dimanche 31 mars 2013

Cuite à l'étouffée et aux petits oignons

Je vous l'annonce direct : ce post fera encore dans le glamour (deux fois de suite, c'est dur, je sais, mais ça fait partie de mon charme...).

Vendredi, ou plutôt hier matin, pour la première fois de ma vie EVER, j'ai vomi à cause de l'alcool.

De façon totalement improbable vu la quantité d'alcool que j'ai ingurgité, mais certainement rapport à quatre points :
1 : pour raison de potes de fac abusément raisonnables, je n'ai pas bu sérieusement depuis le Nouvel An, et avant ça depuis la rentrée de septembre, et avant ça depuis le mois de mai
2 : pour raison de flemme intense, je n'avais rien avalé depuis la veille midi
3 : pour raison inexpliquée, ça fait une semaine que j'ai des maux de ventre qui popent sporadiquement et me donnent de base l'envie de faire du yoga au-dessus de la cuvette
4 : pour raison d'emploi du temps de dingue, et qui justifie aussi tous les autres points, je suis tout le temps fatiguée et stressée, et je n'ai pas eu un jour de repos depuis la mi-février

N'empêche que moi qui buvais entre 4 et 5 soirs par semaine quand j'étais en prépa, je n'aurais jamais cru que la fac était austère au point de me déshabituer de l'alcool. C'est vrai ce qu'on dit : tous des branleurs.

Alors que j'étais agenouillée en train de retapisser la moitié de mes chiottes, je me rappelle avoir eu quatre pensées :
1 : c'est vraiment pas normal que je me sente mal avec ce que j'ai bu
2 : c'est tellement horrible que je ne veux plus jamais être bourrée de toute ma vie EVER (comme quoi la naïveté du bourré est universelle)
3 : l'avantage c'est que je suis tellement mal que c'est KGB qui va nettoyer derrière moi (il m'a même préparé du pain grillé, ce type a gaaaagné sa place au paradiiiis, et si un aaaaange passe, paaaaaart avec lui...)
4, et la plus importante de toutes : je viens de ruiner en l'espace de quelques instants une vie (de 19 ans) de réputation : "Je n'ai jamais vomi à cause de l'alcool." Boom. Fini. Le bon côté des choses, c'est que ça ne vient que renforcer ma réputation de "je n'ai jamais eu la gueule de bois", parce que, au moment où j'écris ces premières lignes, le samedi à 7h du matin, soyons honnêtes, je suis encore totalement défoncée, mais dans une forme monstrueuse.

Si bien que ma première pensée en me levant, ou plutôt ma deuxième après "putain KGB m'a vue vomir" (ça faisait des mois qu'il avait pris de l'avance et que je me foutais de sa gueule à la première occasion), ça a été "putain (oui, je jure beaucoup au saut du lit, c'est mon côté distingué), je suis en forme comme je l'ai pas été depuis des mois, l'alcool c'est GENIAL !"


Un grand classique, dont on ne se lasse pas pour exprimer son entrain.

Ma troisième pensée a ensuite été "pourquoi je suis entièrement nue ?". C'est le moment où KGB m'a appris que j'avais pris une douche, et ma seule réaction a été : "oh non ! si j'ai pris une douche bourrée, je suis sûre que j'ai oublié de me faire un soin des cheveux !" Comme le dit si bien le rideau déroulant de ce magasin devant lequel je passe tous les jours : "I'm superficial, whatever !"

Bref, une partie de moi s'est éteinte, dans la nuit, alors que je dégurgitais pour la première fois depuis des années. La partie de moi insubmersible, invincible, à laquelle je rattachais mon identité toute entière, la partie de moi "vite pétée, jamais déchirée" qui m'a valu tant de bénédictions. Je pleure une Shania à la réputation d'épicité aussi intense qu'une couleur au sortir du coiffeur. KGB est certes la preuve qu'on peut rester épique tout en ayant déjà souillé son âme de vomis, ce n'est pas une raison. Et puis surtout, maintenant, je ne suis plus en position de me foutre de lui. Zettai yurusenai.
A cette occasion je me remémore toutes les fois où j'ai été vraiment mal, mais pas à ce point quand même. Sentiment qui réfère à deux soirées :
1 - Un anniversaire, d'un type que je connaissais à peine, auquel j'avais accompagné Meta-link qui était mon copain à l'époque. J'ai bu de façon à peu près normale au cours de la soirée, un peu de bière par ci, un peu de vodka par là... Puis, petit à petit, tout le monde est allé se coucher. Restaient dans le salon Meta-link et moi et un autre couple. Meta et la fille étaient plutôt partis pour dormir, le mec et moi plutôt partis pour continuer la soirée. Dans notre infinie solitude, nous nous sommes donc mis en quête d'une bouteille pour nous accompagner au travers de cette douloureuse épreuve. Nos recherches s'avérèrent infructueuses, jusqu'à ce s'ouvre devant nous la porte du réfrigérateur... Et là il n'y avait non pas une, non pas deux, mais TROIS bouteilles de rosé intactes qui nous attendaient. Je sentais vaguement que si elles étaient là, sagement rangées, c'est qu'elles ne nous étaient pas vraiment destinées, mais le type n'avait pas les mêmes considérations que moi. Elles étaient là, nous aussi, ça ne pouvait pas être plus clair. Leur consentement n'était pas à questionner.
Je garde de la première bouteille de rosé d'excellents souvenirs. On a évoqué des sujets sensibles, j'ai beaucoup pleuré, alors on a enchaîné sur la deuxième bouteille. C'est là que les choses se sont compliquées. J'ai commencé à la sentir passer. Enfin je suppose, parce que mes souvenirs à partir de là se sont tous défilés face à une unique et obsédante pensée : si je bois davantage, je vais vomir, et perdre ma réputation.
Ainsi, à l'aube de la troisième bouteille de rosée, j'ai capitulé. J'ai rendu les armes face au liquide translucide, déjà plus trop lucide. Le reste de la soirée, je le connais par une série de photos de moi, toutes plus fraîches les unes que les autres, où l'on voit, progressivement, le ciel s'éclaircir par la porte-fenêtre derrière moi. Apparemment, quelqu'un nous a rejoint au niveau d'une demi-bouteille de rosé, qui était selon moi soit la deuxième, soit la troisième. Et sans doute encore un autre individu, à l'approche de l'aube, ou alors la personne qui a pris les photos à partir de ce moment-là a un bras très long et très flexible. Je pense que le mieux c'est ma tante qui a commenté sur une de ces photos d'une élégance rare où j'ai l'irrésistible sourire d'un cochon de lait que j'allais bien dessus. Mais le lendemain matin, c'est à dire trois heures plus tard, j'avais une pêche d'enfer. Et une grosse trace de rouge à lèvres sur le menton.
2 - La fameuse soirée où j'ai rencontré KGB, et que j'ai déjà relatée dans cet article.

Pour votre information, quand je suis bourrée, je ressemble à ça :


Ceci est extrait de ce qui est sans doute une de mes scènes préférées EVER de Soul Eater. Et je suis aussi dans l'obligation de vous dire qu'à ce jour, et depuis environ deux à trois mois, le rire de Patty est devenu mon rire. Et non, pas que quand je suis bourrée.

Bref, revenons à présent sur la soirée de vendredi qui a signé ma destruction.

C'était une bonne soirée. Je n'ai pas vu passer les premières heures, ni les premiers verres. Je les ai dosés à mon habitude : beaucoup trop. Mais j'avais foi en moi, voyez-vous, en ma capacité légendaire à ne jamais boire au point d'en être malade. Ca m'a fait l'effet d'avoir planté mon partiel de Politique Comparée en Dictatures : échouer à l'épreuve la plus simple, la plus élémentaire, parce que j'ai voulu dépasser les limites imposées. Mais reprenons, pêle-mêle, les évènements notables de cette soirée.

[Ah, c'est le moment tant attendu du coup de gueule !]
Apparemment, l'hôte aurait râlé parce que j'aurais vraisemblablement renversé une bouteille au moment de partir. Ca ne me ressemble pas trop (n'en déplaise à Flower Power chez qui j'ai renversé UNE bouteille de bière UNE fois parce que je ne savais pas que sa table penchait, et qui depuis me considère comme le démon absolu), mais enfin je suis naturellement maladroite, et vu que la Chaudière n'a pas arrêté de me verser du Red Bull dans mon verre à la moindre occasion et que la molécule du taureau a une forte propension à révéler mes liens de parenté cachés avec une bouncing ball et Nicolas Sarkozy, cette possibilité n'est pas à exclure. J'en suis platement désolée et tous les ronds de jambes qui vont avec, mais enfin tu fais pas une soirée si t'as peur que ce soit le bordel après. Ou alors tu t'attends à ce qu'il ne se passe rien, et alors ta vie est encore plus plate que mes excuses. J'aurais bien aimé le voir s'il avait eu l'appartement de Salamander.
Aaaah, Salamander. En voilà un dont l'abnégation était sans limite. En l'espace d'un mois, on (et on, ici, ne me désigne pas, ou juste en guise de figuration, car à l'époque je buvais tous les soirs et savais donc un minimum me tenir - en fait je buvais juste assez pour ne pas avoir à m'occuper de ceux qui étaient vraiment bourrés, niark niark) :
- a vomi sur ses plaques de cuisson (putain, même si j'étais pas là, je manque de m'étouffer rien que d'y repenser)
- a repeint l'intégralité de ses murs avec de la chantilly
- a démembré ses oreillers et déversé le contenu en pluie fine et délicate
- a renversé le contenu de sa poubelle dans tout son appartement
Même moi, si on revient sur l'année passée, on se rappelle que :
- on a explosé une des jardinières que ma mère m'avait naïvement amenées dans l'espoir sincère mais vain que je m'intéresse à la vie de la flore (alors que bon, autant un chat c'est mignon à observer, autant une fougère c'est pas des plus vifs, et ça s'intéresse à rien)
- le Goujon a réduite en morceaux ma table en (faux) marbre à un mois de mon état des lieux, elle m'a coûté 45 euros à remplacer et je n'ai pas demandé remboursement
- l'Irlandais a cassé net la poignée de ma porte d'entrée (bon, j'admets que cette fois, j'étais aussi un peu impliquée... mais c'est sa faute, aussi, il n'avait qu'à pas opposer de résistance... rentrer réviser ses concours, je vous jure, on n'a pas idée... si j'avais su je l'aurais attaché avec du Chatterton, comme pour la Cigale)
- on a dormi à 7 dans mon lit, avec une personne sur mon fauteuil de bureau et deux autres par terre dans mon couloir, ne me laissant que la baignoire pour dormir, sans oreiller ni drap, ce dans mon propre appartement
Et pourtant je n'en ai jamais voulu à personne.
[/Ah, ce n'est plus le moment tant attendu du coup de gueule !]

Donc, reprenons, au fil de cette soirée  (zavez remarqué que j'aime beaucoup faire des listes aujourd'hui ?) :
- comme évoqué précédemment, la Chaudière s'est fait un gage de réussite personnelle de verser le plus de Red Bull possible dans mon verre à mon insu ; ce type ira loin
- je suis passée au travers d'une chaise, j'ai faillit culpabiliser à mort avant d'apprendre qu'elle se déboîtait l'assise comme je me déboîte la cheville ; plus de peur que de mal
- la Chaudière m'a bu dans la main ; ce type ira vraiment très loin
- je suis passée au travers d'une seconde chaise après que le Goujon se soit assis sur mes genoux de manière impromptue ; aucune idée de la proportion de peur et de mal
- je me souviens vaguement avoir fait hue dada sur un dos qui devait être celui de la Chaudière ; ce type ira tout de suite beaucoup moins loin avec moi sur son dos
- j'ai pu discuter un moment avec le Loup, ce qui m'a fait plaisir même si j'ai pu constater que le Renard se prenait toujours pour une hyène ; POPOPOOOOOO ! ; j'en conclue donc que la hyène est en fait une Belette
- guidée par un instinct surhumain, j'ai découvert que le pommeau de douche de l'hôte émettait une lumière verte ; oui ma curiosité est rare mais irrépressible
- le Goujon, la Chaudière et moi avons trouvé la route vraiment très confortable, et le trottoir aussi ; ne faisons pas de jaloux
- on m'a confié se souvenir de moi grâce à une photo légendaire impliquant un glaçon et qui me suit depuis maintenant un an et demi ; non n'insistez pas
- j'ai repéré un groupe de gens dans le tram et ai entrepris de les complimenter de manière systématique sur tout ce que j'appréciais chez eux, et ai même récupéré un numéro ; je ne sais pas trop quoi en faire
 La liste pourrait encore s'allonger un moment, mais se diluerait alors autant que le soft dans mon verre, et je pense nécessaire d'y apporter un point final. A la liste hein, pas à l'article, désolée de vous avoir donné de faux espoirs.

Toujours est-il qu'alors que j'amenais un petit train de deux passagers en gare de toilettes-de-chez-Shania-juste-à-côté-de-la-salle-de-concert-où-on-allait-et-alors-putain-pourquoi-j'ai-dû-traverser-la-moitié-de-Montpellier-aller-retour-pour-prendre-l'apéro, je suis descendue à cet arrêt. Ô amers regrets. Ceci dit il paraît que je me suis allongée au bas de mon lit, que j'ai roulé par terre et ai fini par me nicher dans l'immense tas de vêtements pour lesquels j'ai pas de place dans mon armoire, donc ce n'est peut-être pas si mal que je m'en sois arrêtée là. Bon ok, d'accord, c'est super mal, et la Chaudière n'a eu de cesse de me faire râler en me racontant par la suite tous les moments improbables que j'ai ratés. Il dit ça sans soupçonner tous les moments improbables qu'IL a raté parce que JE n'étais pas là et qu'il est bien connu que je suis ZE must have de n'importe quelle soirée digne de ce nom. Bon, d'accord, je le hais. Je le hais et en même temps pas tout à fait puisque j'ai appris que le Goujon et lui étaient partis à ma recherche, sans savoir où se trouvait mon nouvel appart, et sont bien entendu rentrés la queue entre les jambes. Comme c'est touchant. J'en pleurerais presque. Oh eh ça va, presque j'ai dit.
Bien sûr, je me suis sentie digne d'Andréa la poubelle tout le lendemain. Mais pas parce que j'avais mal à la tête où quoi que ce soit de ce genre, je vous rappelle que ma réputation de jamais-gueule-de-bois-risée tient toujours, et même encore plus maintenant que plus personne ne peut me dire "c'est parce que tu n'as pas assez bu". Non, juste parce que même si j'ai, d'après la Chaudière, "embelli [sa] soirée, et un peu arrosé [sa] soirée et [sa] tête", OUAIS SPECIALE KASS-DEDI A LA CHAUDIERE CE SOIR parce que je lui ai promis, j'ai très certainement été intenable. Et surtout parce que cette soirée était prévue comme mon seul moment de détente et de relâchement depuis et pour un moment. Alors que la moitié ait sauté, ça m'a tout de suite mise face au reportage que j'étais censée faire mais pour lequel j'ai pas eu le temps de récupérer un micro et au mail d'un gars d'Ubisoft à qui je devais répondre. Ca a l'air cool, comme ça, hein ? J'aimerais vous y voir. Et surtout vous m'y voyez, moi ? Moi qui suis incapable de prendre l'initiative d'une question ? Je suis déjà terrifiée au moment de demander à Karma à quelle heure on se retrouve pour aller au ciné - d'ailleurs faudrait peut-être que je songe à lui envoyer ce fameux message, hein, juste histoire de pas me retrouver à la rue, mais enfin je dis ça je dis rien... Alors bon, bien sûr, j'ai passé une journée entière à me ronger les sangs parce que je n'arrivais pas à rédiger un putain de mail et à passer un putain d'appel. Du coup j'ai tout remis au lendemain. C'est à dire à aujourd'hui. Putain, je te hais Shania d'hier. Même la rédaction de cet article, je l'ai repoussée, parce que comme vous pouvez le constater, je suis en panne de mon humour légendaire, de mes bons mots qui vous transcendent et vous font organiser un culte en mon honneur au cours duquel vous faites des offrandes à une statuette à mon effigie. Ou plantez des épingles dans une poupée vaudou, au choix. J'ai bien conscience de vous avoir habitués à mieux, mais enfin, on ne peut pas toujours être au top. Vous comprenez, à force d'être trop mythique, je m'essouffle, moi ! Et puis m'imaginer complètement déchirée compense un peu, j'espère.

A part ça je voulais vous faire partager cette photo de chaton des sables :

On voit tout de suite la différence culturelle entre KGB et moi : moi je trouve que le ratio oreilles / tête de ce chaton se rapproche du ratio boobs / tête des meufs dans Sekirei, lui trouve qu'il ressemble au Nemesis dans EVE Online :

Ce garçon a beaucoup d'imagination. Ou d'obsession.
 
Ah, et il paraît qu'on vient de changer d'heure, même que c'est La Poste qui l'a dit. Le fait que je sois réveillée depuis 5 heures en est d'autant plus prometteur pour mon avenir de ce soir. Yihou.