vendredi 29 juin 2012

Faudra-t-il que je coure juuusqu'au booouuut ?

Je me dis souvent que la chose au monde que je préfère, c'est dormir. Parce que quand je dors, je rêve, et quand je rêve, il m'arrive toujours des aventures fabuleuses. J'ai ainsi été particulièrement marquée par un songe que j'ai fait au lycée, dans lequel j'étais un marsupilami borgne et où je vendais des cookies à la framboise, sur un roulement à billes, dans un amphi de fac. Malheureusement, peu de personnes parviennent à saisir la profondeur de cet échafaudage spirituel. C'est comme la fois où j'étais une limande dans le Bus Magique.

[Et puis en plus, c'est tout à fait plausible, dans le Bus Magique, ils descendent vraiment dans les grands fonds. J'avais juste un don de métamorphose en plus, pas de quoi en faire toute une histoire.]


Bref, j'adore rêver, parce que je sens vraiment que cela donne voix à mes désirs les plus profonds - j'adore la limande. En revanche, s'il y a une chose que je déteste par-dessus tout, c'est le rêve d'anticipation.
Je m'explique : quand vous rêvez, c'est pour vous libérer des contraintes de la réalité, pour rencontrer un dinosaure ou foutre une tarte à votre ex - ou, dans mon cas, pour vous transformer en limande, oui oui. Bref, vous êtes là pour vous éclater un max et en taper cinq au T-rex. Sauf que quand un truc vous préoccupe, enfer et damnation ! Cela vient s'incruster dans votre subconscient, et puisque cet enfant de troll est aussi là pour libérer vos angoisses, ça tourne toujours, toujours mal.
Par exemple, quand j'ai passé mon écrit de géographie, la panique s'est emparée de moi lorsque je me suis aperçue que j'avais oublié mes crayons de couleur pour la carte de synthèse. En plus, je passais en même temps l'épreuve orale d'anglais de l'ENS de Cachan, qui se fait à partir d'un document audio auquel je ne comprenais rien. Et pour couronner le tout, la salle a été attaquée par des jaguars. Bref, c'était la merde.

Aujourd'hui, je devais retourner à la fac de droit pour retenter de déposer ma demande d'équivalence. J'avais appris de l'autre étudiante en perdition, qui elle voulait s'inscrire en droit, que la personne qui se chargeait des demandes d'équivalences en science po était absente. Du coup, grande joie, j'avais l'occasion de revenir le déposer le lendemain matin. Autrement dit ce matin. Matin.
S'il est un mot qui peut m'inspirer autant de terreur qu'holocauste, c'est bien celui de matin, surtout dans le contexte des vacances scolaires. Oui, je connais trop bien ma formidable faculté, que le monde entier m'envie j'en suis sûre, de me lever entre 14h et 16h tous les jours. Le problème n'est pas le réveil en soi: le problème est de sortir du lit. Peu importe le nombre de fois où KGB me réveillera, je me retournerai et me rendormirai dans les 30 secondes. Si j'ai raté la moitié des cours entre 8h et 10h cette année, ce n'est clairement pas un hasard. Bref [et je dis beaucoup "bref" 'tain, et en plus je vous jure que c'est pas à cause de la série, je fais ça depuis que je suis toute petite bordel Canal + m'a plagiée !] j'ai horreur de me lever tant que le soleil n'est pas au moins aux trois-quarts de sa course. Et comme je ne sais plus où j'ai foutu mon portable et que j'avais grave la flemme de le chercher, je n'ai dû compter que sur mon propre instinct de survie. Et si je dis ça c'est parce que je le connais bien, ce petit con qui vient me réveiller tous les trois-quarts d'heure dès que j'ai un truc à faire. En première année de prépa il m'interdisait catégoriquement d'aligner plus de 4 heures de sommeil à la suite - le fait que je jouais à League of Legends jusqu'à trois heures du matin jouait peut-être un peu aussi, remarque. Bref [oui, encore !] j'avais laissé mon ordinateur allumé pour télécharger un film chauffer la pièce jusqu'à ce que mort s'ensuive, et à chacun de mes réveils, si l'analyse de la luminosité et du bruit dans la rue ne donnait pas de réponse convaincante, j'entrouvrais le clapet de Shawn - mon ordinateur, essayez de suivre un peu ! - et méditais sur la raisonnabilité [oui, je sais que ce mot n'existe pas mais, j'emmerde Larousse] d'un rendormissement. Sans les interruptions incessantes, ça donne: "j'entrouvrais le clapet de Shawn et méditais sur la raisonnabilité d'un rendormissement" donc. Je voyais combien de temps il restait avec que je doive vraiment me lever, et essayais d'estimer la probabilité pour que je me réveille à nouveau avant l'heure fatidique. Et forcément, immanquablement, au bout de plusieurs heures de ce petit cirque où j'enregistrais à peine quelques chiffres avant de retomber dans les brumes languissantes du sommeil, j'ai fini par me réveiller vraiment à la bourre, supplier ma mère de m'amener dans les plus brefs délais incessamment sous peu pitié ma vie est en jeu, essuyer un refus magistral, me mettre à crier, me mettre à pleurer, me mettre à casser des objets, réaliser que ma vie était ruinée et que désormais je passerai chaque jour de mon existence à astiquer le système de ventilation de chez MacDo, et me réveiller.
J'étais seule, dans mon appartement à quinze minutes de la fac, et il était à peine dix heures.
Soulagement.

Du coup, au final, je suis allée à la fac en avance sur mon planning, juste parce que cet abruti de subconscient m'avait foutu les jetons.
Je suis allée à l'accueil du bâtiment 1, y'avait personne.
Je suis allée à l'accueil du bâtiment 3, ils savaient pas. Ils m'ont renvoyée vers la bibliothèque.
Je suis allée à la bibliothèque, y'avait personne.
Finalement, on m'a incitée à m'aventurer dans les étages et à frapper à des portes au hasard. Y'avait beaucoup de portes, je savais pas par où commencer, et puis en droit y'a que des types en costard et des meufs en tailleurs - j'avais l'impression d'être à un entretien de HEC - et j'avais pas envie de déranger un de ces trucs-là, j'avais bien trop peur de me faire charger. En fait, y'avait qu'une seule salle d'ouverte, où quatre ou cinq étudiants jouaient au démineur étudiaient sur des ordis (en plus je crois que c'est vraiment le genre à vraiment étudier). Toujours est-il qu'après être passée une fois, deux fois, trois fois devant leur salle, j'ai fini par me résigner à leur poser directement la question, juste histoire qu'ils pensent pas que j'étais une touriste qui s'était perdue là en cherchant le Capitole. Et forcément, dans cette merveilleuse alchimie qu'est la fac, les élèves savent mieux que les gens de l'accueil ce qu'il se passe à l'université. J'aurais dû y penser dès le début. Ainsi, une âme charitable m'a recueillie et m'a guidée jusqu'au bureau de la secrétaire à laquelle je devais m'adresser.
Qui était pas là.
Mais enfin j'ai quand même trouvé quelqu'un à qui donner mon dossier. Rien que pour ça je te transmets mon éternelle reconnaissance, étudiant mystère qui m'a permis d'échapper à la ruine. Bon, le seul problème, c'est que j'ai pas pu demander comment remplir les parties que je savais pas remplir - c'est-à-dire la moitié du dossier d'inscription. Du coup j'ai mis des trucs au pif au crayon, et maintenant je dois adresser un mail à Sylvia. Trop bien.

Mais bon, l'essentiel dans cette histoire, c'est que je suis enfin débarrassée de ce dossier qui me pesait lourd sur la conscience. Je vais enfin pouvoir avoir l'esprit tranquille... En espérant ne pas rêver que mon mail ne parvient jamais à la secrétaire.



EDIT: maintenant que j'y repense, j'étais peut-être une raie.

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