jeudi 23 août 2012

"Cette vie sans internet" ou "Arrkkkrrkrkofarkouic, que quelqu'un appelle un médecin, vite !"

Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie, que n'ai-je donc vécu que pour cette infamie ? Il est deux heures et demi du matin, et internet vient de me lâcher.

Quand ce genre de situation se présente, je suis contrainte et forcée de revenir à cette réflexion que j'ai tellement horreur d'entendre dans la bouche d'un adulte [non, non, je ne suis pas une adulte : j'ai 17 ans ter, moi, môsieur] : "on faisait quoi, avant d'avoir internet ?". Très bonne question : je faisais quoi avant d'avoir internet ? Je noyais, asphyxiais, menais à s'entre-tuer ou exposais à un mélange de vinaigre et de bicarbonate de soude de pauvres fourmis sans défenses. Mais non, je n'étais pas du genre cruelle, à arracher les ailes des insectes ou à les écraser sans pitié ! Je ne m'amusais pas à les brûler avec une loupe ou à les vaporiser d'insecticide, je laisse ça aux sociopathes en puissance qui assassineront des prostituées dans des coins de rue sordides en laissant des messages codés aux types d'Esprits Criminels. Non, non, j'étais parfaitement équilibrée moi ! Je faisais simplement des expériences, des expérimentations très ordonnées qui se montraient toujours très enrichissantes, bien que mes collaboratrices n'en récoltent que rarement les bienfaits. Je ne souhaitais ni les tuer, ni les mutiler, mais c'était quand même vachement drôle quand le bicarbonate de soude se muait en mousse effervescente et semait la panique dans la fourmilière. Pour le reste, je décline toute responsabilité : est-ce mon problème, à moi, si une fourmi ne se rend pas compte qu'elle n'arrive plus à respirer et continue sa descente sous-marine le long d'un bâton partiellement émergé ? Les fourmis sont cons, je suis désolée, j'y peux rien. Tout ce dont on peut m'accuser, c'est de non-assistance à fourmi en danger. Et de séquestration. Et d'attentat terroriste.
Et après on dit que les jeux vidéo portent à la violence ? L'absence de connexion et un demi-hectare de jardin portent à la violence, oui. Après avoir rejoué 147 fois le Seigneur des Anneaux, avoir tour à tour changé le gazon en lave, en marais nauséabond et en piques acérées, être devenue l'esclave de termites géantes et un vampire en embuscade dans les branchages, que me restait-il à faire à part méditer sur la mort avec mes amis les insectes ? Comme toute autodidacte qui se respecte, j'ai fait de grandes découvertes, qui méritent d'être reconnues aujourd'hui. Par exemple, une de mes épiphanies d'Halloween : vous saviez qu'une limace face à une bougie allait se rapprocher irrésistiblement de la flamme jusqu'à blanchir et finalement griller ? Genre c'est pas accidentel, c'est même pas de la connerie comme les mites, à ce stade, vu la vitesse fa-ra-mi-neuse à laquelle elle rampe vers sa mort, c'est carrément du suicide, sans doute un rite sacrificiel consacré à une divinité supérieure du panthéon limaçaire dans le sanctuaire de la citrouille ! Mais non, je ne suis pas sadique, je ne sais pas de quoi vous voulez parler ! D'ailleurs je n'ai jamais cherché à vérifier l'affirmation selon laquelle une fourmi serait capable de survivre plusieurs jours la tête tranchée. Ah bah tiens, en voilà une expérience qui manque à mon panel !.. Mais heureusement pour les fourmis, il est trois heures du matin, je suis en petite culotte, ce n'est pas le moment d'aller faire la chasse aux hyménoptères - bien que, j'en suis sûre, ça ne déplairait pas à mes voisins.

Bref, peu après ma période entomologiste, mais encore avant d'avoir internet, j'ai découvert les joies du jeu vidéo hors connexion. Je me souviendrai toujours de mon premier jeu : "Les Chevaliers de Baphomet : le Manuscrit de Voynich". Je me souviendrai toujours que j'ai passé près de trois heures coincée dans la salle au tout début du jeu juste parce que j'avais oublié d'essayer une combinaison d'objets. Je me souviendrai toujours de l'accent anglais douteux du héros qui passait son temps à me répéter "ça ne marchera pas" ou "je ne vois pas de raison d'essayer ça" alors que PUTAIN FAIS CE QUE JE TE DIS ESPECE DE BIFTECK A DEUX BALLES, tu vas pas me dire que ça a un sens de faire fondre du maquillage dans un gobelet à la chaleur d'un projecteur pour huiler une barre et faire s'effondrer le plafond pour que le coffre de l'étage au-dessus se casse en tombant quand même !? Je me souviendrai toujours de ce PUTAIN DE CHANGEMENT DE CAMERA dans la course-poursuite dans les souterrains qui faisait que je me mangeais systématiquement le mur au changement d'écran et me faisais coller une balle dans la poitrine par une russe à l'accent non moins douteux (c'est aussi ce jour-là que j'ai découvert comment activer les touches rémanentes). Et je me souviendrai toujours d'avoir retapé un quart d'heure de jeu juste pour entendre la fin d'un dialogue que j'avais interrompu sans faire exprès. "Je te lèguerai ma collection de Tintin." Putain.

Malheureusement, aujourd'hui, la grande majorité de mes jeux sont sur Steam. Steam, ce gros connard qui te dit que même pour jouer à Beyond Good and Evil, il te faut internet, alors que putain y'a cinq ans t'y jouais tranquille sur ta PS2 en rushant au maximum parce qu'au fait, c'est ballot, t'as pas de carte mémoire. Mais putain, au moins quand je jouais toute seule tranquille pendant les cours et que je rentrais le soir voir la promo du week-end sur Steam, y'avait pas ce PUTAIN DE STEAMCLOUD pour m'effacer mes sauvegardes à Bit Trip Runner et Super Meat Boy. Je crois qu'il n'y a rien de pire que de finalement réussir à passer un niveau après des heures et des centaines d'échec pour relancer le jeu et t'apercevoir que t'es revenu au tout début du monde. Bref, Steam est une pute, et si tu payes pas d'avance en connexion internet, t'es baisé (ou plutôt pas baisé si on veut suivre la métaphore, mais bon, ça devient légèrement douteux...). Alors je checke les icônes sur mon bureau, et je m'aperçois que les seuls jeux que je n'ai pas sur Steam sont Rift, Aion, The Secret World et League of Legends. Youhou, j'ai même l'icône Wakfu ! Est-ce que bordel il est encore possible de faire quoi que ce soit sur un PC sans internet aujourd'hui ? Ah, oui, je peux toujours squatter le compte Minecraft de KGB pour faire une partie solo. Mais mais mais c'est qu'il faut se connecter au serveur Minecraft pour vérifier les identifiants, FORMIDABLE.

Bon, je rage un peu vite ceci dit, j'ai une quantité non-négligeable de jeux sous disques, autre symptôme de ma stockonite aigüe. J'ai donc une quantité non-négligeable de jeux sous disques, dans mon autre maison. Seigneur Nvidia, ça y est, c'est sûr, je ne hais plus simplement les déménagements, non : les déménagements sont la quatorzième plaie d’Égypte, les déménagements sont le treizième travail inachevé d'Hercule. Les déménagements provoquent le lupus, bouffent ta bande passante, tuent les bébés phoques. Les déménagements sont l'incarnation du Mal sur cette terre, l'alpha et l'oméga de l'inhumanité. Les déménagements... oh putain j'ai sauvé Oblivion !

Bon, maintenant, j'aimerais que quelqu'un m'explique pourquoi je suis allée caser mes sauvegardes d'Oblivion dans un sous-fichier d'un sous-fichier d'un sous-fichier dont j'avais oublié jusqu'à l'existence ? Pourquoi est-ce que mes fichiers de jeux sont mieux cachés que du pr0n ? Est-ce qu'à un moment je me suis dit que "Antichambre du sanctuaire", "Logement des serviteurs" et "Hôtel du Comté" ça faisait des noms de lieux vachement appropriés pour une levrette ? On est dans Oblivion bordel, pas dans Game of Thrones !
Et puis merde encore, ma dernière sauvegarde est dans un souterrain, et j'ai HORREUR des souterrains dans Oblivion - comme dans n'importe quel jeu d'ailleurs. Surtout quand ils ont plusieurs étages. Surtout quand t'as un bruit de fond trop creepy qui vient se substituer à la musique du jeu. Surtout quand tu sais plus si t'es entrée par la droite ou OH PUTAIN, OH PUTAIN Y'A UN TRUC LA c'est juste une caisse éventrée. Bref, je laisse tomber Oblivion.
Sinon, maintenant que j'y pense, j'ai piraté acheté en bonne adepte du néo-libéralisme en pleine crise financière Les Sims 3 et chacun de ses disques additionnels à 40 euros et de ses kits parfaitement useless à 20 euros, parce que c'est vrai que je n'ai que ça à faire de mon argent, j'en ai tellement que je préfère le donner à des entreprises en difficulté comme EA Games ! Bref, je pourrais jouer à ça, mais comme je l'évoquais ici, ma blondasse en mini-jupe adepte du cuir va certainement mourir vierge, et j'ai fini par me rendre à l'évidence que ce jeu me dépasse.

Il est 4 heures moins le quart et internet n'est toujours pas revenu. Listons les choses utiles que je pourrais faire en profitant de l'absence d'internet :
- Dormir > C'est surfait, comme dirait un polytech me traînant en boîte veille de DS.
- Ecrire > J'ai le choix entre revenir sur la pièce de théâtre que j'ai fini depuis un an mais sur laquelle je reviens à chaque fois que je sais pas quoi faire ou être en panne d'idée sur n'importe quel autre projet.
- Lire > Mon bouquin du moment est dans la voiture dehors, il est maintenant 4 heures moins dix et je suis toujours en petite culotte.
- Regarder un film > Excellente idée si je l'avais eue il y a deux heures. Vraiment, quelle faculté à trouver la réponse appropriée au bon moment, je m'impressionne.
- Cliquer au hasard sur des dossiers et faire le concours du plus grand nombre de sous-dossiers > Bah voilà, en voici une idée productive !
Sinon, à propos de démonstratifs je peux toujours feuilleter le numéro de "Voici" que ma mère m'a balancé sur la gueule ce matin dans une naïve mais pleine d'espoir tentative pour me sortir du lit.

Ou bien, en féministe qui se respecte, je peux faire une analyse de mon dossier spécial Bonjour Madame & Cie et regarder quelle proportion j'ai de brunes, de blondes et de rousses et combien il y a de photos en noir et blanc.

Oui, je m'ennuie vraiment à ce point-là.

J'ai donc 78 brunes, 28 blondes, 15 rousses, 1 fille aux cheveux bleus et 13 dont la couleur de cheveux est impossible à déterminer ou... plus que... secondaire... *tousse*. Dont 68 clichés en noir et blanc, soit un peu moins de la moitié des fichiers.
Ah et oui, quelque part, qui traînent, j'ai aussi une blondasse accroupie sur une échelle de piscine, parce qu'elle peut, et deux brunettes qui font le grand écart sur le rebord d'une piscine, parce qu'elles peuvent. La logique des shooters de photos pornographiques érotiques est indiscutable.

Il est bientôt 4 heures et demi, ce qui veut dire que je me lève dans quatre heures pour mon rendez-vous chez le coiffeur, et comme internet n'est toujours pas revenu, je ne peux pas publier. Putain.

13h37, l'heure du geek par excellence. Mais 4 heures de sommeil et une séance de coiffure plus tard, internet n'est toujours pas revenu. Je commence à m'inquiéter sérieusement : et s'il ne sortait jamais de ce coma ? Si les traumatismes étaient trop graves, les séquelles irréversibles qu'il ne puisse jamais totalement recouvrir ses capacités intellectuelles ? Oh, non, mon pieu, je ne sais pas si je serais capable de prendre la décision de le débrancher... De mon côté, je suis épuisée. Les longues heures de veille auprès du malade m'ont comme vidée de ma substance. Je sens bien, par exemple, l'affaissement de ma vivacité intellectuelle. Que de tourments m'habitent !
Ah ben tiens, j'avais pas pensé à un truc : j'ai l'application LeMonde.fr sur mon mobile, je vais tout de même pouvoir me tenir au courant de l'actualité internationale afin de préparer comme il se doit les concours en journalisme ! Parce que oui, j'entends guetter les grands évènements qui vont ponctuer cette année afin de me donner les moyens d'accéder aux meilleurs études possibles dans ma filière. D'ailleurs, j'avais déjà un article du Monde ouvert sur mon portable :

"Que de bordels en Europe !"

Oui, comme à chaque fois que je lis les journaux, je me dis que je vais essayer de comprendre la guerre en Syrie, de voir l'évolution des révoltes dans les mines d'Afrique du Sud, de suivre le cas Assange ou de découvrir quels sont les derniers condamnés du régime chinois et je finis par lire des articles sur des termites kamikazes ou des études sur la pratique de la levrette en France. Vous saviez que chez un certain type de termites qui semblent stocker des cristaux bleus à l'intérieur de..?

1h15: Ô rage, ô désespoir, ô Macintosh ennemi ! Ma connexion est toujours muette. J'en viens à me demander si mon fournisseur d'accès internet ne se foutrait-pas-un-peu-de-ma-gueule-quand-même. Je me dis que peut-être il serait temps de try turning it off and on again, mais je me dis aussi que ma mère dort dans la même pièce que la box, et que j'ai envie de voir le jour se lever demain.


Alors, au bord du précipice, il ne me reste plus qu'une seule solution, puisse Eru Ilúvatar sauver mon âme : je vais faire la même chose qu'avec mon dossier Bonjour Madame & Cie, mais avec mon dossier de nekos.
Et j'ai donc 39 brunes, 23 blondes, 10 rousses, 15 avec les cheveux blancs ou gris, 1 avec les cheveux bleus, 6 avec les cheveux roses ou violets, et 3 avec les cheveux verts (merci aux japonais d'introduire un peu plus de diversité, comment avez-vous deviné que j'adorais le calcul mental ?). Et à partir de là, je vous préviens, la prochaine étape, c'est avec les personnages de League of Legends. Oui, je sais, c'est beaucoup moins aguichant. Mais bon, au pire, vous pouvez toujours tenter de vous imaginer Rammus en bikini et... et... oooh... et... aaah... et... Oh, excusez-moi, j'ai été un instant troublée par une telle explosion de sex-appeal (surtout ne le répétez pas, mais quand j'étais petite, je pensais que c'était sexe à piles).

12h59 : Joie ! Joie ! Joie ! Pleurs de joie ! comme dirait l'ami Pascal. Je m'en suis séparée. Dereliquerunt me fontem aquae vivae. "Internet me quitteras-tu ?" Que je n'en sois pas séparée éternellement.
Oui, en résumé, internet est revenu. Je vais donc pouvoir reprendre le cours de ma vie, lire LeMonde.fr, checker les réponses que j'ai eu sur les forums politiques et... joueeeeer à des mini-jeeeeux sur facebooook cœur cœur smiley cœur !

14h21 : Ô rage, ô désespoir, ô putain de merde ! Alors que j'étais tranquillement en train de rédiger une réponse sur un forum, ma connexion vient à nouveau de se faire la malle. Ô détestable petite chose.

15h06 : Et la voilà, de retour, l'air de rien, genre "Ah bon, t'avais besoin de moi ?" Je la suspecte vivement d'être de mèche avec Erwan [ndlr: mon téléphone portable] qui a mis en place trois stratégies diaboliquement mesquines pour me faire chier :
1) Il reçoit certains messages avec trois heures/jours/semaines/mois de retard. Mais attention, pas n'importe quels messages, et pas dans n'importe quels délais. "Hey, salut, je suis devant chez toi, je peux passer ?" Trois heures de retard. "Si tu veux passer récupérer ton chapeau, je suis sur Montpel aujourd'hui." Trois jours de retard. "Au fait, mardi prochain on a pas géo." Trois semaines de retard. "Tu me manques. Vivement demain qu'on se voit !" Trois mois et une rupture de retard.
2) Mais attention, quand il reçoit les messages, tout n'est pas gagné pour autant. Car ce petit daeva a mis au point un sortilège hautement sophistiqué : il mélange les messages que je reçois à de vieux messages, faisant survenir au beau milieu d'une phrase des vestiges d'une ancienne discussion. J'ai ainsi eu droit un jour à un magnifique "je t'aime mes fesses :o" qui restera dans les an(n)ales. Et là encore, mon portable semble spécifiquement cibler les moments-clefs de ma vie, genre un message revenant sur une rupture encore toute fraîche à l'époque et qui est toujours demeuré incompréhensible à mes yeux, rapport au fait que voilà, je me voyais moyen-moyen demander "Ouais, dis-moi, le discours que t'as fait sur de toute façon on reste amis/je compte encore pour toi/t'as grave les boules/ou n'importe quoi d'autre parce qu'en fait j'ai pas une seule phrase en entier, c'était quoi du coup ? T'es deg' ou pas au final ?"
3) Sinon, tout simplement, mon portable fait de temps à autres une crise existentielle et déclare que "le réseau, c'est has-been". Il décide donc tout simplement, sans préavis, de ne plus capter, alors qu'il n'a pas bougé d'un iota depuis le dernier appel qu'il a reçu avec toutes ses barres, ne me laissant d'autre choix que de le turner off and on again. Et bien sûr, là encore, c'est toujours quand mon agent immobilier doit me rappeler ou que j'attends le signal de quelqu'un pour commencer à me préparer. Genre je kiffe qu'on sonne à ma porte alors que je suis en culotte, pas douchée, pas maquillée et que j'ai encore les sacs de courses au milieu du couloir. "Le réseau, c'est tabou, on en viendra tous à bout !".

Mais bon, comme cette petite fouine de connexion semble avoir quelque peu stabilisé son comportement, avant qu'elle ne se décide à nouveau à changer d'avis :

FEU. (mais pas depuis environ dix heures et demie du soir jusques environ minuit et demi, n'en déplaise à Pascal, j'ai envie de profiter un peu plus longtemps de l'ADSL) [Les littéraires me comprendrons, ndlr].

2 commentaires:

  1. Haha, les chevaliers de Baphomet. Essaye Runaway, la trilogie, en commençant par le premier épisode (c'est mieux, comme on peut s'y attendre).
    Bon pétage de plomb.

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    1. Ouais, j'en ai entendu parler... j'imagine que je me les prendrai quand j'aurai amorti la longue liste de jeux Steam que j'ai même pas pris la peine d'installer !

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