samedi 30 juin 2012

Je suis une intellectuelle, moi, monsieur !

Mercredi soir, désespérée d'avoir passé une journée totalement improductive, j'ai téléchargé obtenu par des moyens légaux The Lady, de Luc Besson. Un film qui raconte l'histoire de Aung San Suu Kyi, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1991 pour s'être illustrée dans sa lutte pour la démocratie en Birmanie, et bref elle a une page Wikipédia. Je comptais beaucoup sur le potentiel culturel de ce film pour élargir mes horizons politiques. Ainsi, quand hier soir je me suis retrouvée trop désintégrée par des maux de têtes pour aller à ma soirée de désintégration, j'ai décidé de rendre hommage à mon amour du bon cinéma et à mon intérêt pour l'histoire moderne.

J'ai regardé Thor.

Et j'ai appris plein de choses.
D'abord, que Natalie Portman jouait dedans, ce qui m'avait totalement échappé durant la promotion du film, ou plus probablement que j'avais complètement zappé aussitôt qu'elle s'est achevée. Et je veux pas dire mais entre Natalie Portman et Scarlett Johansson dans Avengers, il a quand même de la chance avec les nanas qu'il se coltine, le Thor. Je pense que sur la base de ces analyses, on peut miser sur le casting de Charlize Theron pour Avengers 2. Bah quoi, il lui manque une blonde à Chris Hemsworth ! [Edit : ah ben non, suis-je bête, il a déjà eu l'occasion de la mater dans Blanche-Neige et le chasseur !]
Ah oui, la deuxième chose que j'ai apprise, c'est que c'était Chris Hemsworth le gars super musclé qui jouait Thor. Ce que j'ai aussitôt oublié. Ce que je viens de ré-oublier. Aung San Suu Kyi. [Eh merde, pas le bon copié-collé]. Chris Hemsworth, voilà, je vais tâcher de m'en souvenir. Oh et puis on s'en fout, il a des muscles, c'est tout ce que j'ai besoin de savoir.
Troisième découverte, mais qui était plutôt une confirmation dans la mesure où j'ai vu Avengers avant Thor : Loki a bel et bien été adopté. En même temps, je ne sais pas comment lui-même a pu mettre autant de temps à s'en apercevoir, moi je l'ai vu au premier coup d'œil, c'est tellement évident, il est le portrait craché de son père ! Du coup, je sais pas si Draco Malefoy est au courant que Salazar Serpentard a un descendant direct, voilà qui va lui faire de l'ombre...
Et putain j'ai déjà oublié le nom de l'acteur qui jouait Thor (mais je me souviens qu'il a des muscles).

Bref, comme j'étais déjà bien lancée dans les chefs-d'œuvre du cinéma historique, je me suis dit que je ne pouvais pas m'arrêter en si bon chemin. Mais comme le nouveau Spider-man ne sort que le 4 Juillet, j'ai dû chercher bonheur ailleurs. Du coup, je me suis rendue dans une partition mystérieuse de mon mystérieux disque dur, et y ai ouvert un dossier mystérieux mystérieusement baptisé de ces lettres mystérieuses : F, I, L, M, S. En gros, je suis allée à la cave. Car dans ce domaine interdit s'entassent des dizaines et des dizaines de vidéos abandonnées, recluses, qui depuis des mois attendent dans l'ombre que je veuille bien m'intéresser à elles - oui, j'ai un gros problème d'accumulation, qui rejaillit sur les étagères de mon appartement. Ce que j'ai devant moi, c'est une armée de films que j'ai enrôlés juste parce que je le pouvais, mais pour lesquels je n'ai finalement éprouvé qu'un désir bref et stérile. Des films intellos que j'ai pris pour faire bien mais que j'ai pas la motivation de visionner, des blockbusters qui me bottaient bien mais que j'ai honte de visionner, et puis des films dont la bande-annonce était bien mais que j'ai simplement la flemme de visionner. Et le pire dans tout ça, c'est que j'ai des tas de DVDs qui s'entassent dans ma bibliothèque et sur mes accoudoirs, des films dont j'estimais qu'ils valaient la peine de payer par pure volonté de mécénat (ou parce qu'ils sont putain de difficiles à trouver, les enfants de troll), mais que la paresse de me lever ou simplement de m'étirer met perpétuellement hors de ma portée.
En fin de compte, dans ce mouroir cinématographique, j'ai fini par me rabattre sur une prise relativement récente. A peine plus de deux mois, d'après Propriétés, et ce gars-là est toujours bien renseigné. Priest, un film que j'avais eu envie de voir rien que parce que je trouvais l'affiche classe - elle me rappelait un peu certains passages de Dark World / Franklyn. Puis, j'avais appris que ça parlait de vampires, et ça m'avait un peu refroidie. La créature que petite déjà je traitais avec condescendance, me jugeant au-dessus de ces histoires vulgaires, avait de plus pris un sacré coup de droite avec Twilight et toute l'engeance de romances sanguinolentes qui avaient fleuri autour : pas que j'ai jamais cru que le Priest allait tomber amoureux de la reine des vampires, hein, mais ça avait créé un effet de mode autour de la bestiole et je déteste les effets de mode - dit-elle en ouvrant un blog de biatch, ndlr.
Pire : Priest est adapté d'un manhwa. Je n'ai jamais touché un manhwa de ma vie, bien sûr, je suis encore pure et innocente, mais étant donné la moyenne de geekitude chez mes amis, je pouvais être certaine que j'allais m'en prendre la moitié sur le râble pour m'entendre dire que oh mon Dieu comme c'est trop mal adapté c'est horrible l'auteur se retournerait dans sa tombe ah mais merde il est pas mort bon ben c'est pas grave alors. Expérience que j'ai d'ailleurs menée avec succès sur facebook muhahahahah. Enfin, toujours est-il qu'à la sortie ciné de Priest, j'avais entendu dire partout que c'était une mauvaise adaptation, comme j'ai toujours entendu dire partout au sujet de toutes les adaptations, ce qui représente ceci dit la plus grande partie de la production cinématographique, et pourtant il y a de bons films.
J'ai donc balayé ces hués d'un revers de la main et j'ai lancé le film. Et franchement, je n'en ai pas une mauvaise opinion. Pas une excellente non plus, mais chaque chose en son temps ; d'abord les points positifs !

1 - Il suffit d'une petite comparaison, mais les images parlent mieux que les mots :


Je ne pense pas qu'il soit utile d'indiquer quel est le vampire de Priest. Et j'aime le fait que les vampires soit une race sincèrement différente des hommes.

2 - Comme je l'ai mentionné, j'aime l'univers, qui me rappelle un peu certains passages de Dark World / Franklyn. Et puis y'a des statues immenses qui me font penser au Seigneur des Anneaux, alors à partir de là...

3 - Je trouvais que le méchant ressemblait à Brad Pitt dans Entretien avec un vampire, du coup j'avais l'impression de regarder un bon film.

4 - Y'a du sang et des morceaux de corps partout.

5 - Y'a une asiatique en combi cuir.

Maintenant, petit tour des points négatifs de ce film :

1 - C'est sûrement une mauvaise adaptation. Comme toutes les adaptations. Comme les 3/4 du cinéma puisque plus personne n'invente rien de nos jours. Fuck you consumérisme, les banques n'auront pas nos âmes ! - oui, je sais, ça n'a aucun rapport, mais aujourd'hui on peut blâmer le capitalisme pour à peu près n'importe quoi, ça fait toujours bien.

2 - Le scénario manque bien évidemment de profondeur, comme on pouvait s'y attendre, de la même manière qu'on pouvait s'attendre à à peu près tous les retournements de situation. Si la surprise avait une carte à jouer, c'était dans les blancs scénaristiques qui ne nous permettaient pas de comprendre certains éléments avant qu'ils nous tombent sur la gueule - et je parle pas de suspens ou de coups de théâtres hein, juste de trucs que tu dois déduire à la fin du film parce que t'as pas eu plus d'explications.

3 - Le gars qui jouait Hicks c'est aussi James dans Twilight. Du coup j'ai eu envie de le baffer tout du long, et je comprenais pas pourquoi. Et en plus - comme si ça suffisait pas - il jouait mal.

4 - Bien sûr, comme ça vient d'un manhwa, faut que les personnages fassent des trucs complètement fumés et volent à l'occasion - ou alors ils ont de très, très gros ressorts dans leurs talonnettes. Conséquence logique, je suis incapable de le prendre au sérieux.

5 - Y'a qu'une seule asiatique en combi cuir.

Mais bon, dans l'ensemble, c'était plutôt cool, pas prise de tête, et je ne me suis pas ennuyée. Du coup j'ai décidé de continuer dans la lignée des biopics films de vampires, et j'ai exhumé un film qui guettait dans l'ombre de mon disque dur depuis... pas moins de 11 mois !
Je me suis donc maté Daybreakers
Dans l'ensemble, opinion très positive. Intéressant à visionner derrière Priest dans la mesure où le sujet des vampires est traité de manière très différente. Les créatures monstrueuses sont remplacées par des humanoïdes civilisés, ils ne vivent plus dans les "ruches" mais ont adapté leurs technologies, ne dépècent pas les humains sauvagement mais les exploitent comme du bétail. En fait - et oui je sais, vous allez rire vu la remarque que j'ai fait un peu plus tôt - ce film a réussi à saisir l'essence de la société de consommation à travers le filtre des vampires. En effet, ce film traite d'une crise dans la production de sang, et du coup les vampires meurent de soif et cherchent absolument une solution à la pénurie, surtout qu'ils mutent en trucs pas très glorieux sans leur dose de rouge. C'est assez drôle de voir comment ce film ne fait qu'exagérer des traits déjà présents dans notre société, en y ajoutant simplement l'élément de l'agressivité. Après tout, on a bien eu l'esclavage ! D'ailleurs, j'en ferais volontiers mon point numéro 1 dans les qualités du film.

1 - Le film a une cohésion en-dehors de l'élément fantastique, les vampires pourraient aussi bien n'être qu'un prétexte à un portrait de la société. Mais bon, c'est quand même vachement plus cool avec des vampires.

2 - Le scénario est bien sûr bien plus travaillé que dans le cas de Priest, ce qui s'explique facilement par le fait qu'on a affaire ici à une véritable réalisation made in Spierig et pas une adaptation - non pas que je pense que le format originel manque de fond, bien au contraire, le souci avec les adaptations est bien souvent de ne pas pouvoir concilier un trop grand nombre d'éléments entremêlés mais y'a des fois faut pas abuser quand même Cuarón t'aurais pu te sortir les doigts de l'arrière-train et nous pondre un Harry Potter 3 potable en prenant au moins la peine d'expliquer qui sont Lunard, Patmol, Queudver et Cornedrue, d'où vient la carte du Maraudeur et pourquoi le Patronus d'Harry est un cerf nom de Dieu c'est pas compliqué t'en avais quinze fois l'occasion et en plus tout va ensemble ! Hum, je vous demande pardon - pas à Cuarón, hein, au lecteur décontenancé, toi t'as vraiment merdé le mexicain ! Kof kof kof désolée.

3 - Le héros est un vampire végétarien qui s'appelle Edward et qui a les yeux jaunes. Sauf qu'il a la classe, parce que c'est Ethan Hawke. Et Ethan Hawke, c'est autre chose que Robert Pattison. Ethan Hawke c'est... Ethan Hawke quoi... [grrrrr meow smiley smiley cœur meow].

4 - J'ai vraiment vécu le film, de l'intérieur. Parce que pendant tout le film, j'ai grave crevé la dalle sa mère. A chaque fois qu'ils mentionnaient la pénurie alimentaire - c'est-à-dire à peu près toutes les 30 secondes - je sentais mon estomac appeler au secours, parce que son dernier vrai repas remontait au MacDo avec Karma avant-hier soir, et que j'ai fini mon dernier yaourt hier. J'étais tellement rongée par la faim et l'épuisement qu'elle entraîne que je ne me sentais même pas la force de me faire cuire des pâtes.

5 - J'ai pas d'idée précise en tête, mais il me faut un point cinq, alors ce film était cool. Ah et oui, la secrétaire du chef d'entreprise était trop bonne dans sa robe bustier rouge.

Et maintenant les points négatifs :

1 - Le premier plan montre une chauve-souris qui a faillit me percer les tympans. Et d'ailleurs, depuis quand ça s'entend, une chauve-souris ?

2 - J'ai envie de dire qu'il y a un certain nombre d'incohérences scientifiques non justifiées dans ce film, mais en même temps, on est dans un film de vampires. Ils n'empêchent que vu qu'ils parlent d'infection et de mutation, ils auraient pu au moins donner une explication complètement fumeuse pour faire genre, après tout ma série préférée c'est bien Fringe. Enfin oui, je sais. On est dans un film de vampires, on s'en tamponne vraiment.

3 - Y'a un plan au début où on voit le héros dans un rétroviseur qui prend ses affaires. Sauf que les vampires n'ont pas de reflet, blabla, donc on voit une chemise dans un rétroviseur qui prend ses affaires. Côté crédibilité, ça en jette grave. Du coup je crois que derrière ça je m'en tape de pas savoir d'où vient l'infection.

4 - Vu que j'étais focalisée sur l'imminence de ma mort par inanition, pendant tout le film je n'ai pas arrêté de penser à la boîte de maïs qui m'attendait dans ma cuisine mon couloir. Je n'avais qu'à tendre la main, pas besoin d'attendre que les pâtes cuisent, juste tendre la main et saisir mon Graal, le porter à mes lèvres et... Le truc, c'est que je sais aussi que cette boîte de maïs, c'est mon ultime secours. Genre le truc qu'il vous reste en cas d'invasion zombie et que le monde pourrait s'effondrer vous auriez cela comme unique certitude. C'est le seul truc dans mon appart qui demande pas de préparation, alors tant que j'en aurai pas absolument besoin, genre tant que je ramperai pas la bave au lèvres aux pieds de mon micro-ondes en convulsant, je n'y toucherai pas. Et un jour peut-être on pourra y étudier une nouvelle forme de vie.

5 - Y'avait pas d'asiatique en combi cuir.

Bref, tout ça pour dire qu'au final, j'ai passé un bon moment devant des films hautement intellectuels qui vont sans doute me marquer à tout jamais. Mais je m'en fous, vu que je suis plus capable d'apprécier un livre divertissant du fait de mes deux années de prépa littéraire, je m'émerveille toujours plus de pouvoir prendre mon pied devant des films de super-héros ou de vampires. Après tout, j'ai toujours été snob vis-à-vis du fantastique et de la science-fiction, mais au fond, tout au fond, je sais bien que ma Bible, c'est le Seigneur des Anneaux - et encore, les films, parce que j'ai jamais été capable de lire les livres, c'est vous dire. En fin de compte, je suis contente d'avoir vu ces films, ça faisait longtemps que je n'avais pas vu de vrais crocs, et putain faut encore que je trouve quelque chose à dire pour pouvoir garder la lueur blanche rassurante du traitement de texte.
Je vous en prie, ne vous moquez pas de moi, mais je n'ai plus de lumière dans ma salle de bain vous comprenez...
C'est pas que j'ai peur, non... Mais j'ai plus de lumière et un grand miroir... et puis en plus à un moment j'ai perdu mes lunettes, et alors oh mon Dieu on va tous mourir !
Et en plus mon copain est pas là ce soir, le salaud. Je vais me faire égorger et ce sera rien que de sa faute de méchant garçon. M'en fous, si je me fais transformer, ce sera lui que j'irai mordre en premier.

Maintenant je vais essayer de tenir jusqu'à l'aube.

vendredi 29 juin 2012

Faudra-t-il que je coure juuusqu'au booouuut ?

Je me dis souvent que la chose au monde que je préfère, c'est dormir. Parce que quand je dors, je rêve, et quand je rêve, il m'arrive toujours des aventures fabuleuses. J'ai ainsi été particulièrement marquée par un songe que j'ai fait au lycée, dans lequel j'étais un marsupilami borgne et où je vendais des cookies à la framboise, sur un roulement à billes, dans un amphi de fac. Malheureusement, peu de personnes parviennent à saisir la profondeur de cet échafaudage spirituel. C'est comme la fois où j'étais une limande dans le Bus Magique.

[Et puis en plus, c'est tout à fait plausible, dans le Bus Magique, ils descendent vraiment dans les grands fonds. J'avais juste un don de métamorphose en plus, pas de quoi en faire toute une histoire.]


Bref, j'adore rêver, parce que je sens vraiment que cela donne voix à mes désirs les plus profonds - j'adore la limande. En revanche, s'il y a une chose que je déteste par-dessus tout, c'est le rêve d'anticipation.
Je m'explique : quand vous rêvez, c'est pour vous libérer des contraintes de la réalité, pour rencontrer un dinosaure ou foutre une tarte à votre ex - ou, dans mon cas, pour vous transformer en limande, oui oui. Bref, vous êtes là pour vous éclater un max et en taper cinq au T-rex. Sauf que quand un truc vous préoccupe, enfer et damnation ! Cela vient s'incruster dans votre subconscient, et puisque cet enfant de troll est aussi là pour libérer vos angoisses, ça tourne toujours, toujours mal.
Par exemple, quand j'ai passé mon écrit de géographie, la panique s'est emparée de moi lorsque je me suis aperçue que j'avais oublié mes crayons de couleur pour la carte de synthèse. En plus, je passais en même temps l'épreuve orale d'anglais de l'ENS de Cachan, qui se fait à partir d'un document audio auquel je ne comprenais rien. Et pour couronner le tout, la salle a été attaquée par des jaguars. Bref, c'était la merde.

Aujourd'hui, je devais retourner à la fac de droit pour retenter de déposer ma demande d'équivalence. J'avais appris de l'autre étudiante en perdition, qui elle voulait s'inscrire en droit, que la personne qui se chargeait des demandes d'équivalences en science po était absente. Du coup, grande joie, j'avais l'occasion de revenir le déposer le lendemain matin. Autrement dit ce matin. Matin.
S'il est un mot qui peut m'inspirer autant de terreur qu'holocauste, c'est bien celui de matin, surtout dans le contexte des vacances scolaires. Oui, je connais trop bien ma formidable faculté, que le monde entier m'envie j'en suis sûre, de me lever entre 14h et 16h tous les jours. Le problème n'est pas le réveil en soi: le problème est de sortir du lit. Peu importe le nombre de fois où KGB me réveillera, je me retournerai et me rendormirai dans les 30 secondes. Si j'ai raté la moitié des cours entre 8h et 10h cette année, ce n'est clairement pas un hasard. Bref [et je dis beaucoup "bref" 'tain, et en plus je vous jure que c'est pas à cause de la série, je fais ça depuis que je suis toute petite bordel Canal + m'a plagiée !] j'ai horreur de me lever tant que le soleil n'est pas au moins aux trois-quarts de sa course. Et comme je ne sais plus où j'ai foutu mon portable et que j'avais grave la flemme de le chercher, je n'ai dû compter que sur mon propre instinct de survie. Et si je dis ça c'est parce que je le connais bien, ce petit con qui vient me réveiller tous les trois-quarts d'heure dès que j'ai un truc à faire. En première année de prépa il m'interdisait catégoriquement d'aligner plus de 4 heures de sommeil à la suite - le fait que je jouais à League of Legends jusqu'à trois heures du matin jouait peut-être un peu aussi, remarque. Bref [oui, encore !] j'avais laissé mon ordinateur allumé pour télécharger un film chauffer la pièce jusqu'à ce que mort s'ensuive, et à chacun de mes réveils, si l'analyse de la luminosité et du bruit dans la rue ne donnait pas de réponse convaincante, j'entrouvrais le clapet de Shawn - mon ordinateur, essayez de suivre un peu ! - et méditais sur la raisonnabilité [oui, je sais que ce mot n'existe pas mais, j'emmerde Larousse] d'un rendormissement. Sans les interruptions incessantes, ça donne: "j'entrouvrais le clapet de Shawn et méditais sur la raisonnabilité d'un rendormissement" donc. Je voyais combien de temps il restait avec que je doive vraiment me lever, et essayais d'estimer la probabilité pour que je me réveille à nouveau avant l'heure fatidique. Et forcément, immanquablement, au bout de plusieurs heures de ce petit cirque où j'enregistrais à peine quelques chiffres avant de retomber dans les brumes languissantes du sommeil, j'ai fini par me réveiller vraiment à la bourre, supplier ma mère de m'amener dans les plus brefs délais incessamment sous peu pitié ma vie est en jeu, essuyer un refus magistral, me mettre à crier, me mettre à pleurer, me mettre à casser des objets, réaliser que ma vie était ruinée et que désormais je passerai chaque jour de mon existence à astiquer le système de ventilation de chez MacDo, et me réveiller.
J'étais seule, dans mon appartement à quinze minutes de la fac, et il était à peine dix heures.
Soulagement.

Du coup, au final, je suis allée à la fac en avance sur mon planning, juste parce que cet abruti de subconscient m'avait foutu les jetons.
Je suis allée à l'accueil du bâtiment 1, y'avait personne.
Je suis allée à l'accueil du bâtiment 3, ils savaient pas. Ils m'ont renvoyée vers la bibliothèque.
Je suis allée à la bibliothèque, y'avait personne.
Finalement, on m'a incitée à m'aventurer dans les étages et à frapper à des portes au hasard. Y'avait beaucoup de portes, je savais pas par où commencer, et puis en droit y'a que des types en costard et des meufs en tailleurs - j'avais l'impression d'être à un entretien de HEC - et j'avais pas envie de déranger un de ces trucs-là, j'avais bien trop peur de me faire charger. En fait, y'avait qu'une seule salle d'ouverte, où quatre ou cinq étudiants jouaient au démineur étudiaient sur des ordis (en plus je crois que c'est vraiment le genre à vraiment étudier). Toujours est-il qu'après être passée une fois, deux fois, trois fois devant leur salle, j'ai fini par me résigner à leur poser directement la question, juste histoire qu'ils pensent pas que j'étais une touriste qui s'était perdue là en cherchant le Capitole. Et forcément, dans cette merveilleuse alchimie qu'est la fac, les élèves savent mieux que les gens de l'accueil ce qu'il se passe à l'université. J'aurais dû y penser dès le début. Ainsi, une âme charitable m'a recueillie et m'a guidée jusqu'au bureau de la secrétaire à laquelle je devais m'adresser.
Qui était pas là.
Mais enfin j'ai quand même trouvé quelqu'un à qui donner mon dossier. Rien que pour ça je te transmets mon éternelle reconnaissance, étudiant mystère qui m'a permis d'échapper à la ruine. Bon, le seul problème, c'est que j'ai pas pu demander comment remplir les parties que je savais pas remplir - c'est-à-dire la moitié du dossier d'inscription. Du coup j'ai mis des trucs au pif au crayon, et maintenant je dois adresser un mail à Sylvia. Trop bien.

Mais bon, l'essentiel dans cette histoire, c'est que je suis enfin débarrassée de ce dossier qui me pesait lourd sur la conscience. Je vais enfin pouvoir avoir l'esprit tranquille... En espérant ne pas rêver que mon mail ne parvient jamais à la secrétaire.



EDIT: maintenant que j'y repense, j'étais peut-être une raie.

jeudi 28 juin 2012

Il faudra que je coure tooouuus les jooouuurs

Hier, quelqu'un a eu l'excellente idée de spammer mon fil d'actualité facebook avec un clip de quand j'avais 13 ans.
J'appelle à la barre : Dernière Danse, de Kyo [Alerte info: à la suite d'un débat houleux hier avec La Cigale - to be introduced - sur la présence ou non d'un espace avant le point d'interrogation, j'ai découvert qu'il en fallait aussi un avant deux points, malgré toutes les résistances que j'ai pu opposer à cette mode tout au long de ma vie. Je ne m'en remets toujours pas.]

Je disais donc, j'appelle à la barre : Dernière Danse, de Kyo. Mais comme une partie de ce contenu blabla visionner sur youtube, il va falloir le condamner par contumace. Et déjà, premier chef d'accusation pour harcèlement. Parce que le clip, c'est quand même un gars planté avec son groupe en face de la maison de la fille qui vient de le plaquer. C'est mignon un moment, ça peut même paraître romantique - avec un petit r hein - mais y'a un moment où ça devient carrément flippant. Parce que tout d'un coup, tu sais pas pourquoi - ce monde merveilleux du clip où tout est possible sans explications - y'a toutes les voitures qui s'arrêtent, et tout le monde vient se planter devant la maison de la meuf - et bien sûr, ils s'en tapent de bloquer la circulation hein, ils savent qu'on a pas commandé de flics dans le clip. Toujours est-il qu'au bout d'un moment, t'as l'impression d'un groupe de racketteurs qui vient t'attendre à la sortie du collège, et franchement, moi, ça me donnerait pas tellement envie d'aller me jeter dans les bras de celui que j'aime - et encore moins si je l'aime plus. Moi, j'aurais été la nana du chanteur, j'aurais appelé les flics direct. Mais ils ont pas engagé de flics dans le clip, c'est vrai. Et puis de toute façon, elle voit pas l'attroupement.
Par un merveilleux tour de passe-passe qu'il faudra que j'apprenne pour nier à mon voisin la présence de 15 personnes survoltées dans mon minuscule appartement surchauffé la nuit quand il essaie de dormir [ici vous pouvez reprendre votre souffle], quand la fille elle regarde par la fenêtre, elle voit que le chanteur. Mais alors le chanteur en mode looser grave. Je sais pas si je suis la seule à qui ça fait cet effet, mais par la fenêtre, je trouve qu'il fait vraiment pauvre mec. Et en même temps il a quelque chose dans le regard du stalker fou furieux prêt à se jeter contre la vitre d'un instant à l'autre. Bref, ce clip nous apporte au moins la réponse à la question de pourquoi elle l'a largué.
Bref, tout ça on s'en fout en fait. Là où je veux en venir c'est que, du coup, j'ai pu mesurer mes acquis en matière de maturité. Dans les vidéos suggérés, j'ai cliqué sur Sarah, toujours par Kyo, je me suis rappelée la frustration éprouvée dans mon enfance adolescence (il faut bien l'avouer) parce que y'avait le refrain dans la pub de l'album mais que j'avais jamais pu l'écouter, et je l'ai mise en boucle jusqu'à 4h30 du matin. Bon, j'ai aussi rédigé un autre article pour mon blog que je peux pas encore publier, mais je m'interrompais quand même toutes les cinq minutes pour remettre la vidéo. Tout ça mesdames-messieurs alors que j'étais censée rédiger ma lettre de motivation pour mon équivalence en science-politique. Et ce que je n'imaginais pas c'est que ce serait le début d'un long, looong cauchemar (et ça va l'être pour vous aussi si vous entreprenez de me lire).

- 9h20 : je me réveille vautrée sur la chauffeuse sur laquelle avait dormi le cousin de mon copain quelques jours auparavant. Je n'ai vraisemblablement pas eu l'énergie de déplier mon canapé-lit avant de m'endormir. Je m'effondre avec toute mon élégance de larve.
- Une heure comprise entre 10h30 et 11h30 qu'en fait, mon cerveau n'a pas analysée : je me réveille vautrée sur le lit. J'ai vraisemblablement eu l'énergie de déplier mon canapé-lit avant de me rendormir. Je regarde l'heure, voit qu'il y a un 1 au début et pas de 2 derrière et me dis que j'ai encore le temps. Mais j'arrive pas à me rendormir. Sans doute mon inconscient, il sait qu'en fait j'ai pas le temps.
- Quelques minutes après l'heure mystère : j'allume mon ordi, je vérifie : il faut que je rapporte mon dossier dument complété à la fac de droit entre 14h et 16h, aujourd'hui étant l'ultime délais. Je suis large, je traîne un peu, je farfouille surtout dans les modèles de lettre de motivation parce que, bordel, j'ai aucune idée de ce que je suis censée y mettre. Je fais un brouillon qui me déplaît pas trop. Je me dis que j'y reviendrai plus tard.
- 13h : Je décide qu'il est temps d'imprimer mon CV et le dossier à compléter. Je sors donc la cartouche d'encre achetée quelques jours plus tôt pour recharger mon imprimante. J'ouvre mon imprimante en attendant qu'elle me présente ses entrailles. Et là, horreur : elle bouffe du 251 alors que j'ai acheté du 256. Je me mets à la détester de tout mon être. Personne a idée d'être aussi difficile avec la nourriture.
- 13h10 : Je descends mon immeuble parce que j'ai de la chance : j'ai un vendeur de cartouches juste en bas de chez moi. Rectification: j'ai un vendeur de cartouches juste en bas de chez moi qui ferme entre 12h et 14h30.
- 13h09 : Je remarque avec terreur que j'ai un appel en absence de la part de mon agence immobilière. Wilfried qui me laisse un message pour m'annoncer qu'un client veut visiter mon appart à 16h30. Je jette un regard circulaire à mon appartement, note qu'il est relativement rangé. Ce qui, sur mon échelle, équivaut au largage de deux bombes atomiques. Je calcule mentalement le temps qu'il me faut pour revenir de la fac de droit et je réalise que ce sera vraiment, vraiment la merde. Je rappelle Wilfried. Wilfried est en pause déjeuner.
- 13h15 : Je me rappelle que sur mes bulletins de première année de prépa - parce que oui, je viens de prépa - j'ai réussi l'exploit d'être classée 18ième sur 17 en espagnol. Mais je n'aurais jamais réussi toute seule : j'ai eu durant mon année le précieux soutien des bugs informatiques qui m'ont attribué des notes fantômes dans cette matière que je ne suivais pas. Allez expliquer ça au service des équivalences. L'an dernier j'avais demandé à faire corriger ce problème, je devais récupérer mon véritable bulletin un peu plus tard. Sauf qu'un peu plus tard, c'était les vacances. Bref, je décide qu'au bout d'un an il est temps de régler le problème. Surtout que je dois faire photocopier mon diplôme du baccalauréat. Je prends le chemin du lycée.
- 13h25 : J'arrive couverte de sueur devant la vie scolaire. Elle est fermée.
- 13h30 : J'arrive couverte de sueur devant le secrétariat. Il est fermé.
- 13h35 : Je prends le chemin du retour, désespérée. Le secrétariat ouvre à 14h, juste le temps de prendre un sandwich, j'ai chaud, je suis fatiguée, j'ai chaud, j'ai faim, j'ai chaud. Miracle entre tous les miracles : je croise l'adjointe de direction CPGE, ce qui est encore plus un miracle considérant qu'en deux ans de prépa je n'ai fini par l'identifier que la semaine dernière.
- 13h45 : Mes bulletins de première année dans les mains, je vais joyeusement à la photocopieuse. C'est l'occasion pour moi de constater qu'ils n'ont jamais été corrigés. J'ai fait tout ça pour rien, heureusement que je vais pouvoir photocopier mon diplôme du bac. Ah ben tiens, je l'ai oublié.
- 13h55 : J'achète un sandwich, parce que putain j'ai faim. Et un granita menthe, parce que putain j'ai soif et putain j'ai chaud.
- 14h05 : Je me dis que Wilfried doit avoir fini sa pause, entreprends de le rappeler. Puis je m'aperçois qu'il est déjà en train de me rappeler. J'opte pour une demi-vérité et m'invente un entretien à 16h à la fac de droit, d'une durée indéterminée (bah oui, on sait pas combien de temps ça peut prendre de déposer un dossier hein... - hypocrisie qui se révèlerait machiavéliquement juste). Il me propose de repousser d'un heure, promet de me rappeler au plus vite... Les hommes et leurs promesses...
- 14h35 : Après m'être résignée à rédiger une note manuscrite pour expliquer mon classement original en espagnol et m'être rappelée combien il est difficile d'écrire droit sur une page blanche, je descends acheter de l'encre en bas de chez moi. De la 251. Ou de la 250, je sais plus. Les deux étaient noires, les deux me manquaient, j'ai pris la plus grosse en croisant les doigts.
- 14h45 : La 251 - ou la 250, je sais plus - était la bonne. En revanche, mon imprimante ne débordait pas de dynamisme. Je remplis le dossier, à l'exception des parties que je ne comprenais pas comment remplir : c'est-à-dire la moitié.
- 15h10 : J'ai fini de recopier ma lettre de motivation, qui dans l'urgence, est passée directement du stade brouillon au stade modèle final. Tant pis, j'ai pas la place d'étoffer de toute façon.
- 15h15 : Je sais que j'ai vu passer des timbres là l'autre jour, mais où ils sont putain !?
- 15h18 : Je suis face à l'ultimatum suprême : abandonner après avoir passé tout ce temps à chercher, ou continuer à chercher en prenant le risque de ne jamais trouver. Je pense à la Poste et au fait qu'il faut acheter les timbres par carnets. Je continue à chercher.
- 15h20 : Je finis par trouver les timbres. Maintenant j'ai perdu mes clefs.
- 15h30 : Je finis par trouver un centre de photocopie pour mon baccalauréat (oui j'ai fait une ellipse, parce qu'à mon avis y'a pas que pour moi que ça devient chiant à ce stade).
- 15h40 : J'arrive à côté de la fac de droit. Je sais qu'elle est là, je la sens, je la vois. Je ne sais pas par où on rentre.
- 15h50 : J'ai fini par trouver l'entrée, l'accueil, la clim, bref, je me dis que mon calvaire est enfin fini. Sauf que la femme de l'accueil savait pas et m'a renvoyée vers la femme de la bibliothèque qui à l'évidence savait encore moins.
- 15h58 : Après avoir répété 5 fois que non, je ne voulais pas rentrer en master mais en licence 3, que je ne voulais pas rentrer en droit mais en science politique, que ce n'était pas une inscription mais une demande d'équivalence, après plusieurs appels hasardeux et un retour à l'accueil, on finit par m'apprendre que je suis dans le mauvais bâtiment. Apparemment on s'inscrit pas en science po dans le bâtiment de science-po.
- 16h01 : J'arrive dans le bon bâtiment.
- 16h03 : J'arrive devant le bon service. Il est fermé. Depuis 16h.
- 16h04 : Comme je restais à fixer la porte close telle le lapin fixant les phares de la voiture qui va l'écraser, une femme dans le même cas que moi vient me soutenir dans ma peine.
- 16h05 : On croise la femme à qui on devait parler. On l'interpelle. Elle nous claque presque la porte au nez, chaque parcelle de son corps suintant le désir de pourrir la vie aux étudiants, sans doute afin de compenser ses propres échecs dans ses études en urbanisme qu'elle n'a pas su mener à bien en raison d'un complexe œudipien non résolu car son père alcoolique est mort quand elle avait cinq ans en laissant derrière lui une famille ruinée, et nous dit que c'est fermé, qu'elle est occupée - ahahahah - qu'il faut revenir mardi, mais que de toute façon les demandes d'équivalence c'est fini depuis mai. J'ai envie de gueuler "je sais qu'il y a une deuxième commission, grosse guedin", mais je réalise que guedin ne veut pas dire ce que je veux dire, et de toute façon ça ne me vient pas sur le coup.
- 16h10 : Après avoir raccompagné l'autre fille à l'arrêt de tram le plus proche, je me repasse mentalement, dans ma tête, tous les trucs qui auraient pu me faire gagner les 3 minutes fatidiques: ne pas acheter un sandwich, ne pas manger ce sandwich, comprendre dès le début qu'ils auraient oublié de corriger mes bulletins à la prépa, ne pas oublier mon diplôme du bac en y allant, rentrer dans le bon bâtiment dès le début, être tombée sur une bibliothécaire plus douée, avoir rédigé ma lettre de motivation la veille au soir au lieu d'écouter Kyo. Je décide que la femme des inscriptions est rien qu'une grognasse sans cœur qui fouette les bébés sur sa pause de midi et que tout est de sa faute. Et en plus, c'est vrai : faut pas déconner non plus.
- 16h20 : Je rentre chez moi, enlève les vêtements qui avaient entrepris de fusionner avec ma peau et n'éprouve qu'une seule et violente envie : me jeter sur mon lit. Puis je me souviens de Wilfried et de son client. Je replie mon lit avec un pincement au cœur.
- 16h30 : Je finis par me décider à toucher aux affaires de KGB (aka mon copain) pour les ranger. Je me rends compte qu'il a beaaaucoup de place sur ses étagères. Je décide de fourrer pèle-mêle tout ce que je trouve sur ses étagères.
- 16h35 : Je me retiens à l'ultime moment d'y glisser le concentré de tomate et les bouteilles de bière vides entre le tire-bouchon et ma convocation aux concours. On a quand même une place pour ça. En attendant, KGB risque d'avoir un choc en rentrant.
- 17h20 : J'attends un homme qui ne rappelle pas, dans la douleur de l'abandon. Je désespère d'entendre la voix de Wilfried. Pour panser les plaies de mon cœur, je décide de me lancer dans la rédaction de cet article.
- 17h50 : J'ai un message. Karma, le genre de fille a écrire des vrais blogs de biatchs, même le genre de fille à porter les vrais blogs de biatchs sur elle comme un papier peint, manifeste son désir profond, charnel, de nourriture. Nous nous comprenons à demi-mots, je me prépare mentalement à aller à MacDo.
- 18h10 : Karma porte tellement les vrais blogs de biatchs sur elle comme un papier peint qu'elle s'est fait arrêter par la photographe d'un site, selon toute évidence, de biatchs. Du coup, je l'attends, et ça me permet de contraster son pur style avec ma pure décrépitude de fille qui a couru aux quatre coins de la ville sous 30 degrés toute la journée.
- 18h20 : Au moment de régler ma commande, on m'apprend que ma carte est bloquée. Yaaaahooooou !
- 19h35 : Je suis rentrée chez moi. Wilfried n'est jamais venu. Je noie mon chagrin en allant chercher le Colissimo qui attend sagement dans ma boîte aux lettres depuis quelques jours. Le porte-clefs que nécessite cette opération sert actuellement de fermoir à un loooooong bracelet de perles que La Cigale m'avait cassé. Mais bon, si je ne fais pas de geste brusque, ça ne risque rien.
- 19h36 : Je répands une bonne moitié l'intégralité (ssshhh c'est pas vrai mais ça sonne mieux) de mon bracelet de perles dans le couloir.
- 19h37 : La plus grande partie des perles a choisi d'élire domicile entre mon appartement et celui des voisins que je déteste. Je me demande quelle tête ils feraient s'ils choisissaient d'ouvrir la porte à ce moment-là et qu'ils me voyaient à quatre pattes devant leur porte en train de ramasser des perles sur leur paillasson.
- 19h38 : Je constate que leur paillasson comporte une quantité non-négligeable de rognures d'ongles. Eûrk.
- 19h39 : Je suis à l'autre bout du couloir. Ca roule vraiment loin, ces conneries.
- 19h42 : Après avoir manqué de me retourner l'ongle en ouvrant mon Colissimo, je décide officiellement que la mesure est comble, et que je refuse de faire quoi que ce soit d'autre de cette journée. Alors je me cale devant mon ordinateur, je reprends l'article que j'ai abandonné pour aller me gaver d'un hamburger que j'ai même pas aimé, et je tape. Je tape, je tape, je tape.
- 20h53 : Je me rends compte que j'ai beaucoup trop écrit. Beaucoup, beaucoup, beaucoup trop. Mais putain vous pouvez pas savoir quel besoin j'avais de raconter cette journée de merde à tout le monde.
- 20h54 : Je réalise que j'ai vraiment chaud. Je décide d'arrêter d'écrire pour aller prendre une douche, mais je sais très bien qu'à peine l'ordi posé je vais m'étaler de tout mon long sur le canapé pour une durée indéfinie. Je repense à Kyo et à tout le malheur que j'aurais pu m'épargner si seulement j'avais fait ma lettre de motivation à l'avance au lieu d'écouter Sarah.
- 20h57 : Il est temps de vérifier ma théorie sur la fatalité qui veut que je me vautre sur place avec une bière au lieu de me rafraîchir plus sainement. J'appuie sur publier.

- 21h34 : J'ai fini de relire cet article en corrigeant des fautes au fur et à mesure, en rajoutant 2-3 commentaires. C'est comme ça, j'ai besoin de voir le résultat avant de peaufiner, j'ai toujours détesté relire un devoir avant de le rendre. Pour résoudre l'énigme, tout ce que vous avez besoin de savoir est: il restait une bière dans le frigo. Bon, je suis pas si faible hein, j'ai quand même pris une douche au final. En même temps, se renverser une bière dessus, ça aide à se motiver...

In media res

[Attention, ça va être long. Assurez-vous de régler tout besoin qui pourrait devenir pressant et d'aller vous chercher une barre glacée, avant de vous lancer. Ou un paquet de chips. Ou des bâtonnets de surimi. Putain, c'est moi qui ai faim en fait.]



Des blogs, j'en ai fait, dans ma vie. J'ai dû passer par mon disque dur seul sait combien de plateformes différentes. J'ai publié des articles, j'ai oublié des articles, au fond, ça ne fait pas grande différence - seulement une lettre. J'ai eu des lecteurs, quelques-uns. La plupart du temps ils donnaient dans le "CC SA VA MISS?" qui brûle les yeux pour le langage sms, le capslock qui me crève les tympans rien que de le lire, le surnom pourri parce que si j'étais top model, je le saurais, ON MET UN ESPACE AVANT UN POINT D'INTERROGATION, BORDEL !  un tas de raisons toutes plus valables les unes que les autres, mais bon, au moins c'était ça de pris dans les statistiques, alors je supprimais en silence. C'est triste la vie de blogueuse pas inspirée, hein. Pourtant, c'est pas faute d'avoir rêvé, moi aussi je voulais me lancer dans la grande aventure 2.0 ! Combien de fois me suis-je affairée dans les préparatifs, ai-je passé des heures sur un thème qui n'a fait que décorer une page blanche - du coup cette fois je m'implique pas trop hein, j'ai pris un thème prédéfini pour le moment, zavez vu, peut-être que ça conjurera la malédiction ?

A chaque fois j'avais envie de faire un truc trop chouette.
A chaque fois j'avais pas d'idée de truc trop chouette.
Des fois j'ai raconté ma vie.
Des fois j'ai oublié le mot de passe.
Des fois j'ai carrément perdu l'adresse. Au bout de deux jours. Oui oui.

Exemple-type: là je viens de passer sur une plate-forme concurrente parce que, voilà, elle avait plus de couverture médiatique faut croire. Plus de biatcheuses trop cools du net moderne (genre le net ça a 150 ans tsé) qui y avaient élu domicile surtout. Mais bon, j'ai rien compris, j'ai oublié mes identifiants genre 10 secondes après avoir validé mon inscription, ai tenté une récupération de mot de passe, me suis gracieusement fait informer que mon compte activé à l'instant n'existait pas, me suis aperçue que je m'étais trompée d'adresse mail dès le début. Bref, à la fin, j'ai fini par réussir à me connecter. J'ai pas trouvé ce que je cherchais. Alors je suis venue ici. Ca avait l'air cool.
Ca change pas grand-chose au problème de fond, vous me direz. Non, j'ai toujours pas de ligne directrice, et alors ? Je m'en fous. Je finirai bien par la trouver. Si c'est en forgeant qu'on devient forgeron, pourquoi ce ne serait pas en bloggant qu'on deviendrait bloggeur ? Bon, vous me direz, ça fait depuis que j'ai 13 ans que je suis censée blogger, et j'ai toujours pas fait une série de tutos trop cool pour expliquer comment trop bien remplir les plis de mes paupières avec du fard jaune canari que je vais copieusement étaler sur ma joue du dos de ma main au bout de 10 minutes - ceci dit, tout mon respect à ces filles au thème rose bonbon qui me font baver sur du maquillage Urban Decay que je renonce toujours à acheter au dernier moment, c'est pas de vous que je me moque, c'est de moi. Ouf, c'était long comme phrase, j'espère que vous n'avez pas eu à la relire trois fois pour la comprendre, parce que franchement, y'avait rien à comprendre.

Ceci dit, cette fois, j'ai de l'espoir, mine de rien. Bon, pas celui de devenir la nouvelle égérie du web, mais au moins de bien m'éclater sur ce blog. Parce que, voyez-vous, j'ai quand même un bon vieux blog que j'affectionne. Un blog qui a 4 ans et plus de 60 articles, un ratio un peu mou, je l'admets, mais enfin j'en étais contente. Au moins jusqu'à l'année dernière. Il était un peu pathétique, mais je l'aimais voyez-vous. Je veux dire, je lui ai confié beaucoup. Seulement, le problème, aujourd'hui, c'est que je n'ai plus rien à lui dire.
J'ai changé d'esthétique.
Bon, d'accord, c'est un peu flou comme justification, mais laissez-moi vous expliquer.
J'ai changé. J'ai grandi. En fait, je me suis épanouie.
Il y a quelques années, j'ai, comme toute ado qui avait du mal à s'intégrer, eu ma période trop d4rk. Bon, j'exagère un peu. Dit comme ça, vous me voyez déjà me taillader les veines, non, j'aimais juste Baudelaire. L'esthétique Romantique, avec une majuscule surtout: La Charogne, L'Albatros, L'Héautontimorouménos, pas un bouquet de roses fanées abandonné au bord de l'ooocééééaaaan sous le soleil couchant merde ! Tout ça pour dire que j'aimais ça, les larmes de sang, l'écriture douloureuse et tout le toutim. Et j'aime toujours ça, d'ailleurs - mais j'apprends à ne pas trop le montrer en société, parce que, bêtement, ça fait kitch, maintenant.

PAUSE

Et là, tout simplement, je regarde ce que j'ai écrit. Je vois ça et j'en viens exactement là où je voulais en venir, mais en plus court (peut-être). J'ai écrit cela naturellement, d'une traite, sans me prendre la tête. Et c'est exactement ce que je n'arrive plus à faire avec mon ancien blog. Parce que, justement, il a encore cette esthétique pseudo-gothique, parce que j'ai pris conscience de ce qu'elle valait aujourd'hui, à mon âge, et que je suis obligée de trop me prendre au sérieux si je veux encore accorder un peu de crédibilité à mes écrits Romantiques. Je finis par faire un exercice de style, parce que cela ne correspond plus à ce que je ressens.

Oui, je suis différente aujourd'hui.

Au fond, je réalise que je ne fais que revenir à un état qui était mien petite. Cette expression de "pile éclectique" qui a donné son titre à ce blog, je l'ai inventée alors que je n'avais pas 10 ans - je ne sais pas trop d'où je sortais ce mot d'éclectique à dix ans, mais bon, on a qu'à dire que je suis un génie, ça me flattera un peu. Quand j'étais petite, j'étais pleine d'énergie, je n'avais aucune honte et, je crois, j'étais drôle. Bon, maintenant je dors 16 heures par jour, je m'écrase comme une limande dans la rue quand ma mère se gare un peu en travers, mais ça n'est pas le point. The point is: j'avais cette spontanéité que j'ai longtemps perdu, et que je ne retrouve qu'aujourd'hui. Un peu forcée, au début, il faut le dire. Je faisais les choses parce que c'était décalé et que ça me donnait un côté trop cool, et que peut-être même quelqu'un mettrait les photos sur facebook. Sauf que je me suis bien amusée en me baignant dans les fontaines si on omet la semaine passée au lit avec 40 de fièvre. Je rigole bien quand je vois le plot de la voirie qui trône sur ma terrasse, et je ne regrette pas même d'avoir mangé mon cours d'espagnol (si si, je détestais cette matière à ce point). J'ai découvert que c'était vraiment mon genre, en fait, et que je n'avais besoin d'aucun public pour sauter comme un élan - cette image n'est pas de moi, je vous raconterai peut-être un jour - à travers mon appartement.
Alors voilà, moi aussi, je crois être quelqu'un de fun, au moins de temps en temps, et moi aussi j'ai envie d'un blog totalement autotélique - euh, on va dire égocentrique, réflexe de littéraire - où je puisse raconter des trucs qui sont censés n'intéresser que moi mais qui peut-être vous feront sourire.

Alors non, désolée, je n'ai pas - encore - trouvé de filon trop biatch trop cool genre comment je cuisine bio  comment la robe de Vanessa Paradis elle lui tombe mal sur les hanches comment je me maquille avec un tournevis et de l'huile d'olive (bio) qui vous donnera envie de faire passer le lien à vos amis, mais tant pis ! Je suis ce que j'ai envie d'être, alors je blogue ce que j'ai envie de bloguer, c'est-à-dire: un peu de tout, de tout un peu. L'expression "pile éclectique", elle ne sort pas de nulle part. C'est ce que j'étais, et ce que je fais le vœu de redevenir. Ce blog, c'est retrouver l'enfant que j'ai été, avec les outils et la """maturité""" qu'a acquis l'adulte que je deviens. C'est laisser exploser au grand jour ma personnalité de toujours, totalement aléatoire.
Et franchement, je crois que ça peut donner un truc sympa.