vendredi 1 novembre 2013

La Norvège veut me tuer

Je suis en danger. Je ne suis pas certaine de pouvoir finir ce que j’ai commencé. Si vous lisez ces lignes, eh bien… c’est que je suis encore en vie au moment où je les publie. Mais si vous les lisez plus tard, bah je ne réponds plus de rien.

Je ne l’ai pas compris tout de suite. D’abord les signes ont été sporadiques. Les tactiques veules et détournées. Les prix au supermarché tentant de me pousser au suicide. La lenteur des cours me plongeant dans un état de désespoir avancé. L’alarme incendie me réveillant au beau milieu de l’après-midi, pour me maintenir dans un état de fatigue perpétuelle. J’ai résisté. Puis la Norvège est passée à la vitesse supérieure. Il y a eu les menaces de mort des mouettes faisant deux fois ma tête. La tentative d’assassinat de la râpe à fromage, qui a failli me faire perdre connaissance. Le meurtre du chargeur et de la batterie de Sinead, me laissant seule, sans allié. Et puis, finalement, il y a deux semaines de cela, la Norvège a bien failli réussir son coup. Les escaliers piégés. Un jour normal, un jour de froid et de glace, et zip ! J’ai manqué me rompre les os. Je n’ai même pas eu droit à la slowmotion de rigueur qui laisse le temps de réagir l’instant d’une chute. Non, la Norvège, elle ne se bat pas à la régulière.

A présent, la guerre est déclarée. J’ai dompté, humilié la glace à grands coups de luge avec le renfort de Rocky et d’Edward. J’ai mis mes blessures à l’épreuve dans une reproduction franco-germano-polonaise de la Seconde Guerre Mondiale. J’ai frôlé la mort. J’ai percuté Mufassa à pleine vitesse, j’ai dû me jeter à plat ventre dans un gouffre de neige pour éviter un Edward menaçant de percuter mes organes vitaux. J’ai failli me laisser enterrer dans une tranchée sous les assauts répétés d’un Mufassa aux projectiles douloureux. Mes fesses ont failli geler.
Je n’avais plus peur, alors. Je marchais d’un pas décidé dans la nuit. Je courais sur le verglas à la poursuite d’un bus à la conception très personnelle du temps qui s’écoule. Je me roulais dans la neige vêtue d’une simple chemise. Encore mieux que Rambo, motherfucker. Mais la Norvège s’est défendue. La Norvège n’était pas contente, vraiment pas contente. Elle a fait disparaître mon frigo pendant la journée. Je l’ai retrouvé deux salles plus loin. La Norvège a fait résonner l’alarme incendie à 4h20 du matin. La Norvège a remis une couche de verglas.
Ah oui, horreur absolue ! Je ne l’avais point mentionné, mais j’occupe une position critique. J’évolue sur un champ de mines, à la lisière de l’Enfer. J’habite à côté… d’une école maternelle ! Je les vois, toutes ces âmes damnées, possédées par le démon de la demeuritude. Hier matin, une armée de petits norvégiens joufflus a fait un raid autour de ma salle de cours. Ils ont plaqué sur nous leurs regards de tueurs de fourmis, à travers la vitre froide et implacable. Blam. Ce front cognant tel celui d’un zombie ou d’un attardé dans un hôpital psychiatrique glauque, faisant résonner la menace. Une menace qui m’était toute destinée.
Hier soir, soir d’Halloween rempli des murmures des morts et des yankees moustachus déguisés en clowns roses. Le point culminant de cette fable horrifique. J’ai cru que j’allais y laisser ma peau. Mon cœur bat encore la chamade à cette évocation sinistre. Suis-je seulement bien vivante ?
Avant tout, il faut que je vous parle de lui. Oui, chers lecteurs, depuis mon arrivée en Norvège, je suis la cible d’un Leprechaun. Ouais, je sais que ça vit pas so far North ces choses-là, mais j’ai dû me le ramener d’Angleterre, sans doute quand j’ai failli me laisser engloutir par le sommeil à l’ombre d’un arbre de Kensington Gardens, ce qui expliquerait que mes valises aient changé de poids. Au début, il a agi discrètement. Des disparitions d’objets. Des chaussettes d’abord, une ou deux, puis s’acharnant à les dépareiller. Puis, il est devenu plus ambitieux. Un T-shirt, un pull. L’élastique que je porte en permanence autour du poignet a disparu un jour ; je l’ai retrouvé au soir autour de ma cheville. C'était sûrement une tentative de garot. Il en veut à mon intégrité physique. Il agit quand je suis éloignée de chez moi, vulnérable. Au premier Cabin Trip que j’ai fait, il m’a subtilisé 70 krones dans la poche d’une veste que je n’ai pas quittée. Au second, il s’en est pris à mon matériel de première nécessité, et s’est emparé de mes mitaines, au nez et à la barbe de l’équipe d’Utropia, pourtant composée de journalistes surentraînés au poker. A chaque fois, il est passé à l’acte juste au moment du départ, alors que j’étais blessée (oui, une brûlure de sauna, c’est handicapant, ça fait mal dans le jacuzzi !) Et puis, ça a changé de nature. Il a tenté de me rendre folle, de m’acculer avec des menaces. Un jour que j’étais tranquillement dans ma chambre, j’ai entendu le son d’une flûte résonner au-dehors. J’entrouvre naïvement la fenêtre pour tenter de trouver la source de ce bruit que je distingue clairement, en vain. Abandonnant ma quête, je me rends dans le couloir et, rencontrant une connaissance presque française (ces réunionnais tentent de me faire croire qu’ils ont l’eau courante, comme La Cigale auparavant, ne vous laissez pas avoir, c’est un complot !), m’étonne à voix haute de cette mélopée. L’insulaire hausse un sourcil et me répond : « Ah bon ? J’ai rien entendu » alors qu’à l’instant s’élevait dans l’air l’incantation démoniaque.
Plus récemment, j’ai trouvé des traces de sang sur mes vêtements. Je n’ai pas tout de suite fait le rapprochement, me contentant de me demander How The Hell il était arrivé là. Je me rappelais avoir une fois pugilé jusqu’au sang avec β-carotène, mais cela ne semblait rien expliquer. Ce n’était presque rien, une goutte à peine, alors j’ai classé l’affaire, mais en y repensant, une goutte, à l’échelle d’un Leprechaun, c’est considérable. Une menace de mort, au moins.

Hier soir, il est passé à l’attaque.

J’ignore si c’est la fête des morts qui le rend plus puissant, s’il s’est dit qu’un meurtre passerait inaperçu au milieu du faux sang ou s’il a juste saisi une occasion au vol, mais il a accéléré son plan. Peut-être aussi a-t-il appris que j’avais entamé la rédaction de cet article, et a-t-il voulu m’empêcher de parler. Mais laissez-moi vous expliquer la situation.
La première chose que vous devez savoir pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette affaire, c’est que Sinead est dans le coma depuis bientôt trois semaines. Comme expliqué, son chargeur et sa batterie ont été assassinés, et la mutilation l’a laissée dans un sale état. En conséquence, si je veux accéder à la dimension internetale, je suis dépendante des ordinateurs de la fac. La bibliothèque est trop fréquentée à mon goût et ferme à 21h, au-delà je n’ai plus qu’une solution : utiliser la salle informatique du Center for Peace Studies, à laquelle les élèves de mon programme ont accès h24. Sauf que ma carte étudiant magnétique ne me permet pas d’ouvrir le bâtiment. Ce qui est tout à fait logique, puisque c’est le seul bâtiment dans lequel j’ai cours… Ainsi, je sais que si je quitte l’endroit, c’est pour ne plus y revenir à moins que quelqu’un puisse m’ouvrir. Or le lieu se vide en général peu avant minuit, à l’orée du dernier bus. Moi, j’avais tranquillement achevé ma séquence cinéma et je trouvais divers prétextes à traîner pour rester en seed depuis mon poste préféré et éviter d’allonger la liste de Hit&Run causée par le malaise de Sinead.
Il est bientôt 2 heures du matin quand je crois entendre des bruits de pas. Au début, je pense naturellement au Veilleur de Nuit, cette entité dont j’ai toujours entendu parler sans l’avoir moi-même jamais observée. Peut-être s’agit-il d’un esprit hantant le campus, l’âme damnée d’un professeur qui s’est autrefois tué sur la glace, qui erre la nuit et que seuls peuvent voir les élèves dotés de dons psychiques. Je me concentre sur le son des pas, que je trouve anormalement étouffé. Pourquoi le Veilleur de Nuit s’efforce-t-il de se déplacer aussi discrètement ? Croit-il surprendre un voleur ? J’attends avec une vague appréhension que la porte s’ouvre. Elle ne s’ouvre pas. Les pas continuent, trop longtemps pour l’escalier et la maigre portion de couloir descendant en salle informatique. Je ne songe pas alors qu’il s’agit de la courte et ténue foulée d’un Leprechaun, et met un peu trop vite cette étrangeté auditive sur le compte de la pluie.
C’est peu après, au moment de me lever pour partir que se referme sur moi le piège. Je suis alors violemment tirée en arrière. Je m’aperçois bien vite du subterfuge : la chaise de bureau sur laquelle j’étais assise a littéralement gobé mon manteau. Et pas n’importe quel manteau, bordel. Mon manteau Desigual à 420 euros (comment ça je l’ai eu en déstockage ?) avec lequel je pourrais me nourrir pendant un mois entier ici-haut (si on me fait cadeau des frais de change). La doublure, dans sa plus grande casualité, est parvenue à s’immiscer dans un interstice dont je ne peux même pas estimer l’ordre de grandeur tant c’est plus petit qu’une mine de porte-mine. Un ticket de tramway n’y passerait pas. Alors comment..? Je me dégage de l’étreinte du manteau et m’agenouille pour inspecter la situation (bon, d’accord, j’avais déjà fait ça pour m’apercevoir de koikil s’agissait, mais on va pas ergoter). La doublure est déchirée, l’interstice est colmaté par les fibres arrachées, qui sont tellement coincées que je ne peux les en extirper. La couture est coincée de l’autre côté. J’avais beau tirer de toutes mes forces, rien à faire, même pas l’ombre d’un progrès. Et je sais bien que la violence ne résous pas la violence mais nous entraîne au contraire dans une spirale infernale où l’escalade et je sais j’ai regardé J’ai rencontré le diable (Akmareul boatda) hier soir, mais je n’ai pas vu d’autre solution : j’ai tabassé mon agresseur dans l’espoir de lui faire cracher le morceau de tissu. Rien à faire. Je suis passée à la mutilation, tentant vaguement de lui tordre les vis pour obtenir une réaction. Rien à faire. J’ai tenté le tout pour le tout, m’arc-boutant pour lui forcer la mâchoire dans une scène digne de Mirrors (ou de J’ai rencontré le diable d’ailleurs). Toujours rien à faire. La chaise était là, étalée sur le sol, gisante mais résistante, et tout ce que j’avais réussi à faire c’était pousser une table du bout du pied. Et moi aussi j’étais là, par terre, au milieu de la nuit et sans doute seule sur tout le campus, sans batterie sur mon portable.
A cet instant je pris conscience de ma vulnérabilité. Immobile, au sol, acculée au fond d’une salle, dans un bâtiment dont l’unique issue est un escalier. Pas même une fenêtre digne de ce nom pour s’y jeter. Et si le tueur entrait dans la salle à ce moment précis ? Abandonnerais-je mon précieux manteau, ou mourrais-je en le défendant ?
N’y tenant plus, je forçais à nouveau sur le tissu, cette fois avec la ferme intention de faire céder la couture. De toute façon, sans ciseaux à portée, l’opération chirurgicale n’était pas disponible, c’était de la médecine de guerre, de l’amputation en saucisson dont Victor Pauchet aurait été fier (comment ça cette référence ne peut être comprise que par les individus ayant été en khâgne en l’an 2011/2012 ?) Je ne pouvais de toute façon pas veiller sur le vêtement toute la nuit, au risque de me faire poignarder. Le manteau, compréhensif, accepta de se sacrifier pour que je puisse m’en sortir. La couture fut rompue. Je fermai ma session et pris mes jambes à mon cou.
Et dire que je pensais alors le calvaire terminé ! Il n’en fut rien.
A peine sortie du bâtiment, et déjà une obscure silhouette d’homme se découpait sur la pelouse. Le buste de Gandhi a manqué m’assassiner par arrêt cardiaque, et dire qu’on a fait de cet homme un symbole de la paix ! Ils ne savent rien de lui ! A sa suite, quelques ombres, dont je ne sais pas bien s’il s’agit de mèches de cheveux ou de clignements d’yeux involontaires tentent d’achever le travail. Les effets spéciaux kitchissimes de Kaboom me reviennent en mémoire et me glacent le sang – je me félicite intérieurement de n’avoir finalement pas regardé Insidious. Je commence à me parler toute seule, pour me rassurer, preuve qu’il a réussi à s’infiltrer dans mon esprit. Néanmoins, je me calme peu à peu.
Mais il fallait encore que je parvienne à m’échapper du campus.

Il faut savoir qu’it happens que j’habite à la modeste distance de 200 mètres du campus. Mais ces 200 mètres sont composés d’un chemin ondulant à travers la forêt enneigée, chemin comportant notamment une pente assez prononcée. Or, la nuit est généralement le moment le plus sûr pour rentrer par-là, puisque c’est souvent la nuit qu’il neige et que les flocons frais viennent étaler sous vos pas un tapis moelleux et rassurant. Sauf que ça commence à faire un moment qu’il n’a pas neigé. Résultat, j’évolue sur une neige vieille de deux semaines que les étudiants du campus (qui constituent 1/7ième des habitants de l’île, il est de bon ton de le préciser) ont tassé des centaines, des milliers de fois sous leurs pas. Préparation qu’une petite pluie nocturne a achevé de transformer en revêtement aussi uniforme que meurtrier, qui scintillait alors sous les rares lueurs de cette nuit anormalement sombre.
C’est donc sans la plus grande assurance que j’envisage la montée qui m’attend. Je me retrouve ainsi, tout au bout du campus, dans un recoin oublié à l’arrière d’un bâtiment à cette heure-ci fermé, à détailler la pente brillante de danger qui m’attend, impassible. Faire demi-tour ? Je songe au détour que cela suppose au milieu du campus, alors que le tueur rôde peut-être encore, peut-être juste là, derrière moi, ne te retourne pas. Non, je ne peux pas aller en arrière, mais avancer, coûte que coûte.
C’est plus de l’escalade que de la marche qui me hisse dans la forêt. Je glisse mes pieds dans les encoches que mes prédécesseurs ont taillées dans le verglas. Je m’imagine très nettement tout dévaler sur le ventre au milieu d’un troupeau de phoques au premier faux pas. J’ai aussi l’occasion de penser à une vision que j’ai eu quelquefois l’occasion de méditer depuis l’arrivée de l’hiver anticipé à Tromsø : celle d’un film d’horreur où la victime aurait à échapper à son poursuivant, sur le verglas. Ils avanceraient ainsi tous deux à une vitesse approchant des deux à l’heure, extrêmement attentifs à chacun de leurs pas, dans un suspens perpétuellement entre le tragique de l’angoisse (telle la petite greluche de La Nuit du Chasseur qui avance à deux à l’heure alors que le méchant prêtre avec les tatouages sur les doigts il va venir tabasser sa charmante petite tête en noir et blanc) et le ridicule. Dans mon imaginaire, cette scène vient s’inscrire dans la série des Real Life Movies, avec celle des mecs qui arrivent à la rescousse de leur pote en bagnole et lui balance « monte, vite ! » alors qu’ils ont une trois portes et sont tous les deux assis à l’avant. C’est sûr que c’est tout de suite moins la classe que dans Wanted.
Mais me voilà ainsi dans la forêt. Et s’il y a une chose qu’il faut savoir, c’est que cette putain de forêt enneigée réfère pour moi à une putain de conversation que j’ai eu avec ce putain de Rocky au sujet de putain de Silent Hill. Et qu’à présent je ne peux plus traverser ce bois sans avoir ça à l’esprit, en particulier depuis qu’Edward a adapté cette comparaison dans le court-métrage qu’il a réalisé pour Halloween. Je ne sais donc pas très bien si je dois me focaliser sur mes pas pour éviter de me retrouver toute cuite sur le dos ou si je dois rester attentive aux frêles silhouettes des arbres derrières lesquelles pourraient émerger celles, plus rachitiques encore, de zombies. Et me voici enfin, hors des arbres torturés, mon logement à l’horizon. Je me rapproche. Je me rapproche. J’y suis presque. Je me rapproche. Pan ! Pan ! Pan ! Retentit tout près de mes oreilles le bruit de coups de feu. Je mets trois pas avant de réaliser, c’est moi qui marche dans une méga flaque d’eau verglacée, impossible à distinguer si ce n’est dans mes chaussettes. Vite, vite, plus que quelques pas, l’escalier, est-ce que j’ai mes clefs, oh, enfin, le couloir, la chambre, me voilà…
La porte de ma chambre s’ouvre sur l’Apocalypse. Partout, des vêtements renversés, sur le sol, le lit ; des sacs éventrés comme si on avait cherché quelque chose. Dans la salle de bain, je retrouve une immonde boule de cheveux de la taille de mon poing, présage de mort. Je suis envahie par une immense vague de soulagement, en m’apercevant que tout est normal ici. Puis j’entame le brouillon de cet article. Fine idée entre 3 et 5h du matin. Petit à petit, la terreur s’empare de moi alors que je me remémore, que les liens sont mis au jour, que je vois cette logique implacable de la destruction mise en place autour de moi. La fenêtre me terrifie, je ne cesse de tirer les rideaux. Les craquements du préfabriqué, autrefois normaux, se font à présent menaçants. Seule la chasse d’eau tirée par un voisin vient me réconforter. Mais cette fenêtre… cette fenêtre… elle me terrifie, je peux sentir une présence au-dehors, celle du Leprechaun qui m’observe. Il est dans mon placard aussi, que je verrouille. Je n’ose pas même enlever mes lunettes le temps de quitter mon T-shirt. Pour une fois, je renonce à la tactique préconisée par Sheldon de dormir les pieds près de la porte en cas d’irruption d’un voleur : le Mal vient de dehors. De la fenêtre. La fuite sera ainsi plus aisée.

J’ai survécu à cette nuit. On a dû veiller sur moi. Mais le combat n’est pas fini. Je suis actuellement seule, au sous-sol d’un bâtiment, entourée de baies vitrées. Celle derrière moi donne sur la nuit obscure et les silhouettes des bus qui passent de temps à autres. Parfois d’autres silhouettes… Le Veilleur de Nuit ne s’est toujours pas manifesté à moi, je ne dois pas avoir le don. Il me faut rentrer, sur ce campus encore une fois abandonné : c’est cette nuit la soirée d’Halloween, tous préparent leurs déguisements les plus affreux et les plus sluttys. Je vais encore une fois devoir affronter la nuit seule, dans ces couloirs déserts et tous entremêlés sous terre. Et cette fois, j’ai un handicap pire encore : des chaussures à semelle lisse. Des choses louches se passent ici, Tromsø est peuplé de créatures. J’ai vu les vampires. Edward, et β-carotène et son allergie au soleil. Je suis entourée de mes reflets. Je redoute l’instant où l’un va dévier de mes gestes et, à peine visible dans mon corps tout paré de noir, va tenter me tuer. La route est longue et semée d’embûches. Je ne suis en sûreté nulle part. Je ne peux compter sur personne. Et si j’étais enfermée dans la bâtisse ?

Je dois partir, il est l’heure. L’heure de quoi me direz-vous ? Priez juste pour que ce ne soit pas celle de ma fin.


Voilà qu'un sifflement s'élève...
Des craquements.
Il approche.

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