samedi 21 juillet 2012

Au pays dagad'Aragon il y avait tugud'une fille qui aimait les glaces au citron et vanille

J'ai définitivement passé trop de temps avec KGB et la Cigale cette année. Je dis ça rapport au fait que sur une soirée passée à Barcelone, j'ai passé plus d'une heure assise Plaça Catalunya avec KGB à mater le cul de toutes les passantes et en les notant sur une échelle que je n'oserai pas citer ici.

[A part ça, j'écris actuellement dans une position dans laquelle je n'aurais pas cru possible d'écrire, Shawn à peine ouvert, à la verticale, sur mes genoux, de sorte à ce que je passe à peine mes mains et ne peux pas voir l'écran, coincée par le fauteuil baissé de mon voisin de devant dans le bus qui me ramène en France.]

De retour en France et à l'horizontalité, je suis enfin capable d'entrouvrir mes yeux tout plein de sommeil afin de faire le point sur mon séjour en Espagne. Globalement, sur 10 jours passés chez nos voisins hispaniques, j'ai dû en passer 6 à dormir, 3 à regarder des séries, et 1 à faire des choses effectivement utiles comme manger des chocalates con churros ou admirer le paysage. Ah oui, j'ai aussi joué aux Sims, un peu. Je vous demande pardon de ruiner ainsi l'estime que vous pouviez avoir de moi, mais je reste perpétuellement fascinée par le manque de réalisme de ce jeu. Je n'ai aucun problème avec le fait qu'un sim reste enfermé pendant des heures dans la salle de bain parce que le chat s'est endormi devant la porte, passe encore que la DDASS ne vienne pas chercher mon bébé qui dort sur le gazon à côté de la poubelle parce que j'ai la flemme de trouver un emplacement pour le berceau, mais il y a un moment où le jeu dépasse tout simplement les bornes. Ma blondasse en mini-jupe adepte du cuir va certainement mourir vierge. Ca me dépasse totalement. Mais passons.
Ce séjour en Espagne a donc été l'opportunité pour moi de célébrer le disque dur de mon ordinateur en découvrant ou retrouvant Generation Kill, Game of Thrones, The Big-Bang Theory, How I Met Your Mother et Futurama. En résumé, j'ai passé mes journées dans un lit à contempler des balles, des désastres sociaux et des levrettes en HD. Franchement, j'ai connu pire que deux semaines de freeleech sur mon tracker. Mon disque dur, en revanche, a un peu de mal à s'en remettre. Heureusement que le disque dur externe de KGB est là pour lui porter assistance dans les moments difficiles. (Oh fuck ça veut dire qu'en cas de rupture, va falloir s'entendre sur le partage des fichiers. Bon ben je resterai avec KGB rien que pour pas risquer de perdre la garde de Game of Thrones, et puis aussi parce que la Cigale a dit que ça lui briserait le cœur si on se séparait. Pfff, obligée de sacrifier ma propre vie pour préserver le bonheur des autres !)
En bref, ce séjour a été l'occasion pour moi de faire exactement la même chose que d'habitude, mais à plus haute fréquence, ce que je ne croyais pas humainement possible vu ma bande passante et l'argent que je claque à chaque promo sur les DVDs. Amazon.fr est un peu le steam du cinéma pour moi.

A ce sujet, j'ai explosé de rire quand j'ai vu cette image sur 9gag:


Navrée pour cet aparté, mais j'avais besoin de partager les yeux brillants de Patrick, je le trouve tellement émouvant dans cette performance...

Du coup, pour en revenir à nos moutons, ou plutôt à nos pingouins vu que je fréquente un linuxien, j'ai passé ces deux dernières années à stocker un nombre de films et de séries qui me dépasse totalement et dont je ne suis pas sûre de venir à bout un jour. Je suis comme ça, je souffre de stockonite aigüe. Mais c'est quand même moins flippant que de jeter un œil à ma bibliothèque. Ainsi, bien que j'ai pratiquement arrêté d'acheter des livres depuis un an passé, je dénombre au minimum 300 ouvrages restés vierges, qui essayent désespérément de me faire les yeux doux depuis leurs étagères respectives. Je pense que le rayon le plus dramatiquement délaissé est celui des livres de philosophie, depuis que j'ai compris que mon anthologie de textes de terminale constitue un bien meilleur rapport temps investi/note au DS que la liste de lecture distribuée en début d'année. Je manque chaque fois de m'étouffer quand mes profs s'extasient sur mon "incroyable culture philosophique", clamant que c'est "impressionnant d'avoir lu autant à [mon] âge". Microsoft me garde si l'un d'entre eux découvre un jour la supercherie et s'aperçoit que je ne connais en réalité que quinze lignes de chaque auteur. Mais nous nous éloignons du sujet, et nous devrions laisser là ma bibliothèque bodybuildée dont je me demande chaque jour comment elle peut supporter un tel poids. Ils se foutent pas de votre gueule, chez Ikea, ils vous filent des meubles sous stéroïdes.
Et là je réalise subitement qu'il va me falloir sacrifier une étagère pour mes bouquins de politique et de journalisme. Mais à la réflexion je crois que je n'aurai pas besoin de 10 dictionnaires d'anglais cette année, alors c'est un faux problème. J'hésite entre les transformer en armes de jet ou les ficeler à un balai et en faire des massues. Dans les deux cas va me falloir un permis de port de littérature.

Mais nous nous éloignons de l'Espagne et de mes preuves de bonne volonté: j'ai quand même pris 5 livres avec moi pour le séjour ! Ce qui se traduit par : j'ai lu un chapitre de Do Androids Dream of Electric Sheep par Mr. K. Dick, et j'ai alourdi mon sac inutilement. Ce qui est relativement secondaire tant qu'il reste vautré sur un lit à Villel, mais est pas top top du pot de miel quand je dois me le trimballer sur les ramblas à Barcelone. Heureusement que KGB est un homme fort *tousse* et serviable. Et puis l'avantage, c'est que rester une heure assis sur un banc Plaça Catalunya à mesurer la platitude des barcelonaises, ça m'épargne de devoir soulever ce maelström de vêtements, de bouquins, de vêtements, de DVDs et de vêtements.
On aurait tort toutefois de penser que mon séjour en Espagne s'est limité à des blagues douteuses et des gémissements en VOSTFR. C'était aussi être accueillie à la sortie de la gare routière par un "La lucha es el unico camino" qui ne peut que me faire sourire. Un jour j'espère que je vous parlerai de la rue et de ce qu'elle représente pour moi, familière et surprenante à la fois, espace de liberté et d'abolition de la propriété. Bref, je la kiffe grave, et ce tag est un de ces signaux qui m'indiquent qu'un de mes semblables est passé par là. La rue est à tous les humains, mais surtout à ceux qui savent regarder (en même temps vous me direz, y'a pas besoin de grands talents d'observation pour capter une phrase salement torchée à a peinture noire sur toute la longueur d'un mur, mais passons.)
C'était aussi, aussi (oui, aussi), le soleil. Le PUTAIN DE FILS DE SA MERE DE BORDEL DE HOOKER DE SOLEIL. A part ça, j'aime l'été, hein. J'aime transpirer comme une otarie au Sénégal, rendre mes vêtements adhésifs et avoir l'impression de soulever une altère en portant à mes lèvres un verre de coca. Parce que la chaleur a une fâcheuse tendance à multiplier mon coefficient de chochottitude par dix. Je couine dès qu'il me faut mettre un pied devant l'autre, surtout si c'est en pente. Et putain, là où j'étais, c'est partout en pente. En plus, pas de piscine, parce que KGB - comme absolument tous les mecs que je connais si bien que je me demande bien où ils dégottent leurs clients dans les piscines municipales - se refuse catégoriquement à porter l'uniforme règlementaire du slip de bain. Je vois là un signe de déni de la société moderne et de rejet des normes sociales qui ne peut que le mener, inévitablement, inéluctablement, sans alternative et d'une façon certaine à l'incendie de voitures. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il est trop vieux pour être délinquant (d'ailleurs je devrais peut-être me mettre aux graffitis avant de passer l'âge moi aussi, histoire d'avoir une jeunesse, merde !).
Mais point positif : la maison où je logeais était un microclimat à elle toute seule. Genre la température baissait de dix degrés à peine je faisais un pas dedans. De quoi se choper un choc thermique en allant chercher le pain. Bref, le bonheur quand je m'imagine à agoniser devant ma baie vitrée montpellieraine. Vous saviez que le record de température au mois de Juillet à Montpellier était de 37,5 degrés ? Bon, il a été enregistré en 1990, mais il a de quoi soulever les angoisses les plus profondes et porter mes fantasmes aux confins de l'horreur. Et me porter à lire l'article Wikipédia concernant Montpellier, putain, j'ai rien de mieux à faire de mon samedi soir. Ouais, en fait, c'est kinda rassurant. J'ai eu tellement de samedis soirs qui se sont terminés des dimanches midi cette année, de réveils moites dans des lits bancals (non non, rien de sexuel, je vous assure), de fringues imprégnés d'alcools divers et de tâches suspectes (là encore, rien de sexuel... enfin je l'espère du plus profond de mon cœur) sur mes pavés que j'ai eu une subite vocation pour l'habit de nonne une fois ma prépa bouclée. Seigneur Nvidia tout-puissant, comment pouvais-je émerger de 4h de sommeil la bouche pâteuse et les yeux irrités, alors que je dors jusqu'à 16 heures par jour depuis un mois ? Je m'attendais à un contre-coup, pas à me faire incruster la face dans le PVC par mon horloge biologique.
Il y a quand même un avantage non-négligeable à être narcoleptique amateur, qui est celui de pouvoir se désactiver dans certaines situations particulièrement pénibles intellectuellement. Genre être en panne d'inspiration pour un oral de philo à préparer pour le lendemain. Ou, en l'occurrence, endurer 11 heures de bus avec la populace locale pour pouvoir retrouver son pays. Et encore, 11 heures, c'est théorique, parce qu'on sous-estime trop souvent la faculté des chauffeurs de bus à être des débiles mentaux. Mais nous y viendrons en temps voulu.
La première partie du trajet, jusqu'à Barcelone, était plutôt inspirante. Elle se faisait en journée, ce qui laissait mon esprit suffisamment vif pour méditer sur la philosophie kantienne. Ainsi, j'ai entrepris une réflexion sur son fameux principe d'universalité, incitant à régler sa conduite de la façon suivante: "Agis toujours de façon que tu puisses vouloir que la maxime de ton action devienne une loi universelle". Règle qui, par exemple, exclue le meurtre, à moins de vouloir enclencher une 3ième guerre mondiale et réveiller les gosses d'Oppenheimer en plein milieu d'une nuit agitée. Toutefois, je ne me suis jamais posé la question concernant une cible précise. On est d'accord, le meurtre gratuit et aveugle ne peut pas être désiré comme loi universelle. Mais qu'en est-il d'un individu précis, correspondant à des critères précis, que tout le monde devrait vouloir abattre ? Genre le gosse devant moi et sa formidable tête à claques ? Est-ce que vous comprendriez si je vous disais qu'il avait une tête aimantée, qui attirait irrésistiblement les coups de poings dans la gueule ? Il articulait l'espagnol plus vulgairement qu'une prostituée texane et sentait la sueur à plein nez (à moins que se ne soit sa grand-mère, dont l'accent n'était pas moins vulgaire et qui portait un blondasse digne d'une serpillère décharnée, mais bon, celle-là, c'était KGB qui se la carrait). Et puis, je suis désolée de le dire, mais il était gros, et chez un gamin de son âge et de son attitude le tour de taille et la densité des joues sont des multiplicateurs du coefficient de tête-à-claquitude. Pendant tout le trajet j'ai eu des flashes de moi en train de lui garrotter le cou par-derrière, et même aujourd'hui, en y repensant, j'ai des envies de meurtres sanguinaires avec des morceaux de chair et de cerveau qui volent dans tous les sens et un affreux splash comme dans les dessins animés.
La deuxième partie du trajet fut heureusement plus calme. Après six heures d'attente à Barcelone qui m'ont permis de constater que chez Burger King grand voulait dire GRAND et la séance de ass-hunting à la tombée de la nuit, le bus a bien entendu commencé par une demi-heure de retard à la gare-routière-de-Barcelona-Norte-qui-est-étrangement-au-sud-de-la-ville-pour-être-Norte. Et comme il était blindé, j'ai fini tout au fond avec une espagnole qui-dépassait-presque-de-son-siège-mais-pas-tout-à-fait et son mari, originaire d'une nation arabe non déterminée et qui avait des yeux remarquables. Ils avaient l'air gentil, et tout aurait pu bien se passer s'ils n'avaient pas été situés de part et d'autre de moi et n'avait donc décidé de poursuivre leur discussion par-dessus moi (même si concrètement c'était plus au travers). Et d'ailleurs, le mari invectivait une troisième personne en arabe derrière moi, ce qui donnait une cacophonie des plus stimulantes si vous projetez de vous jeter par la fenêtre du bus. Certes la discussion s'est vite arrêtée, mais en plus, j'étais totalement écrasé par le fauteuil de mon voisin de devant qui n'avait vraisemblablement aucun mal à dormir de son côté. Tandis que moi, j'avais les yeux ouverts comme un hibou et je regardais l'heure s'avancer dans la nuit, en ayant pour seule réflexion, toutes les trente secondes quand le bus affichait la température, que 27° C dans cette police d'écriture et en inversant l'axe vertical ressemblait étrangement à "Slot". Bref, j'étais désespérée. Mais peu avant la frontière, il y eu un arrêt, au cours duquel je pus éponger mon agoraphobie dans une crise de boulimie-minute.

Puis, il y eu la reprise (lire avec une voix de narrateur de reconstitution historique télévisée).

Et je ne sais pas pourquoi, mais la conversation arabo-hispanique qui m'entourait a repris du poil de la bête à ce moment-là pour, approximativement... tout le reste du trajet. Reste du trajet qui devait durer une heure et demi. Reste du trajet qui en a duré deux et demi. Rapport au fait que le type du bus a dû changer une ampoule. Rapport au fait qu'il a mis 25 minutes à changer une ampoule. Rapport au fait qu'il s'est blessé et qu'il a fallu lui mettre un pansement. Rapport au fait qu'il a fallu 10 minutes pour lui mettre un pansement. Rapport au fait que 500 mètres plus loin la Guardia Civil a effectué un contrôle d'identité sur les passagers. Rapport au fait que la Guardia Civil a une propension à demander aux gens de vider l'intégralité de leur sac assez plaisante à 3 heures et demi du matin. 3 heures et demi du matin. Putain, j'étais déjà censée être à Béziers depuis un quart d'heure, et on avait même pas encore passé la frontière.

Bref, je suis arrivée à Béziers à 5h10 du matin, et j'aime autant vous dire tout de suite que même Toutankhamon est moins mort que Béziers passé 19h30 - alors imaginez à 5h10 du matin. Là encore, je bénis la force *tousse* et la serviabilité de KGB qui m'a aidée à porter mon sac, alors que je me répétais en boucle que la bouteille d'eau que j'avais dans un sac plastique ferait une bonne fronde en cas d'agression et oh mon dieu j'aperçois une silhouette là-bas à cette heure-ci ça ne peut qu'être un trafiquant de drogue qui veut me violer oh putain oh putain il se rapproche il est presque là putain il est là aaah aaah il est passé à côté c'est bon il s'éloigne est-ce que j'ai toujours mon portable dans ma poche putain. En fin de compte, à 6 heures moins vingt j'ai basculé dans le lit dans l'attente angoissée du sommeil qui ne venait pas, me répétant sans cesse cette phrase trouvée dans Kushiel de Jacqueline Carey : "Il y a un stade dans l'épuisement où le sommeil ne vient plus que difficilement". Ouais enfin, comme à chaque fois que je me répète ça, je me suis quand même endormie comme une daube en moins de cinq minutes.

Tout ça pour dire que j'ai été en Espagne, que j'ai vu des trucs cools, que j'ai bouffé des trucs encore plus cools, mais que je suis incapable de faire un compte-rendu sans me noyer dans d'anecdotiques détails totalement secondaires et qui ne révèlent rien de ces dix jours passés en Aragon. Mais que voulez-vous, je ne sais que râler et garder les bons moments pour moi - rien à foutre, c'est à moi, rien qu'à moi, vous avez qu'à profiter de la vie au lieu de rester là devant votre PC à oh mais non oubliez putain je veux pas perdre le peu de lecteurs que j'ai.
En résumé-de-pas-du-tout-résumé-puisque-finalement-j'en-suis-pas-vraiment-venue-là-dans-cet-article-et-oui-j'aime-faire-des-mots-à-rallonge, j'ai passé de chouettes journées à me dorer vautrer la pilule en Espagne, à baver sur Emilia Clarke (aka Daenerys Targaryen pour les infidèles du générique) et à manger des chocolates con churros, du saucisson, du fromage et des tortillas à profusion !

Et puis j'ai fait de la balançoire de nuit, putain.
Trop hardcore.

1 commentaire:

  1. Je t'aime Bob. Je t'aime Patrick. Vive la Grande Coquille Magiiiiique !

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