game of Thrones !
Et puis merde encore, ma dernière sauvegarde est dans un souterrain, et j'ai HORREUR des souterrains dans Oblivion - comme dans n'importe quel jeu d'ailleurs. Surtout quand ils ont plusieurs étages. Surtout quand t'as un bruit de fond trop creepy qui vient se substituer à la musique du jeu. Surtout quand tu sais plus si t'es entrée par la droite ou OH PUTAIN, OH PUTAIN Y'A UN TRUC LA c'est juste une caisse éventrée. Bref, je laisse tomber Oblivion.
Sinon, maintenant que j'y pense, j'ai piraté acheté en bonne adepte du néo-libéralisme en pleine crise financière Les Sims 3 et chacun de ses disques additionnels à 40 euros et de ses kits parfaitement useless à 20 euros, parce que c'est vrai que je n'ai que ça à faire de mon argent, j'en ai tellement que je préfère le donner à des entreprises en difficulté comme EA Games ! Bref, je pourrais jouer à ça, mais comme je l'évoquais ici, ma blondasse en mini-jupe adepte du cuir va certainement mourir vierge, et j'ai fini par me rendre à l'évidence que ce jeu me dépasse.

Il est 4 heures moins le quart et internet n'est toujours pas revenu. Listons les choses utiles que je pourrais faire en profitant de l'absence d'internet :
- Dormir > C'est surfait, comme dirait un polytech me traînant en boîte veille de DS.
- Ecrire > J'ai le choix entre revenir sur la pièce de théâtre que j'ai fini depuis un an mais sur laquelle je reviens à chaque fois que je sais pas quoi faire ou être en panne d'idée sur n'importe quel autre projet.
- Lire > Mon bouquin du moment est dans la voiture dehors, il est maintenant 4 heures moins dix et je suis toujours en petite culotte.
- Regarder un film > Excellente idée si je l'avais eue il y a deux heures. Vraiment, quelle faculté à trouver la réponse appropriée au bon moment, je m'impressionne.
- Cliquer au hasard sur des dossiers et faire le concours du plus grand nombre de sous-dossiers > Bah voilà, en voici une idée productive !
Sinon, à propos de démonstratifs je peux toujours feuilleter le numéro de "Voici" que ma mère m'a balancé sur la gueule ce matin dans une naïve mais pleine d'espoir tentative pour me sortir du lit.

Ou bien, en féministe qui se respecte, je peux faire une analyse de mon dossier spécial Bonjour Madame & Cie et regarder quelle proportion j'ai de brunes, de blondes et de rousses et combien il y a de photos en noir et blanc.

Oui, je m'ennuie vraiment à ce point-là.

J'ai donc 78 brunes, 28 blondes, 15 rousses, 1 fille aux cheveux bleus et 13 dont la couleur de cheveux est impossible à déterminer ou... plus que... secondaire... *tousse*. Dont 68 clichés en noir et blanc, soit un peu moins de la moitié des fichiers.
Ah et oui, quelque part, qui traînent, j'ai aussi une blondasse accroupie sur une échelle de piscine, parce qu'elle peut, et deux brunettes qui font le grand écart sur le rebord d'une piscine, parce qu'elles peuvent. La logique des shooters de photos pornographiques érotiques est indiscutable.

Il est bientôt 4 heures et demi, ce qui veut dire que je me lève dans quatre heures pour mon rendez-vous chez le coiffeur, et comme internet n'est toujours pas revenu, je ne peux pas publier. Putain.

13h37, l'heure du geek par excellence. Mais 4 heures de sommeil et une séance de coiffure plus tard, internet n'est toujours pas revenu. Je commence à m'inquiéter sérieusement : et s'il ne sortait jamais de ce coma ? Si les traumatismes étaient trop graves, les séquelles irréversibles qu'il ne puisse jamais totalement recouvrir ses capacités intellectuelles ? Oh, non, mon pieu, je ne sais pas si je serais capable de prendre la décision de le débrancher... De mon côté, je suis épuisée. Les longues heures de veille auprès du malade m'ont comme vidée de ma substance. Je sens bien, par exemple, l'affaissement de ma vivacité intellectuelle. Que de tourments m'habitent !
Ah ben tiens, j'avais pas pensé à un truc : j'ai l'application LeMonde.fr sur mon mobile, je vais tout de même pouvoir me tenir au courant de l'actualité internationale afin de préparer comme il se doit les concours en journalisme ! Parce que oui, j'entends guetter les grands évènements qui vont ponctuer cette année afin de me donner les moyens d'accéder aux meilleurs études possibles dans ma filière. D'ailleurs, j'avais déjà un article du Monde ouvert sur mon portable :

"Que de bordels en Europe !"

Oui, comme à chaque fois que je lis les journaux, je me dis que je vais essayer de comprendre la guerre en Syrie, de voir l'évolution des révoltes dans les mines d'Afrique du Sud, de suivre le cas Assange ou de découvrir quels sont les derniers condamnés du régime chinois et je finis par lire des articles sur des termites kamikazes ou des études sur la pratique de la levrette en France. Vous saviez que chez un certain type de termites qui semblent stocker des cristaux bleus à l'intérieur de..?

1h15: Ô rage, ô désespoir, ô Macintosh ennemi ! Ma connexion est toujours muette. J'en viens à me demander si mon fournisseur d'accès internet ne se foutrait-pas-un-peu-de-ma-gueule-quand-même. Je me dis que peut-être il serait temps de try turning it off and on again, mais je me dis aussi que ma mère dort dans la même pièce que la box, et que j'ai envie de voir le jour se lever demain.


Alors, au bord du précipice, il ne me reste plus qu'une seule solution, puisse Eru Ilúvatar sauver mon âme : je vais faire la même chose qu'avec mon dossier Bonjour Madame & Cie, mais avec mon dossier de nekos.
Et j'ai donc 39 brunes, 23 blondes, 10 rousses, 15 avec les cheveux blancs ou gris, 1 avec les cheveux bleus, 6 avec les cheveux roses ou violets, et 3 avec les cheveux verts (merci aux japonais d'introduire un peu plus de diversité, comment avez-vous deviné que j'adorais le calcul mental ?). Et à partir de là, je vous préviens, la prochaine étape, c'est avec les personnages de League of Legends. Oui, je sais, c'est beaucoup moins aguichant. Mais bon, au pire, vous pouvez toujours tenter de vous imaginer Rammus en bikini et... et... oooh... et... aaah... et... Oh, excusez-moi, j'ai été un instant troublée par une telle explosion de sex-appeal (surtout ne le répétez pas, mais quand j'étais petite, je pensais que c'était sexe à piles).

12h59 : Joie ! Joie ! Joie ! Pleurs de joie ! comme dirait l'ami Pascal. Je m'en suis séparée. Dereliquerunt me fontem aquae vivae. "Internet me quitteras-tu ?" Que je n'en sois pas séparée éternellement.
Oui, en résumé, internet est revenu. Je vais donc pouvoir reprendre le cours de ma vie, lire LeMonde.fr, checker les réponses que j'ai eu sur les forums politiques et... joueeeeer à des mini-jeeeeux sur facebooook cœur cœur smiley cœur !

14h21 : Ô rage, ô désespoir, ô putain de merde ! Alors que j'étais tranquillement en train de rédiger une réponse sur un forum, ma connexion vient à nouveau de se faire la malle. Ô détestable petite chose.

15h06 : Et la voilà, de retour, l'air de rien, genre "Ah bon, t'avais besoin de moi ?" Je la suspecte vivement d'être de mèche avec Erwan [ndlr: mon téléphone portable] qui a mis en place trois stratégies diaboliquement mesquines pour me faire chier :
1) Il reçoit certains messages avec trois heures/jours/semaines/mois de retard. Mais attention, pas n'importe quels messages, et pas dans n'importe quels délais. "Hey, salut, je suis devant chez toi, je peux passer ?" Trois heures de retard. "Si tu veux passer récupérer ton chapeau, je suis sur Montpel aujourd'hui." Trois jours de retard. "Au fait, mardi prochain on a pas géo." Trois semaines de retard. "Tu me manques. Vivement demain qu'on se voit !" Trois mois et une rupture de retard.
2) Mais attention, quand il reçoit les messages, tout n'est pas gagné pour autant. Car ce petit daeva a mis au point un sortilège hautement sophistiqué : il mélange les messages que je reçois à de vieux messages, faisant survenir au beau milieu d'une phrase des vestiges d'une ancienne discussion. J'ai ainsi eu droit un jour à un magnifique "je t'aime mes fesses :o" qui restera dans les an(n)ales. Et là encore, mon portable semble spécifiquement cibler les moments-clefs de ma vie, genre un message revenant sur une rupture encore toute fraîche à l'époque et qui est toujours demeuré incompréhensible à mes yeux, rapport au fait que voilà, je me voyais moyen-moyen demander "Ouais, dis-moi, le discours que t'as fait sur de toute façon on reste amis/je compte encore pour toi/t'as grave les boules/ou n'importe quoi d'autre parce qu'en fait j'ai pas une seule phrase en entier, c'était quoi du coup ? T'es deg' ou pas au final ?"
3) Sinon, tout simplement, mon portable fait de temps à autres une crise existentielle et déclare que "le réseau, c'est has-been". Il décide donc tout simplement, sans préavis, de ne plus capter, alors qu'il n'a pas bougé d'un iota depuis le dernier appel qu'il a reçu avec toutes ses barres, ne me laissant d'autre choix que de le turner off and on again. Et bien sûr, là encore, c'est toujours quand mon agent immobilier doit me rappeler ou que j'attends le signal de quelqu'un pour commencer à me préparer. Genre je kiffe qu'on sonne à ma porte alors que je suis en culotte, pas douchée, pas maquillée et que j'ai encore les sacs de courses au milieu du couloir. "Le réseau, c'est tabou, on en viendra tous à bout !".

Mais bon, comme cette petite fouine de connexion semble avoir quelque peu stabilisé son comportement, avant qu'elle ne se décide à nouveau à changer d'avis :

FEU. (mais pas depuis environ dix heures et demie du soir jusques environ minuit et demi, n'en déplaise à Pascal, j'ai envie de profiter un peu plus longtemps de l'ADSL) [Les littéraires me comprendrons, ndlr].